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Taiwan : une puissance aérospatiale en devenir ?

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Taîwan est-elle une puissance aérospatiale en devenir ?

A l’Est du continent chinois se trouve une petite île grande comme deux fois la Corse. Les premiers colons portugais l’avaient appelée Isla Formosa (l’île merveilleuse) tant elle frappait par la beauté de ses paysages. Elle porte aujourd’hui le nom d’une grande nation : Taiwan. Siège du géant de l’informatique Asus et riche de son industrie de l’électronique, le pays a su bâtir au fil des années une solide culture de la productivité et du développement le plaçant à la 20e place dans le classement des puissances mondiales.

Malgré un territoire relativement restreint, Taiwan dispose d’une industrie aérospatiale qui mérite de s’y intéresser, tant pour ses perspectives ambitieuses que pour ses nombreuses collaborations avec des industries françaises. A travers cette chronique en deux parties, nous allons partir à la découverte de ce que les taiwanais ont construit depuis les années 80 pour forger cette industrie. Nous irons à la rencontre de français qui y ont bâti une entreprise très prometteuse et tenterons d’expliquer en quoi le futur du spatial Taiwanais s’annonce ambitieux.

 

Détermination et capacité industrielle

Depuis les années 50, l’histoire de l’industrie aérospatiale taiwanaise est grandement influencée par le conflit géopolitique qui oppose le pays avec la Chine. A partir de la fin de la seconde guerre mondiale, l’île fait l’objet de tensions sur la scène internationale : alors qu’il s’agit d’une colonie pour la Chine, les taiwanais, soutenus par les américains, se considèrent comme indépendants. Malgré cela, seuls 20 états sur terre reconnaissent Taiwan comme un état souverain. L’ONU ne le reconnait pas officiellement en tant que tel.

En dépit de ces divergences, Taiwan fonctionne dans les faits comme un état totalement indépendant et se doit de disposer d’une armée autonome capable de dissuader la Chine d’entreprendre une invasion armée. C’est la raison qui explique l’importance de l’arsenal taiwanais, tant au niveau aérien, terrestre que maritime. En mai 1982, afin de ne pas se retrouver limité par un embargo chinois, le gouvernement de Taiwan autorise l’Aerospace Industrial Development Corporation (AIDC) à développer un avion de chasse local dans le but d’équiper les forces aériennes. L’AIDC entame alors la conception du F-CK-1 Ching-Kuo en collaborant avec des sociétés américaines comme General Dynamics pour la cellule ou Garett pour les moteurs. Les concepteurs s’inspirent des études conduites sur le fameux F-16 Fighting Falcon pour concevoir des commandes de vol électriques et doter l’avion d’une aérodynamique adaptée au vol supersonique. Le premier vol a lieu en mai 1989 ouvrant la voie à une vaste campagne d’essai inédite pour une industrie aussi jeune que celle de l’AIDC : la totalité des ressources intellectuelles et techniques en matière d’aéronautique du pays sont alors mobilisées. Trois prototypes suivis des 10 appareils de pré-série servent à conduire l’ensemble des essais avant la livraison du premier avion aux forces armées taiwanaise en 1997. A l’heure actuelle, le F-CK-1 Ching-Kuo n’a pas encore connue de baptême du feu mais a donné entière satisfaction aux unités l’exploitant.

Le chasseur multi rôle a été le premier démonstrateur des capacités de l’industrie aérospatiale taiwanaise : il aura fallu à cette dernière près de 15 ans pour rendre l’avion complètement opérationnel et équiper les unités de chasse de l’armée de quelques 128 unités. Des améliorations successives ont depuis été apportées à l’avion. Pour une industrie aussi jeune, le projet a été couronné de succès : malgré la perte d’un prototype lors d’essais supersoniques, le programme est la preuve des capacités industrielles de la nation taiwanaise et de sa détermination à assurer sa souveraineté.

Depuis la fin du programme du F-CK-1 Ching-Kuo, l’industrie aéronautique taiwanaise a cessé de tourner à plein régime, l’embauche dans le secteur se faisant de plus en plus rare. La reprise devrait être assurée dès l’année prochaine avec un nouveau projet d’avion d’entrainement avancé faisant cette fois appel à une collaboration avec un industriel aéronautique italien.

 

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Le F-CK-1 est le témoin de la détermination et des capacités industrielles de la nation taiwanaise. Il fait du pays l’une des sept puissances au monde ayant développé son propre chasseur multirôle

 

De la naissance à l’affirmation de l’industrie spatiale taiwanaise

L’aventure du spatial taiwanais démarre à la fin des années 90, lorsque L’Agence Spatiale Nationale (ASN) lance la conception du premier satellite Formosat. Equipé d’appareils optiques, il est prévu d’en faire un satellite d’observation des océans et de la ionosphère. Son développement fait l’objet d’une vaste collaboration avec Astrium à qui la grande majorité des composants sont achetés. Le lancement a lieu en 1999 à Cap Canaveral à bord d’un lanceur de fabrication américaine. Après 5 ans et demi de mission, l’engin est retiré du service en 2004. C’est l’aboutissement d’une première période de rodage et d’apprentissage pour l’industrie aérospatiale taiwanaise.

Entre 2004 et aujourd’hui, les satellites Formosat 2 (observation terrestre) et Formosat 3 sont mis en œuvre. Cette-fois, la conception et la fabrication des composants fait largement appel à des entreprises taiwanaises, malgré la présence d’équipements européens et américains. La machine industrielle spatiale du pays est lancée et l’expérience acquise permettra à l’ASN de lancer une nouvelle série de satellites dès 2017. Le premier d’entre eux sera Formosat 5, dont la mission sera similaire à celle de Formosat 2 mais dont les enjeux seront d’une importance capitale pour l’industrie spatiale taiwanaise : démontrer que Taiwan dispose des compétences et des moyens nécessaires pour assurer la totalité des étapes de conception et de fabrication du satellite. Seul le lancement sera sous-traité par l’entreprise américaine Space X. Les deux autres satellites du programme, Formosat 6 et Formosat 7 devraient suivre cette lancée et être capables d’affirmer les capacités industrielles spatiales de Taiwan.

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Le satellite taiwanais Formosat 3

Dans la deuxième partie de cette chronique, nous explorerons les programmes qui font ou ont fait l’objet d’une collaboration de l’industrie aérospatiale taiwanaise avec des industries françaises. Nous irons aussi à la rencontre de français installés sur l’île qui développent une entreprise spatiale pionnière dans le déploiement de microsatellites et découvrirons les perspectives de développement du spatial taiwanais.

M. Laroche-Joubert pour AeroMorning