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Le temps des ballons !

la chronique aeronautique de michel polacco
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Alerte aux ballons chinois pour le Pentagone !

15 février 2023

Qui l’eût cru ? Quelques ballons venus de Chine (ou d’ailleurs) sèment la panique en Amérique. S’agit-t-il de préparatifs pour une sorte de 11 septembre bis ? Quel piège se cache derrière ces aérostats, plutôt différents les uns des autres, et faciles à détruire comme l’a démontré l’US Air Force en déployant, même au Canada, ses F22 Raptor, fleurons de sa panoplie d’appareils de supériorité aérienne et de chasse à l’intrus. Et Bang, un Sidewinder dans le ballon ! Boom, il se désagrège et Bing, il tombe. Plus qu’à ramasser dans l’océan les débris pour les analyser puisque du ciel, les RC135 et même un U2, oui, ils volent encore, n’ont pas pu en tirer d’informations satisfaisantes.

Puis de jour en jour des ballons, apparemment plus petits, se sont succédé. Survolant le Canada de prime abord, dans certains cas. Premier souci : le NORAD* n’a rien vu venir. Mea culpa des militaires américains. Un trou dans la raquette qui laisse passer les ballons. Affolement. Paranoïa ? Et éclats politiques : le Président Biden ne protégerait pas le ciel de l’Oncle Sam, comme l’eut fait, dit-il (Trump) son prédécesseur ? Comment départager les risques avérés et les risques supposés ?

Donc les américains ont tiré. A chaque fois, pas toujours à très haute altitude. Le premier fut touché vers 60.000 pieds, le troisième plutôt vers 14.000. Rien à voir en terme de difficulté ni de performance potentielles de ces ballons. Ballons espions, ballons météo, ou un assortiment. Les chinois ont revendiqué le premier, le deuxième également, prétextant des vents défavorables. Mais l’excuse ne convient pas vraiment. Le premier était fort grand, 60 mètres de haut, beaucoup pour un ballon météo. Muni de panneaux solaires et même d’une petite hélice, sans doute couplée à un moteur électrique, offrant éventuellement quelques capacités d’inflexion de la trajectoire. Mais rien qui soit de puissance suffisante pour parler d’un « dirigeable ». Ils devaient déposer un plan de vol, respecter les règles de la circulation aérienne, et en cas de souci, publier un NOTAM*, afin d’avertir les utilisateurs du ciel de leur présence et d’un danger. Il y a la à infraction caractérisée.

Les suivants, également venus du Pacifique, étaient plus petits, avec une « charge utile », ou nacelle de quelques mètres. Quel intérêt militaire ? Sans doute aucun. En tout cas que l’on perçoive à ce jour. Intérêt politique, ou problème politique : c’est sûr ! Car la crise s’est envenimée avec la Chine. Déjà bien engrenée avec Donald Trump jadis, puis relancée avec l’affaire de Taiwan, il y a quelques mois. Pour les USA, cela fait bien des fronts politiques, et même militaires avec l’Ukraine et la Russie.

S’agissant peut-être de ballons météo, il est vrai que de nombreuses nations en utilisent pour sonder l’atmosphère. Cela complète les stations au sol et les satellites pour un coût faible. Mais ces ballons, auxquels ont est habitués sont de taille réduite et sinon, signalés par les publications.

Cette affaire de ballons, en haute ou très haute altitude est-elle une semonce après les déclarations remettant en cause la « propriété » par chaque état de la totalité de son espace aérien. Défini comme allant du sol à l’altitude ou le vol d’aéronefs n’est plus possible, et où donc commence la possibilité de satellisation, donc avec une vitesse de l’ordre de 28.500 km/h* ce qu’aucun avion hors navettes spatiales ne peut atteindre. Le record du monde d’altitude atteint par un avion est toujours détenu par le X15, 107,960 km/h le 22 aout 1963. C’est on peut dire l’altitude de fin de capacité de vol par sustentation. Il est vrai que les attributions de propriété de l’espace aérien ont été définies de manière « floue ». Scientifiquement, c’est bien la limite supérieure de vol des aéronefs. Placée aux alentours de 110/120 km. Sur ce point pas de débat. Lorsque les Soviétiques ont lancé le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1, en 1957, les américains ont été autant affolés qu’humiliés que le puissant bloc de l’Est, en pleine « guerre froide » possède cet avantage notoire de pouvoir surveiller « depuis l’espace » leur territoire en toute légalité. La Convention de Chicago en 1944 avait attribué l’espace aérien de chaque pays comme lui étant propre, et donc inviolable, jusque-là, faute également de capacité techniques, la règle était respectée. De fait. Et ils se sentaient à l’abri. Mais après Spoutnik, et alors que la course aux armements nucléaires avait commencé, les américains ont mis au point un avion incroyablement performant : le U2 de Lockheed. Qui vole encore. Qui a même servi à aller inspecter certains ballons ! Cet avion qui a violé le 1er mai 1960 l’espace aérien de l’URSS et s’est fait abattre près de Sverdlovsk et Plesetsk, par un des premiers missiles sol/air performants, le SA2 (S-75 Dvina pour l’URSS). Peu après 3 autres U2 seront détruits. L’affaire soviétique aura un retentissement terrible. Le pilote Gary Powers qui ne s’est pas suicidé comme prescrit est fait prisonnier. Il sera échangé contre l’as de l’espionnage soviétique Abel. 3 autres U2 seront abattus peu après, dont l’un en Chine et un à Cuba lors de la crise !

Après cela, l’affaire est entendue, plus d’incursion dans les ciels ennemis. Les effet politiques et médiatiques sont trop lourds. Reste l’Espace. En 1967, le Traité de l’Espace, justement va réglementer l’usage des armes dans l’espace. Ce traité interdit de placer des armes dans l’espace et à ce titre « définit » l’espace. C’est bien l’altitude de satellisation. Respecté jusqu’aux années 2000 il commence à être contourné par la capacité à mener la guerre dans l’Espace depuis l’espace aérien, en tirant des missiles sur des satellites. Américains, Chinois et Russes l’ont fait et ont montré l’effroyable pollution que cela entraine en termes de débris. Mais ça y est, les outils militaires de l’espace sont devenus des cibles, ils auraient sans doute, si ce n’est déjà fait, leurs propres défenses.

En complément de la Convention de Chicago de 1944, du traité de l’Espace de 1967, la FAI, Fédération Aéronautique Internationale, pour des raisons d’organisation, fixe la limite de l’Espace. Elle est suivie sur cette voie par la NASA américaine. En effet, si les pilotes d’aéronefs qui volent en dessous de 100/120 km d’altitude peuvent se revendiquer d’avoir volé dans l’Espace, nombreux sont ceux qui vont être qualifiés d’astronautes. En tête les pilotes de X15 ! On adopte donc ce qui s’appelle la « Ligne de Karman » qui correspond à la définition présentée plus haut et sépare le ciel de l’Espace, par les limites du vol et de la capacité à satelliser.

Ainsi, quelques textes, quelques avis, quelques usages, et quelques situations politiques critiques ont amené à respecter l’entier espace aérien de chaque pays jusqu’à son altitude la plus haute. Et cela n’a pas posé de problèmes car la totalité des avions commerciaux vole au maximum à 20.000 mètres (Concorde, le plus haut), les chasseurs dépassent rarement 30 km, ensuite leurs performances sont plus qu’amoindries. Même le U2 américain toujours sur la brèche ne dépasse guère les 70.000 pieds, soit moins de 30 km. Et en dessous, il y a eu bien des violations, mais peu de pays concernés étaient capables de les détecter, ni d’identifier les pirates, (avions ou missiles de croisière) et encore moins de les détruire. La France en ce domaine, comme les USA ou la Russie ne s’est pas privée d’en jouer.

Mais les technologies ont fait des progrès. La zone d’altitude entre 30 et 110 km devient utilisable par des drones modernes, des ballons relais de transmission ou d’observation et, oui et, les missiles hypersoniques en tir tendu qui font leur apparition. Armes redoutables et presque impossibles à intercepter. Pour l’heure seule la Russie semble en disposer.

Ainsi, les USA, et dans la foulée la France, qui avance vite sur ces projets hypersoniques, veulent se créer des « possibilités » non conflictuelles, de circuler dans cette tranche haute de l’Espace Aérien. Bien sûr c’est à titre de défense de ses intérêts et de sa sécurité, en premier lieu, comme l’affirmait le Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air et de L’Espace, en janvier, le Général Stéphane Mille. Mais on enfonce un coin. En plaidant un vide juridique qui est dû à l’absence de capacité à utiliser la très haute altitude autrefois. Jeu dangereux. Qui d’une part nous prive de protester si d’autres, comme les Russes, procèdent ainsi, et nous conduit à prendre des risques diplomatiques et politiques, voire militaires, puisqu’il s’agit d’une remise en cause unilatérale, d’un usage établi et d’un équilibre salutaire.

Alors, les Chinois ont-ils voulu en pénétrant vers 65/70.000 pieds avec des ballons, provoquer les américains, les amener à faire feu, et donc à s’opposer à l’emploi non autorisé d’un espace aérien qui n’est pas le leur ? Pas impossible. Certains ballons viennent-t-ils de Russie ?

Les Chinois comme les Russes possèdent des satellites d’observation de différents modèles qui leur apportent c’est sûr toutes les informations sensibles qu’ils désirent. Employer des ballons, lents, visibles, vulnérables et assurés d’être détruits n’a pas beaucoup de sens. Alors entre l’erreur et la provocation, difficile de trancher.

La mode revient aux ballons. Les aérostats, car générant leur propre sustentation. Pour la dissuasion nucléaire française, quatre ballons relais de communication sont, ou plutôt seraient en charge des communications stratégiques en cas de rupture des autres modes prévus. Ils remplacent, discrètement les quatre anciens C160 Transall Astarté à qui cette tâche était dévolue. En Afghanistan, les américains ont tenté d’utiliser des ballons captifs pour des missions ISR (de surveillance) de longue durée. Le ballon peut stationner longtemps au même emplacement, et en mission secondaire servir de relais pour des opérations spéciales. Les Israéliens ont également des projets en ce sens et les allemands en utilisent un au Niger au profit de leurs forces stationnées dans le pays. Mais l’aérostat est très vulnérable. Il ne peut pas s’échapper. On se souvient des récits de la guerre de 1914/1918 ou les allemands d’alors en utilisaient avec des guetteurs. Dès l’arrivée de l’aviation, dés attaqués, les occupants sautaient en parachute avant d’être détruits par les armes rustiques des avions également rustiques de l’époque. Les ballons français Caquot ont été vite abandonnés également. Les missions de transport de fret envisagées, pour Airbus, (à l’époque les ensembles de l’A380) pour l’ONF (et le transport de bois) n’ont jusqu’ici pas débouché sur des usages réguliers. Les tests pour la détection des feux n’ont pas encore débouché non plus. Le temps de la bataille de Fleurus où un ballon à hydrogène a fait ses débuts aux cotés des troupes françaises, et à leur profit n’est peut-être pas révolu !

En tout cas, le combat disproportionné entre le ballon et le F22 Raptor restera dans les annales, comme celui des F14 Tomcat contre les « Zéro » japonais dans le film Nimitz.

Michel Polacco

*NORAD : North American Aerospace Defense Command, soit le Commandement de la défense aérospatiale de Amérique du Nord est une organisation américano-canadienne située à Colorado Springs.

*28.500 km/h, la « première vitesse cosmique » définie par Constantin Tsiolkovski qui vers 1883 présentait dans son ouvrage « L’Espace libre » les concepts fondamentaux pour la construction de fusées à réaction comme unique moyen de quitter la gravité terrestre. Ce sera plus tard la définition de la « Ligne de Karman ».

*NOTAM : De l’anglais « notice to airmen », « messages aux navigants aériens ». Informent quotidiennement les usagers de l’Espace Aérien de toute modification réglementaire, technique ou danger lié à la navigation aérienne.