Le 10 septembre dernier, une fusée Soyouz, qui avait décollé du port spatial de Kourou en Guyane, a mis en orbite les satellites 9 et 10 de la constellation Galiléo.
A ce propos, je vous conseille de regarder sur le site de l’ESA les formidables images du lancement ainsi que celles de toute la préparation en amont du lancement de Galiléo. Elles sont formidables ces images, beaucoup plus qu’un même tir réalisé depuis Baïkonour au Kazakhstan, elles sont tout simplement pleines de vie, c’est ce qui fait la différence entre une foret habitée et un désert vide!
Le lancement a été parfait. La performance demandée au lanceur était d’environ 1601kg dont 1431kg représentait la masse des deux satellites Galiléo.
Ainsi donc, un pas de plus a été franchi pour le programme Galiléo, dont je rappelle qu’il a pour objet de développer un nouveau système mondial de navigation par satellite. Ce qui fait qu’à ce jour, le tiers de la constellation Galiléo est maintenant déployé, soit 10 satellites. Mais ce qui veut dire aussi qu’il reste encore les deux tiers – c’est-à-dire 20 – des satellites à mettre en orbite.
Alors il va falloir à nouveau patienter. Certes un calendrier de lancement est bien programmé. En décembre de cette année, un nouveau lancement est prévu toujours avec Soyouz. Ensuite, c’est Ariane 5 dans sa version ES qui prendra le relais avec une mission prévue au 2° semestre 2016. 4 satellites seront mis à poste en même temps, et ce n’est qu’en 2018 que la galaxie Galiléo sera au grand complet avec ses 30 satellites prêts à fonctionner.
En fait, le système Galiléo de positionnement par satellite souffre toujours d’une tare originelle qui lui a fait perdre 5 ans. On se souvient de l’immense bagarre au tout début du projet dans les années 2007. Problème de leadership, problème de divergence de vue entre les états, notamment entre l’Italie et l’Allemagne, difficultés de choisir un consortium. C’est finalement le commissaire européen français, Jacques Barrot, qui remettait Galiléo sur la voie du succès en imposant un statut unique. Galiléo est en effet la 1ère infrastructure commune produite par l’Union européenne qui en est, en plus, le propriétaire. Évidemment, toujours dans ces cas-là, le budget a explosé : 3,4 milliards d’euros financés en partie par des crédits non consommés mais il faudra bientôt rajouter 1,5 milliards d’euros.
Certes ce qui n’a pas changé dans la finalité du projet, c’est que l’Europe va disposer de son propre système de navigation par satellite placé sous contrôle civil alors que le GPS américain dépend toujours du Pentagone. Des militaires américains qui se réservent le droit de suspendre un service en cas de conflit. Au moins avec Galiléo, l’Europe ne sera plus à la merci de « l’ami » américain . D’autre part Galiléo affiche des ambitions de localisation bien plus précises que le GPS. Selon les promoteurs du programme, la précision pour localiser un mobile sera d’un mètre contre une vingtaine de mètres pour le système concurrent. Enfin, Galiléo assurera 5 services de couverture mondiale qui toucheront d’abord le grand public, puis les entreprises, la sauvegarde de la vie, les services publics réglementés et enfin la recherche et le sauvetage. Les 1ères actions commerciales du consortium seront lancées courant de l’année prochaine. Quelles seront les conditions exactes de l’économie mondiale à ce moment-là ? Personne n’en sait rien ! Autant le dire, les prévisions de recettes sont difficiles à évaluer. En attendant Arianespace continue à additionner les tirs réussis : le 11 septembre 2015, Arianespace pouvait totaliser 225 lancements d’Ariane, 38 lancements de Soyouz, 26 à Baïkonour et 12 au CSG, auxquels il faut ajouter 5 lancements de la petite fusée italienne Vega. Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace, voudrait bientôt accueillir à Kourou un 4è lanceur qui reste pour l’instant à l’état de projet. Il s’agit d’un mini-lanceur spécialement dédié au lancement de micro-satellites dont les opérateurs ont besoin pour construire leur galaxie de micro-satellites. Voilà une excellente idée Monsieur Israël !
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