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Hypersonique ininterceptable !

La Chronique Aeromorning de Michel Polacco
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15 avril 2022.

Consternation ! La Russie annonce le 18 mars, en pleine guerre en Ukraine, avoir fait usage successivement de deux armes hypersoniques* contre des cibles dans l’Ouest du territoire attaqué par les forces Russes. Une première mondiale, inattendue, comme ce fut le cas en 1957 quand l’URSS, bip bip à l’appui, annonça la mise en orbite du premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik-1. Prenant de court les américains si sûrs de leur suprématie après une guerre gigantesque et mondiale gagnée de longue haleine. Ils n’ont pas contesté et ont accusé le coup. Idem en Ukraine. Pourtant la fusée qui a lancé Spoutnik, et son satellite, pour atteindre cette vitesse de satellisation (Mach 20 ou 28.000 km/h) ont donc bien volé à vitesse hypersonique ! Mais en ce temps, les américains ont surtout lu dans cette première que les Soviétiques étaient capables de larguer une bombe atomique chez eux, à 10.000 km, en quelques dizaines de minutes, et qu’ils étaient les premiers dans l’espace. Un train de retard !

Cette fois-ci, cela confirme qu’ils ont encore un train de retard ! Car il ne faut pas négliger cet évènement militaire et technologique. Donc politique. Il bouscule les équilibres installés entre les grandes puissances. L’arme dispensée à vitesse hypersonique est impossible à intercepter, à l’image des têtes nucléaires des missiles balistiques stratégiques, également hypersoniques. Rien de nouveau donc depuis le lancement de Spoutnik. Sauf que, les armes stratégiques balistiques, extrêmement chères, n’ont pas vocation à servir. Elles relèvent de la dissuasion, du nucléaire. Tandis que les nouvelles armes classiques, véhiculées à vitesse hypersonique, oui. En cas de conflit. Rien ne l’interdit. Comme on vient de le constater.

Quelques pays travaillent ou développent des armes hypersonique de théâtre : La Chine, très avancée, l’Inde depuis 2020, la France (tests annoncés pour 2021…), les USA et la Russie, et l’on parle de la Corée du Nord ! Elles peuvent appartenir à trois catégories :

  • -Missiles de croisière volant au-dessous de 30/40 km d’altitude, lancés par exemple par des avions, à haute altitude et haute vitesse (cas du Kindal russe employé en Ukraine).
  • -Planeurs hypersoniques lancés par des missiles balistiques, gagnant ainsi une immense vitesse, seul le planeur revenant vers sa cible, dirigé, et pouvant être motorisé ou non, ce qui influe sur sa portée.
  • -Enfin il est également envisageable que l’ensemble balistique + charge, rejoigne la cible, comme autrefois les missiles V2 développés par les nazis, premiers objets spatiaux et supersoniques de l’histoire. Mais ce n’est pas semble-t-il dans les projets actuels.

Hypersonique ! Donc volant au dessus de Mach 6, ininterceptable, ayant une portée variable, de très courte (quelques dizaines de kilomètres) à très élevée (plusieurs milliers). Les Russes l’avaient annoncé. Ils étaient prêts. En mars 2018 le président Poutine avait lui-même déclaré devant son parlement que la mise au point réussie par son pays de ces armes insaisissables marquait « une date », au même titre que l’avait constitué la mise en orbite de Spoutnik-1 en 1957, ou en 1961 la promenade spatiale inouïe de Youri Gagarine. Glasnost !

Pourquoi ? Et en quoi les tirs de mars 2022 changent-ils la donne ?

Les armes hypersoniques se distinguent par deux capacités principalement : La vélocité et la manœuvrabilité, ce qui combiné rend leurs trajectoires imprévisibles.

-La vélocité : c’est une vitesse supérieure à Mach 6, ou 6 fois la vitesse du son, (6 fois 340 m par seconde, plus de 6000 km/h selon altitude et pression), ou beaucoup plus. Mach 20 au largage pour les vecteurs balistiques. Les missiles les plus rapides actuels, comme le porteur de l’arme nucléaire française mise en œuvre par les Rafale de l’Armée de l’Air et de l’Espace, et éventuellement de la Marine Nationale, l’ASMP-A-R (Rénové), ne dépassent pas mach 2 ou 3. C’est secret. Ils sont munis d’un propulseur appelé statoréacteur, dont l’invention et la mise au point doivent beaucoup à la France.

-La manœuvrabilité : ils sont capables de changements rapides et subits de trajectoires, malgré leur grande vitesse, ou grâce à elle, ce qui empêche toute interception.

Ils peuvent atteindre ces vitesses car ils sont constitués de matériaux composites qui supportent des milliers de degrés. Comme les corps de rentrée des armes nucléaires ou des vaisseaux spatiaux. On se souvient que l’avion fusée expérimental US constitué de titane North American X-15 avait « fondu » en 1967 en atteignant 1300° C à Mach-6 et n’a plus jamais revolé ensuite.

Les missiles hypersoniques sont destinés à tout type de missions : vers des cibles terrestres (blindés, radars, systèmes anti-missiles balistiques), aériennes (avions, hélicoptères, drones), marines ou sous-marines, voire des satellites en orbite. Ils représentent des coûts de développement et de production très élevés.

Ainsi, le possesseur d’armes hypersoniques, missiles ou planeurs, est assuré de passer les défenses adverses, et d’une certaine manière contourne la puissance ennemie, voir sa dissuasion nucléaire à terme. Ce qui rebat les cartes stratégiques et en tout cas tactiques.

Les Russes en tirant depuis des MIG-31 K des missiles de croisière hypersoniques Kindal, ont démontré qu’ils étaient en mesure d’effectuer des frappes assurées. Pourtant les cibles étaient d’un intérêt secondaire, et leur frappe possible avec des vecteurs classiques. Mais ce fut un geste éminemment politique. Bien plus que militaire. Et l’on sait de surcroit qu’ils ont quasiment achevé le développement des missiles hypersoniques pour la marine ainsi que des planeurs mis en œuvre par des armes balistiques : l’Avangard est de cette catégorie, avec semble-t-il une portée encore limitée à 2000/4000 km mais une vitesse en revanche au largage de l’ordre de Mach 20 ! Les USA et les pays de l’OTAN ont manifestement bien mal évalué les capacités Russes depuis quelques années. Etonnant aveuglement !

Les USA pour leur part disposent de 5 programmes de développement d’armes hypersoniques, un pour l’Air Force, missile qui serait tiré depuis des bombardiers B52 en vol, un pour équiper des sous-marins de l’US Navy, un pour l’Army, l’Armée de Terre, pour les combats terrestres, un autre enfin qui consisterait à changer le mode de propulsion d’un missile 6-1B de la Navy. Mais rien d’officiel en ce qui concerne les planeurs au vol balistique. Depuis les raids russes, un nouveau budget de recherche et de développement a été débloqué. Au demeurant, il est sûr que dans chacun des pays intéressés les travaux reprennent. Mais ce n’est pas si simple. Notamment en fonction des disponibilités de souffleries hypersoniques pour les tests (aux USA à ce jour l’attente est de un an !). En France, à l’ONERA à Modane, des travaux sont en cours dans la soufflerie S4 hypersonique. Ainsi que pour les porteurs balistiques chez Ariane Group. En Chine, il apparait qu’il existe une coopération avec la Russie sur ce domaine.

Ainsi pour conclure, le théâtre ukrainien n’est nullement dépourvu d’intérêts : renseignement de source spatiale, écoute et détection des dispositifs de communication et de détection que les Russes utilisent sans précautions apparentes, armes anti-char et antiaériennes légères, méthode de manœuvre des forces terrestres russes et dévoilement de leurs capacités de destruction par armes jusqu’ici jamais employées. La course aux armements reprend de plus belle avec cette guerre en Ukraine. Et ses victimes sont les otages d’intérêts qui les dépassent ! Des deux cotés, ou dans chaque camp, les populations mobilisées et inquiètes, minées par la peur d’une grande déflagration, adhèrent mieux désormais à l’idée de faire grossir notoirement les budgets de défense, (voir l’Allemagne) fortement réduits par les « dividendes de la paix » depuis 30 ans, après la chute du mur de Berlin. Et même, la nécessité de conserver et de moderniser les capacités de dissuasion nucléaire n’apparaissent plus insupportables dans les pays concernés. Les écologistes, de leur coté, doivent, par force, accepter que pour réduire les rejets et la dépendance aux énergies importées il redevient incontournable de relancer la production d’électricité nucléaire. L’Allemagne a finalement conservé 3 centrales en service, qui devaient fermer cette année. Et qui sait si les plus récemment fermées, en janvier, ne seront pas rouvertes ! Cette guerre en Ukraine permet à bien des industries occidentales, mais pas que, de reprendre des couleurs !

Michel Polacco. 15/04/22

* En aérodynamique, les vitesses hypersoniques sont des vitesses hautement supersoniques. En général supérieures à Mach 6, soit 6 fois la vitesse du son.

** La vitesse effectivement est née en France dans l’Aveyron : Charles de Louvrié, né à Campouriez a breveté en 1863 son pulsoréacteur, un nouveau type de moteur encore sans application. C’est au cours de la seconde Guerre Mondiale que les Nazis, parmi leurs armes spéciales on développé le V1, bombe volante au bruit si caractéristique, qui a martyrisé et terrorisé les populations de Londres et d’Anvers notamment.

En 1913 l’Ingénieur français René Lorin invente le statoréacteur, plus évolué que le pulsoréacteur. Mais là encore point d’usage. Car il faut atteindre de grandes vitesses pour démarrer ce moteur si simple sans aucune pièce mobile ! Le moteur à réaction ou turboréacteur, autonome, sera mis en œuvre par les allemands à la fin de la seconde Guerre Mondiale. C’est lui qui donnera la vitesse aux avions. C’est en 1946 que René Leduc peut enfin faire voler son prototype Leduc 010, (caché en France) équipé d’un statoréacteur de type Lorin. Une première mondiale. Il devrait être capable de très hautes vitesses, mais il faut le larguer depuis un avion porteur. Le statoréacteur demeure donc un long temps cantonné à un usage militaire, offrant des vitesses du haut supersonique, précurseur des vecteurs hypersoniques.

Liens :

***https://www.onera.fr/sites/default/files/actualites/breves/Dossier-presse_2.pdf