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Ukraine, guerre et nucléaire !

La Chronique Aeromorning de Michel Polacco
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Stop war ukraine nucléaire

20 mars 2022

Vent de panique dans les foyers en février de cette triste année : le mot nucléaire vient s’accoler aux propos qui accompagnent les débats sur la guerre en Ukraine. Une folie ! 30 ans après la fin de la Guerre Froide, 30 ans après que les nations apaisées aient touché les « dividendes de la paix ». Nucléaire : cela nous ramène aux origines, avant même qu’existe la notion de « Dissuasion », alors que la seconde Guerre Mondiale n’en finissait pas, face au Japon, malgré des bombardements gigantesques comme ceux des 9 et 10 mars 1945 sur Tokyo qui alors avaient vu larguer plusieurs dizaines de milliers de tonnes de bombes, et provoqué plus de 100.000 morts, et plusieurs millions de déplacés, sans faire fléchir l’Empire d’Hiro Hito !

A cette époque, aux USA, des savants venus d’Europe, du Canada et leurs collègues américains venaient juste de mettre au point la bombe A. La première arme nucléaire juste testée dans le désert d’Alamogordo, était une arme à fission de l’Uranium. Sa puissance : 15 Kt, soit 15.000 tonnes de TNT. Moins finalement que ce qui tomba sur Tokyo en mars. Mais cette seule arme, devenue ou appelée « Little Boy », d’un poids de 4 tonnes affichait à elle seule une gigantesque puissance, non compte tenu des radiations encore inconnues accompagnant son explosion.

Inconnue, donc, elle ne fut pas brandie comme une menace et à ce titre son usage sur Hiroshima le 6 aout 1945 n’a pas eu de rôle décisif. En revanche, c’est la seconde arme atomique « Fat Man », au plutonium, larguée sur Nagasaki 3 jours plus tard qui de puissance à peine supérieure (20 Kt) a fait prendre conscience de l’apparition de ces nouvelles armes à la puissance inimaginée. La puissance inouie d’une seule arme, la destruction des deux cités, la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes au premier choc, puis de milliers d’autres ensuite ont conduit l’Empereur du Japon à imposer à ses généraux sa volonté d’en finir avec la guerre, et conduit le Japon à capituler, devant les américains, (et non face à la Russie).

Deux bombes atomiques ont ainsi mis un point final à la monstrueuse boucherie que fut la Seconde Guerre Mondiale. Ce sont les deux seules armes nucléaires qui ont jamais été employées depuis la mise au point de l’arme atomique. Mais l’effroi, mondial au demeurant, qui en a découlé est à l’origine de ce qui allait devenir la « dissuasion nucléaire ».

Les essais de ces armes juste après-guerre, puis leur mise au point aux USA, puis en Union Soviétique (1949) et en Grande Bretagne (1952), ensuite en France (1960) et en Chine (1964) ont été complétés par la mise au point après la bombe A, à fission, par la bombe H, l’arme thermonucléaire, à fusion, bien plus puissante. Les essais nucléaires, observés par tous démontraient la gigantesque puissance des nations concernées. Cette capacité meurtrière a convaincu le monde que les humains avaient mis au point l’Arme de la fin du Monde. L’arme absolue.

Et après la constitution d’arsenaux à l’Ouest et à l’Est, l’entrée parfois discrète de nouveaux pays dans le club fermé des puissances nucléaires, il est devenu évident que ce devait être une arme de « Non Emploi ». Donc une arme de dissuasion, dont la signification de l’usage par un belligérant, entrainerait de fait la destruction des autres belligérants ! Ce fut la position de la France. De De Gaulle.

Les penseurs de guerres et de stratégies ont découvert de part et d’autre, des pensées et des philosophies d’emploi …. Ainsi la France à défini par la voix du Général de Gaulle le concept de « dissuasion du faible au fort » : Point n’est besoin pour un pays modeste de posséder des milliers d’armes, s’il peut assurer un éventuel agresseur qu’il saura lui faire subir des dommages intolérables. Et qu’il est « crédible » avec ses Sous Marins Stratégiques Lanceurs d’Engins tapis au fond des mers et introuvables, ses avions munis de bombes puis de missiles nucléaires, et ses armes diverses de « gesticulation » destinées à matérialiser sa volonté.

Mais le « glacis » de la guerre froide, la multiplication inouïe du nombre des têtes nucléaires, et de leurs vecteurs, missiles sol-sol, missiles mer-sol, missiles air-sol, obus divers, que l’on a évaluées jusqu’à 27.000 dans chaque camp, avec une capacité de destruction quasi planétaire, ont logiquement rendu la guerre impossible entre les géants nucléaires. En revanche et sans référence à cette menace, cela n’a pas empêché nombre de conflits et de guerres, de face à face inquiétants comme à Berlin et autour du rideau de fer, comme au Viêt-Nam, en Corée, et lors de la plus grosse et grave crise Est-Ouest, à Cuba en 1962. Seul cas depuis 1945 où la menace d’emploi de telles armes a été soit envisagée, soit crainte, jusqu’à ce que la pression diminue, entre USA et URSS, au seuil de la déflagration.

A compter de là, un téléphone Rouge reliait Moscou et Washington. Les géants se sont fait peur. Et puis les missiles ont considérablement gagné en portée, atteignant 10.000 km et passant par le pôle Nord ! Et en vitesse donc : 30/45 minutes ! En même temps, à compter de ce moment, l’américain Mc Namara prônait clairement une riposte « graduée » qui rendait l’usage possible et progressif, local, modéré au départ des armes nucléaires ! Message aux soviétiques : nous ne nous interdisons pas l’emploi d’armes nucléaires sans en arriver au conflit généralisé !

Qui peut croire à la sagesse des hommes ? Miniaturisées, ces armes se sont donc trouvé des usages possibles sur de petits théâtres de combat. Armes dites « Tactiques », armes Antiforces, et non Anti-cités, armes d’Ultime Avertissement, « Préstratégiques ». Les bombes à Neutrons. Etc. Même les français ont développé des armes « de théâtre » les missiles Pluton, puis HADES, mis au rencard en 1981 par François Mitterrand.

Depuis cette époque, après avoir grossi les arsenaux, l’atmosphère entre les deux géants s’est réchauffée. Puis des accords de réduction des armements ont été signés accompagnés de mesures de confiance assurant avec les pactes (OTAN, OTASE, Varsovie) que l’on marchait vers la paix. Tandis que dans le monde de nouveaux pays accédaient à la capacité nucléaire (Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord, Afrique du Sud (à détruit ses armes depuis) …), car après tout, la dissuasion est une bonne assurance de paix si l’on juge sur les décennies passées !

Nouvelle étape, l’Initiative de Défense Stratégique (SDI). Les USA par la voix du Président Reagan annoncent au début des années 1980 leur prochaine possibilité d’utiliser des moyens spatiaux en cas de conflit stratégique. « La Guerre des Etoiles ». Coût astronomique. Nécessités technologiques : inaccessibles aux Soviétiques (voire aux américains eux-mêmes). Mais cette annonce va participer à fracturer l’URSS dont l’économie est chancelante, et dont les américains font mine de connaître les secrets les plus intimes.

Puis l’URSS s’est effondrée en 1990. La menace d’armes spatiales a paru s’estomper. Un gigantesque désarmement nucléaire s’est produit. Réduisant l’échelle passée de 27.000 vers 7000 têtes dans chaque camp. Et les « dissuasions » ont réduit leurs effectifs et leurs budgets. Les conflits nouveaux, surtout liés au terrorisme ne semblant pas concernés par ce type de dispositifs. L’émergence de nouvelles nations nucléaires empêchant de poursuivre l’effort de réduction car la dissémination a créé des incertitudes ne permettant toujours pas d’imaginer raisonnablement un monde dépourvu d’arme atomiques.

Les frictions sur la planète n’ont donc plus conduit depuis 60 ans, et au moins 30, à prononcer le mot nucléaire à côté de celui de conflit. Du reste souvenons-nous, lors de la première Guerre du Golfe en 1991, François Mitterrand interrogé, alors que les SCUD de Saddam Hussein menaçaient les forces alliées, et Israêl, avait bien martelé : Il n’est pas question d’envisager l’emploi d’armes nucléaires. La messe était dite : Le nucléaire ne devait répondre (en frappe en second pour le France) qu’au nucléaire.

Et puis voici l’Ukraine. Le débat relancé sur les adhésions à l’Otan, alors que le pacte de Varsovie n’existe plus. La Russie qui juge cela comme une menace et qui préventivement, envahit cet ancien territoire de l’URSS. L’Ouest s’y oppose. Par des sanctions économiques et des livraisons d’armes. Mais voilà que le mot « nucléaire » est prononcé. Comme s’il était justifié ou raisonnable. Ce qui n’est pas le cas et pas de mise. Ce qui crée de l’angoisse et de la terreur de manière inutile. Il y a débat sur qui fut le premier. Je garde mon opinion ! Mais je le déplore. D’autant plus, étant français, que notre dissuasion n’est en aucune manière « intégrée » aux dispositifs nucléaires de l’Otan. Comme l’avait voulu le Général de Gaulle. Ainsi, ces mots* que je juge malheureux remettent en scène le besoin de dissuasion et de capacité à en user dans le débat diplomatique et stratégique. Qui sait ? Peut-être est-ce nécessaire de raviver la crainte des grands affrontements dans ce monde ou le nombre des acteurs de l’atome s’est multiplié ! Michel Polacco pour AeroMorning.

*Poutine : « la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues », interprêté ou lu par certains comme une menace d’emploi de l’armement nucléaire. Puis, Jean-Yves Le Drian, Ministre français sur TFI : « Poutine doit comprendre que l’Otan est une alliance nucléaire ». Le mot est laché !

A Lire :

· Au cœur des Forces aériennes stratégiques Opération Poker : un livre du général Bruno Maigret. Préface Hubert Védrine. Tallandier Ed. 2021.

· La dissuasion au troisième âge nucléaire. Pierre Vandier Ed du Rocher. 2018.

· Histoire secrète de la bombe atomique française. André Bendjebbar. Le Cherche Midi Editeur. 2000.

· Avions nucléaires français. De 1964 à nos jours. Hervé Beaumont. ETAI Ed. 2016.

· Les Bateaux Noirs. Amiral Bernard Louzeau. Jean Marie Chourgnoz. Editions Chournioz.
La dramatique histoire des sous-marins nucléaires soviétiques. Lev Giltsov. Ed Robert Laffont. 1992