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Sauver l’Europe spatiale !

la chronique aeronautique de michel polacco
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C’était une belle histoire. Il faudrait que cela demeure, et que les soucis actuels ne soient que des aléas ou des péripéties. Qui aurait dit en 1973, quand la fusée Europa a affronté son dernier échec, sans aucun succès à son actif, que 25 ans après, grâce à Ariane, cette même Europe, mieux organisée pour concevoir et produire, serait le premier lanceur mondial de satellites commerciaux. 1979, pour noël, 1er tir d’Ariane 1. Succès. Et ainsi les lanceurs au départ du Centre Spatial Guyanais de Kourou, le CSG ont enchainé les réussites. Ariane 4 ayant été le lanceur le plus souple et le plus adaptable grâce à ses différentes configurations, aux besoins de placement en orbite des européens et de leurs clients souvent américains. Car c’était la course aux gros satellites, aux satellites puissants, à placer non pas à proximité de la terre, mais fréquemment en orbite géostationnaire pour nombre d’entre eux, à 36.000 km de notre planète. Que de bons moments j’ai passés à Kourou pour commenter des tirs ! Et voler à l’aéroclub voisin !

Ariane 5 a remporté de considérables succès également, mais dans un seul format, ou à peu près. Au total pour Ariane, dans ses différentes versions, avec ou sans propulseurs d’appoint, plus de 260 lancements, 305 satellites placés en orbite, sans compter les microsatellites…. Et peu d’échecs. Moins d’une dizaine. Avec de beaux records de longues séries sans aucune bavure.

Mais le temps a changé. L’heure est aux constellations de satellites, qui exigent de moins gros lanceurs. Et des milliers de minisatellites sont en vol, (des dizaines de milliers sans doute)et en passe d’être lancés. L’heure est aussi aux fusées dont un étage est récupérable et réutilisable. L’heure est également à la concurrence sauvage, d’une part, car nombreuses sont les nations capables, hors les USA, la Russie, et l’Europe, de placer des satellites en orbite, (Inde, Chine, Japon, Israël, Iran, Corée du Sud…), et de vendre ces services, et d’autre part parce que la dérégulation américaine (soutenue par la NASA)a permis l’émergence de géants, dont le mastodonte SpaceX, d’Elon Musk, qui tire à tout venant, pour bien moins cher, récupère la plupart des premiers étages de ses lanceurs et les réutilise, presqu’aussitôt, réalisant de substantielles économies. La « Longue Marche » chinoise, dans toute ses versions, capitalise également un bon nombre de clients.

L’Europe n’a pas embrayé assez vite. Avec 22 pays membres, l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne peine sous la lourdeur pour décider, les « temps » politiques complexes, les dissensions. On a traîné. Ariane 5exploitée à fond est arrivée au bout de son ouvrage en 2023, avec un seul et dernier tir. Pour l’Europe, 1 seul tir d’Ariane sur l’année 2023, et deux de Vega. C’est une débâcle. Le successeur Ariane-6 a pris 4 ans de retard, et si ce sera certainement un magnifique lanceur qui décollera de Kourou vers juin/juillet 2024 selon Ariane Group, Ariane 6 ne répondra pas à elle seule à toutes les demandes du marché. Ni en prix de revient, ni en compatibilité avec les besoins. Toutefois elle reprend la souplesse de configurations multiples d’Ariane 4. Mais il y aura la qualité, dirons-nous. La parade était prévue. Arianespace, qui commercialise les tirs européens, avait passé des accords avec l’Italien Avio, pour utiliser le lanceur léger Véga capable déplacer de petites charges (<3,5 T selon que LEO ou GEO orbite basse ou géostationnaire), depuis 2012, et avec les Russes et leurs historiques fusées Soyouz, pour les charges moyennes (5 à 10 T), également depuis Kourou, depuis 2011. Mais patatras. En deux ans, depuis 2022, tout s’est effondré. D’une part la guerre en Ukraine a coupé les ponts avec les Russes. Qui ont déserté Kourou avec leur remarquable lanceur, et d’autre part le lanceur Vega, dont un fournisseur majeur est ukrainien a fermé, a essuyé une série d’échecs. Vega redémarre très doucement. Mais, le bruit court que les italiens souhaiteraient faire « bande à part » et ne plus confier à Arianespace la commercialisation de leur véhicule. Du coup, plus de lanceurs en Europe, plus d’autonomie, si l’on excepte les 3 tirs de 2023, et anticipe 1 ou 2 tirs de Vega en 2024, et le premier d’Ariane 6. Et le commissaire Européen Thierry Breton a sollicité, ce qui a fait débat parmi les 26, des lancements par le Falcon 9 de SpaceX pour satelliser les GPS Galileo européens, annoncés ultra secrets, et qui seront, parait-il,placés sous très bonne garde à Cap Canaveral. Et ce ne sont pas les seuls satellites que des pays ou entreprises européennes confient aux américains, faute de disponibilité de lanceur en Europe. Retournement de situation.

Le sommet des pays de l’ESA, à Séville en novembre passé,a été l’occasion d’une démonstration de Zizanie. Montrant de lourdes divergences entre les pays maîtres de l’Espace Européen, France, Allemagne et Italie, et les autres, sur les projets communs et les intérêts individuels. Le journal La Tribune dans un article de Michel Cabirol titraitle8 novembre : « Lanceurs spatiaux : trois gagnants et un enterrement ». L’enterré étant la coopération Spatiale européenne. Berlin exige l’ouverture à la concurrence au sein de Europe spatiale pour l’attribution des marchés, ce qui sonnera le glas de la longue et difficile construction de l’organisation confiée à Ariane Group, et cela au mieux, dès la succession d’Ariane 6. L’ambiance ne va pas faciliter le travail en attendant ! Pourvu que l’Europe ne redevienne pas Europa ! Chacun faisait son morceau, son étage, et rien ne coïncidait. Et à chaque tir, tout cassait ! Un architecte industriel, une stratégie claire, des missions partagées selon les compétences des entreprises, une économie d’échelle, une taille critique, un management de qualité pour entrainer tout cela, ça a marché. Pourvu que cela dure.

En face, outre-Atlantique, SpaceX a effectué 61 lancements en 2022 et 96 en 2023…. Les américains ont repris la main sur l’espace commercial, perdu à cause des problèmes rencontrés par la navette spatiale, cela fait 40 ans ! La Chine en a fait 63 en 2023 ! Et son programme habité se déroule très bien. Les programmes lunaires s’ils tardent sont désormais sur les rails, tant aux USA qu’en Chine. L’Inde arrive à grands pas. L’Europe n’a pas de programme pour l’exploration humaine, sinon comme passager des américains. Puisqu’avec les russes c’est fini. Elle parvient à se proposer comme sous-traitant aux américains. De qualité.

Mais regardons notre source d’espoir : en ce moment les deux étages d’Ariane 6 (étage supérieur cryogénique intégré à Brême, en Allemagne, avec son moteur Vinci, et étage inférieur cryogénique assemblé aux Mureaux, en France avec son moteur Vulcain 2.1)cinglent toutes voiles dehors, à bord de Canopée (super navire à voile moderne et écologique),du Havre, venant de Brême, vers le port de Pariacabo, en Guyane. Le port maritime du port spatial de Kourou. Arrivée vers fin février, hissez Haut ! Le véhicule sera assemblé sur place, ses deux boosters(version Ariane 62)installés sur le pas de tir ELA 4. Puis le composite supérieur avec la coiffe, et ses satellites, sa charge utile, seront installés. L’enjeu est important. Nous allons tous suivre ce tir, en juin ou juillet avec foi, passion, et appréhension. Si Ariane 6 va bien, tout reste possible. Et il faudra arrêter de se chamailler.

La Chronique de Michel Polacco pour AeroMorning

Liens :

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/satellites-europeens-lances-par-spacex-la-terrible-defaite-de-l-europe-spatiale-937632.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_vols_de_SpaceX

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_vols_d%27Ariane