Ariane 6, le nouveau lanceur lourd européen, a effectué son premier vol depuis le Centre spatial guyanais le 9 juillet à 16h00 heure locale (20H00 heure de Londres, 21h00 heure de Paris).
Dernier né de la famille des lanceurs européens Ariane et successeur d’Ariane 5, Ariane 6 est un lanceur modulaire et polyvalent, capable d’atteindre aussi bien l’orbite terrestre basse que l’espace lointain.
« Le lancement d’une toute nouvelle fusée est un événement rare dont le succès est loin d’être garanti. Assister à cet événement historique qu’est le décollage – réussi – du lanceur européen Ariane de nouvelle génération, grâce auquel l’Europe va retrouver son accès à l’espace, est pour moi un grand privilège », a déclaré Josef Aschbacher, Directeur général de l’ESA.
« Un vol inaugural est l’aboutissement d’un immense projet pour lequel des milliers de personnes ont travaillé sans relâche pendant des années ; la parfaite réussite de ce premier vol illustre le dévouement de ces personnes et démontre l’excellence des compétences techniques de l’Europe. Je remercie du fond du cœur les équipes de l’ESA, du CNES, d’ArianeGroup et d’Arianespace pour les efforts déployés afin de parvenir à ce résultat. J’adresse également mes sincères remerciements aux États membres de l’ESA, sans lesquels le programme Ariane 6 n’aurait pas vu le jour, pour leur soutien constant. Cela n’a pas toujours été facile, mais leur persévérance a été payante. »
Ce vol inaugural – baptisé VA262 – est un vol de démonstration destiné à tester la capacité du lanceur à s’extraire de l’attraction terrestre ainsi que son comportement en vol. Néanmoins, plusieurs charges utiles ont pris place à bord.
À 17h06, soit une heure après le décollage, la première série de satellites embarqués sur Ariane 6 a quitté l’étage supérieur de la fusée pour rejoindre une orbite à 600 km de la Terre. Des satellites et des expériences développées par diverses agences spatiales, entreprises, instituts de recherche, universités et jeunes professionnels figurent parmi les passagers de ce premier vol.
Ce premier vol a, non seulement permis de démontrer l’aptitude au vol de la fusée, mais aussi de tester le pas de tir et la séquence des opérations au sol au Centre spatial guyanais. La nouvelle zone de lancement spécialement conçue pour Ariane 6 et réalisée par le Centre national d’études spatiales (CNES) permet une rotation plus rapide entre deux lancements.
À l’occasion du lancement, Philippe Baptiste, Président-Directeur général du CNES, a déclaré : « Ce premier lancement réussi d’Ariane 6 redonne enfin à l’Europe sa capacité d’accès à l’espace. Aussi intense que soit mon émotion en cet instant, je pense d’abord à toutes les équipes qui, à Kourou, Paris, Vernon, Les Mureaux, Toulouse, Brême, Lampoldshausen, Liège, Barcelone, Collefero, Zurich et ailleurs en Europe, ont contribué à ce succès. Je tiens à exprimer toute ma gratitude aux membres du personnel du CNES, de l’ESA, d’ArianeGroup, d’Arianespace et de nos sous-traitants pour l’engagement dont ils ont fait preuve, en particulier au cours des derniers mois, qui ont été éprouvants. L’Europe peut être fière de son programme spatial, l’Europe peut être fière de son savoir-faire et de son expertise. Préparons ensemble l’avenir des lanceurs et du spatial. »
Ariane 6 a été réalisée sous la maîtrise d’œuvre d’ArianeGroup, également autorité de conception du lanceur. « Avec le succès du vol inaugural d’Ariane 6, nous ouvrons un nouveau chapitre pour le spatial européen », affirme Martin Sion, CEO d’ArianeGroup. « Ce lancement historique témoigne de l’engagement sans faille de nos équipes et partenaires que je tiens à remercier chaleureusement pour cette réussite qui rejaillit sur l’ensemble de l’industrie européenne. Voir le nouveau lanceur européen s’élancer vers l’Espace marque l’accomplissement d’une aventure technique et technologique exceptionnelle et le début d’une longue histoire autour de l’exploitation d’Ariane 6. Les prochains modèles de vol sont déjà en cours de production et les étages de la seconde Ariane 6 rejoindront le Centre Spatial Guyanais cet automne en vue du premier vol commercial ».
À suivre : démonstrations technologiques, désorbitation contrôlée et séparation des capsules
Avec la mise en orbite de ses satellites, Ariane 6 a accompli l’essentiel de sa mission, mais pour les équipes au sol le travail est loin d’être terminé. Dans l’heure qui vient, le moteur Vinci qui équipe l’étape supérieur d’Ariane 6 devra faire une nouvelle démonstration de sa capacité à redémarrer à l’aide de son groupe auxiliaire de puissance (APU) innovant. Cette capacité de redémarrage permettra à Ariane 6 de larguer de multiples satellites sur différentes orbites lors de ses futures missions. Elle lui permettra également de procéder à la désorbitation de son étage supérieur en fin de mission afin de limiter la production de débris spatiaux.
Lors de cette première mission, l’étage supérieur d’Ariane 6 doit larguer deux capsules de rentrée au moment d’entamer son retour dans l’atmosphère pour se désintégrer sans danger, ne laissant ainsi aucun débris en orbite.
Le prochain lancement d’Ariane 6 aura lieu dès cette année et marquera le début de l’exploitation commerciale du lanceur sous la responsabilité d’Arianespace, opérateur et fournisseur de services de lancement. « Le succès de ce premier vol marque le début de la carrière opérationnelle d’Ariane 6, au service de l’autonomie d’accès à l’espace de l’Europe », a ajouté Stéphane Israël, CEO d’Arianespace. « Le carnet de commandes d’Ariane 6 est la preuve de sa polyvalence et de sa capacité à accomplir un large éventail de missions vers toutes les orbites. Il témoigne de la confiance que les clients accordent à Ariane 6 tant pour les missions institutionnelles que commerciales. Nous sommes impatients de commencer à exploiter notre nouveau lanceur ».