De 2019 à 2022 le secteur de l’aviation d’affaires a connu des années historiques. L’aviation privée a séduit une nouvelle clientèle durant le Covid. Les chiffres du secteur de l’aviation d’affaires, en 2023, annonce des niveaux jamais atteints. Après une période de turbulences et un ralentissement de l’activité fin 2022, tous les acteurs du marché de l’aviation d’affaires ont les yeux rivés sur les tendances de 2023. 2023 sera-t-elle l’année du take-off pour l’aviation d’affaires ou la poursuite de sa croissance ? Quel est le bilan de l’année 2022 pour ce marché de niche ? Quels sont les enjeux de demain pour les avionneurs, les compagnies et les brokers ? AEROAFFAIRES dresse un état des lieux de l’année 2022 et partage les tendances qui se dessinent en 2023 pour l’aviation d’affaires.
Une année 2022 atypique pour le secteur de l’aviation d’affaires :
Une demande de vols privés historique en 2022.
WingX, spécialiste des données aéronautiques, vient de révéler les chiffres mondiaux de l’aviation d’affaires. C’est une hausse de 10 % que l’aviation d’affaires mondiale enregistre en cette fin 2022. En Europe, le marché de l’aviation d’affaires s’est très bien porté. En effet, l’EBAA (European Business Aviation Association) annonce une hausse de 11,8 % par rapport à l’année 2021. Ce sont 793 152 vols qui ont été enregistrés cette année en Europe. Malgré ces bonnes performances, les acteurs du secteur (courtiers aériens et compagnies aériennes) notent une décélération. Elle est estimée à 13,6 % depuis octobre 2022. Ce ralentissement ne doit pas inquiéter. C’est un phénomène commun aux 3 précédentes années. Non, le jet privé n’est pas mort.
On retrouve l’aéroport de Paris Le Bourget en tête du classement des aéroports les plus dynamiques en Europe. Il enregistre une hausse de son trafic de 24,1 %, selon EBAA. Les aéroports de Londres (Farnborough et Luton), ainsi que ceux de la Suisse (Genève Cointrin et Zurich) font également partie des aéroports les plus dynamiques en 2022. Enfin, l’aéroport d’Istanbul-Ataturk intègre la 10e place avec une hausse de 17,6 % de son trafic en 2022.
Le marché de l’aviation d’affaires secoué par le phénomène de « jet bashing » :
Alors que l’été bat son plein en Europe, le jet bashing s’est invité à la fête en cet été 2022. La polémique autour de l’utilisation des jets privés a enflé sans crier gare. Certains politiques ont mis le feu aux poudres en proposant de réguler, taxer ou même interdire les jets privés. Des acteurs du secteur de l’aviation d’affaires ont pris la parole pour défendre cet outil de production. L’occasion était belle d’expliquer l’intérêt de ce type d’aviation et de dire non au « Flygskam », la honte de voler. Ça a été le cas d’Isabelle Clerc, CEO d’AEROAFFAIRES qui a été invitée par les plus grands médias. Ainsi M6, TF1, ou BFM, lui ont donné la parole. Elle a pu expliquer la nécéssité de la pérennisation de l’aviation d’affaires, source de productivité pour ceux qui l’utilisent.
Le jet bashing consiste à critiquer l’utilisation d’avions privés, généralement pour des raisons environnementales. Les critiques soutiennent que l’utilisation excessive d’avions privés contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à la pollution de l’air, et que cela est particulièrement irresponsable à une époque où les préoccupations environnementales sont de plus en plus importantes.
Un contexte économique et politique tendu, source de turbulences en cette fin d’année 2022 :
- Un conflit en Ukraine avec des répercussions négatives pour le secteur aérien :
La destruction de l’Antonov-225, avion-cargo mythique et stratégique ukrainien, a entraîné une série de sanctions à l’égard de la Russie.
Depuis le mois de février 2022, les interdictions de survol se multiplient. Initiés par les Britanniques, suivis par les USA, l’Europe, le Canada, l’espace aérien s’est progressivement fermer à tous les appareils russes. , les empêchant de survoler ces pays et continents, moyennant des sanctions. La Russie n’a pas tardé à répliquer en interdisant le survol de son territoire.
Cette guerre ouverte qui se joue dans l’espace aérien devient un véritable casse-tête pour les compagnies aériennes de l’aviation d’affaires. Elles doivent sans cesse retravailler les itinéraires de vols. Certains trajets sont rallongés, entraînant une hausse du prix des déplacements en jets privés.
- Une fluctuation du taux de change qui dessert l’aviation d’affaires.
Les compagnies aériennes sont fortement exposées aux fluctuations des taux de change. En effet, elles ont des coûts en devises étrangères et des revenus en devises locales. Le coût du carburant, les coûts d’achat des avions, les coûts de maintenance en sont des exemples. Les fluctuations des taux de change ont un impact significatif sur les coûts et les marges des compagnies aériennes.
Cette année 2022, le taux de change a été défavorable pour les compagnies aériennes. Aussi, elles ont vu leurs coûts d’exploitation augmenter, réduisant leurs marges bénéficiaires.
- Une exceptionnelle hausse du prix du carburant en 2022.
Le carburant représente environ 30 % des coûts d’exploitation des compagnies aériennes. En 2022, le secteur de l’aviation d’affaires a vu le prix du Kérosène exploser. Tout comme pour l’aviation commerciale, impossible pour ce secteur d’échapper à la répercussion de cette hausse sur le prix des vols en jets privés.
On estime la hausse du prix du pétrole à 80 % en 2022. Ainsi le prix du baril est passé de 75 dollars à 135 à son plus haut niveau. À cela, s’ajoute l’embargo européen sur les barils russes qui vient asseoir la hausse des carburants. Et cette tendance pourrait s’inscrire dans la durée pour 2023.
En 2023, l’aviation d’affaires face à de nombreux enjeux :
Regagner le cœur du grand public en misant sur des projets innovants :
Le jet bashing et la honte de voler se sont abattus sur le marché de l’aviation et plus particulièrement sur l’aviation privée. Dès lors, c’est tout un secteur qui doit justifier sa place et reconquérir un public qui n’est pas sa clientèle. C’est un exercice de style périlleux, que seule la communication et l’exemple pourront parvenir à réussir. .
Le grand public ne soit pas la clientèle de l’aviation d’affaires. Cependant, il a le pouvoir, par la pression qu’il exerce, d’influencer le comportement de la clientèle d’affaires ou privée. Les courtiers aériens, comme AEROAFFAIRES ou les compagnies aériennes le voient bien. Isabelle Clerc, CEO d’AEROAFFAIRES nous dit qu’« être propriétaire d’un jet privé n’est plus dans l’air du temps. On observe un nouveau comportement. Certains propriétaires délaissent leurs appareils au profit de la location pour plus de confidentialité. »
Pour reconquérir le grand public, les acteurs de l’industrie aéronautique ne lésinent pas sur leur communication. C’est par ce biais que les initiatives et les engagements des avionneurs au profit de la réduction de l’empreinte carbone sont mis au grand jour. Toute la filière aéronautique redore son image en investissant dans des programmes de reforestation, de rachat carbone. AEROAFFAIRES a été précurseur dans ce domaine en nouant un fort partenariat avec EcoTree.
On doit accorder un aspect bénéfique au jet bashing, celui de l’accélération de l’innovation. Les avions du futur font leur apparition. Ainsi, les nombreux projets « d’avions verts » comme le projet eVtol ont la cote ou 10 autres projets innovants. Du green, de la réduction d’émission de Co² voilà les grands enjeux des avionneurs pour 2023 et les années qui suivent.
L’importance d’accélérer l’utilisation des SAF au service de l’aviation, en 2023.
Le SAF (Synthetic Aviation Fuel) est un carburant de substitution. Il est fabriqué à partir de ressources renouvelables telles que les plantes, les algues et les déchets organiques. Il est produit par un processus de conversion de biomasse en carburant. Celui-ci peut inclure des étapes telles que la fermentation, la distillation et la catalyse. L’un des avantages les plus importants du SAF est qu’il réduit considérablement les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux carburants traditionnels utilisés dans l’aviation.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles l’utilisation de SAF est sous les feux des projecteurs. Elle est considérée comme une solution idéale pour réduire l’impact environnemental de l’aviation. C’est tout le secteur de l’industrie qui met ses espoirs dans cette nouvelle énergie. Tout d’abord, le SAF peut être produit à partir de ressources renouvelables. Cela signifie qu’il ne contribue pas aux émissions de CO² liées à l’extraction et à la raffinerie des carburants traditionnels. De plus, le SAF est considéré comme un carburant de remplacement compatible avec les moteurs existants. Il n’y a donc pas besoin d’investir dans des technologies coûteuses pour l’utiliser. Les avionneurs apprécient.
On estime qu’en 2050, 63 % du carburant sera à base de SAF. Cette croissance est due aux obligations qu’impose la Commission européenne au secteur aérien.
Cependant, il faut noter que la production de SAF n’est pas encore assez développée pour remplacer complètement les carburants traditionnels. Les coûts de production restent encore plus élevés que les carburants historiques. Il est donc important de continuer à investir dans la recherche et dans le développement. Cela, afin d’augmenter la production de SAF et rendre cette alternative plus accessible et compétitive.
La nécéssité de se tourner vers l’aviation verte : garantie de la pérennité de l’aviation d’affaires.
L’utilisation d’avions privés pour des déplacements professionnels contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à la pollution de l’air. Les entreprises et les individus qui utilisent des avions privés sont de plus en plus conscients de cet impact. Ils cherchent à réduire leur empreinte carbone en utilisant des avions plus éco-responsables et limitant le nombre de vols inutiles. C’est pour cette raison que l’industrie aéronautique doit s’adapter à cet enjeu, en proposant une aviation « verte ». L’aviation privée verte fait référence à l’utilisation d’avions privés qui ont un impact environnemental moins important que les avions traditionnels. Il existe plusieurs moyens d’atteindre cet objectif :
- Utilisation de carburants alternatifs : L’utilisation de carburants alternatifs comme le SAF ou l’électricité peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
- Amélioration de l’efficacité énergétique : Les avions verts peuvent utiliser des technologies qui améliorent l’efficacité énergétique. Le recours à des moteurs plus efficaces, des matériaux légers pour la construction des avions, et des systèmes de gestion de l’énergie avancés sont au programme.
- Optimisation des itinéraires : Les avions verts peuvent utiliser des technologies pour optimiser les itinéraires de vol. Cela leur permet de réduire les temps de vol et les distances.
- Optimisation des aéroports : Des grands noms de l’industrie aéroportuaires, comme EDEIS AEROPORTS ou Vinci AEROPORT s’investissent pour valoriser le respect de l’environnement au sein des aéroports. Les infrastructures sont repensées pour répondre aux enjeux environnementaux dans toute son intégralité. Edeis a mis en place un service GREEN BUILD’ing pour faire sortir de terre des aéroports verts.
En 2023, des tendances disparates pour l’aviation d’affaires pour l’UE et les Etats-Unis.
Une clientèle d’affaires qui devraient poursuivre le recours à l’aviation d’affaires.
Il est difficile de prévoir avec certitude quelle sera la clientèle de l’aviation d’affaires en 2023. Cela dépendra de nombreux facteurs tels que l’évolution de la situation économique mondiale et les restrictions de voyage liées à la pandémie de COVID-19. Cependant, on peut s’attendre à ce que la clientèle de l’aviation d’affaires continue de se diversifier. Comment ? A mesure que les entreprises de différents secteurs et tailles découvrent les avantages de l’utilisation d’avions privés pour des déplacements professionnels.
Il est probable que les grandes entreprises continueront d’utiliser des avions privés pour des déplacements professionnels. En effet, cela leur permet de gagner du temps et d’augmenter leur productivité. Les entreprises de tailles plus petites pourraient également être plus enclines à utiliser des avions privés. En effet, le développement des programmes de fidélisation s’accélère, comme la Flying Jet Card d’AEROAFFAIRES. D’autres pratiques, comme le jet privé fractionné et le partage de jet privé deviennent de plus en plus populaires et accessibles. En 2023, une des tendances qui se dessine pour le secteur de l’aviation d’affaires est le maintien de la demande d’une clientèle d’affaires convaincue des bienfaits de ce moyen de mobilité.
Le grand retour de la clientèle étrangère en Europe.
Ce sont de nombreux secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie ou encore l’aviation d’affaires qui espèrent le grand retour de la clientèle asiatique et américaine, en Europe en 2023.
Après 3 années d’une politique covid stricte, interdisant toute sortie du territoire, la réouverture des frontières chinoises est une excellente nouvelle pour l’aviation d’affaires. Ainsi, ce marché devrait voir la demande, depuis ou à destination de ces zones, augmenter. Une donnée à prendre avec prudence, étant donné la situation actuelle en Chine à l’égard du Covid. Les Chinois sont les clients qui dépensent le plus en matière de tourisme (255 milliards de dollars, seulement pour l’année 2019), contre 127 milliards pour les Américains.
Les acteurs de l’aviation d’affaires ont les yeux braqués sur ces deux continents qui pourraient venir tirer le marché du jet privé à la hausse. Les prochains mois vont être déterminants pour confirmer ces tendances 2023 sur le secteur de l’aviation d’affaires.
Une concentration et restructuration des acteurs du marché de l’aviation d’affaires.
Avec plus de 2 000 acteurs au service du secteur aérien et 449 000 emplois (en 2021) et étant donné le contexte mondial incertain, le marché, aujourd’hui atomisé, de l’aviation privée devrait poursuivre sa mutation en 2023. À l’image du rachat d’Air Hamburg opéré par VistaJet en 2022, les rachats et les groupements devraient se multiplier en 2023. Cette concentration des acteurs permettrait d’assurer la rentabilité de certaines compagnies aériennes. Ainsi, la hausse des coûts et l’optimisation des frais d’exploitation et de maintenance des appareils seraient mieux absorbées.
Des constructeurs aériens qui travaillent dur pour offrir des appareils toujours plus innovants, toujours plus performants.
Qu’il s’agisse de Boeing, Dassault ou encore Gulfstream, ces trois monstres de l’industrie aéronautique redoublent d’imagination pour se différencier. Cela leur permet de rester dans la course du marché du jet privé en 2023. Ils s’adaptent aux enjeux de demain, dévoilant des appareils :
- plus innovants
- plus performants
- allant toujours plus loin
- tout en étant moins gourmands en termes de carburant et d’émissions de carbone.
Ainsi, en 2021 le Falcon 10X a fait son apparition, suivi de près par son concurrent le G800 de Gulfstream. En 2022, c’est Bombardier qui s’est fait remarquer avec l’annonce de la sortie du Global 8000. La production et la livraison de jets privés sont donc des tendances, en 2023, qui devrait se confirmer sur le marché de l’aviation d’affaires. Ainsi, ce sont toujours plus de bijoux technologiques qui devraient intégrer la flotte d’appareils disponibles à l’aviation privée.
Une prévision à la hausse du marché de l’aviation d’affaires aux USA.
Selon Meeting Spotlight, ACJ (Airbus Coporate Jet) a enquêté auprès de 100 cadres supérieurs américains, sur les tendances 2023 pour l’aviation d’affaires. Ces entreprises justifient d’un chiffre d’affaires supérieur à 500 millions de dollars. Des PDG, des directeurs financiers, des directeurs de conseils d’administration ou des cadres supérieurs ont répondu à cette enquête. Cette étude révèle qu’en 2023 le marché de l’aviation d’affaires devrait continuer à bien se porter. En effet, conquis, 89 % des interrogés estiment qu’ils réutiliseront les services de l’aviation d’affaires en 2023. Ils reconnaissent être devenus « dépendants » de ce moyen de mobilité, depuis la crise du Covid 19, qui leur permet un véritable gain de productivité par rapport à l’aviation commerciale classique. Aux Etats-Unis, la tendance de la demande de vols privés sera visiblement bonne pour l’aviation d’affaires.
Quelles conclusions tirer des tendances 2023 de l’aviation d’affaires ?
Comme le montre toutes ces tendances, l’année 2023 réserve bien des surprises au secteur de l’aviation d’affaires. Entre un contexte géopolitique tendu, une économie mondiale perturbée et des matières premières en hausse, l’Europe espère le retour de la clientèle asiatique et américaine pour tirer vers le haut les demandes de vols en jets privés en 2023. L’aviation d’affaires a plus d’un tour dans son sac pour redorer son image et continuer à s’inscrire dans le paysage de la mobilité de demain. Pour AEROAFFAIRES 2023, sera l’année de l’accélération du « green ». En effet, l’entreprise de courtage aérien va redoubler d’efforts en proposant systématiquement une offre d’avions plus écologiques (turbopropulseurs ou avions utilisant le SAF). Enfin, l’entreprise, pionnière dans l’engagement en faveur de l’environnement, va continuer d’engager ses clients à travers le programme EcoTree et l’investissement de ses clients dans des forêts françaises.
Source aeroaffaires.fr