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Dispersion, saturation, une option ancienne de la guerre moderne !

la chronique aeronautique de michel polacco
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30 octobre 2023

Dans notre monde incertain, et nos ancêtres Sapiens l’éprouvaient déjà, il faut sans cesse, pour les moins belliqueux, ou les plus pacifiques, se préparer à se défendre. L’homme étant comme on le sait le pire ennemi de l’homme, tous les chefs, jusqu’aux monarques éclairés, ont défini des techniques et des principes. Si tu veux la paix, prépare la guerre disait avec une cruelle justesse César. Et une vingtaine de siècles après, les peuples ont du mal à appliquer ce principe, persuadés que c’est à la fois amoral, provocant, cher et inutile. Et pourtant le sage Sun Tsu ne dit pas autrement en explicitant longuement « l’art de la guerre ».

A l’ère atomique, pendant la Guerre Froide, les stratèges de nos nations disposant de l’arme nucléaire connaissaient les principes de l’usage de l’arme nucléaire. Tactique, préstratégique, stratégique. Avec des vecteurs à courte, moyenne et longue portée. Des cibles militaires ou de terrain, ou civiles de représailles. Des politiques d’emploi « en second », alors qu’on est déjà touché, mais que l’on garantit à l’ennemi (identifié) des pertes insupportables dissuadant d’agir en premier.

Des frappes d’avertissement, alors que l’affrontement classique ne peut plus durer, et que la nation est en péril, ou ses intérêts vitaux. Et, pour quel fou ou quel inconséquent, l’arme nucléaire d’emploi, au même titre que les munitions classiques, comme il y en avait tant de disponibles il y a quelques décennies, obus, bombes de faible puissance, missiles de faible portée, etc.

Mais dans tous ces domaines sans exception, chaque belligérant doit tenir compte des défenses de la partie « d’en face ». Faire feu, et ne pas faire mouche, serait un échec colossal. Porter le combat au niveau de l’arme suprême, et échouer. Alors ont été définies, comme pour l’emploi des armes classiques depuis toujours, les principes de « saturation ». Pour qu’une bombe fasse mouche il faut en larguer un grand nombre. Pour qu’un missile passe les défenses ennemies il faut en envoyer tant que ces défenses sont saturées et incapable de servir de bouclier.

Un Général commandant les forces aériennes françaises me disait dans les années 1980 que pour être sûr de franchir le rideau de fer pour larguer sur feu l’URSS, en cas de conflit, il faudrait envoyer une escadre de 60 avions, afin d’être certain qu’un voire deux puissent passer ! Il en va de même pour les missiles balistiques que les belligérants potentiels possédaient en grand nombre, afin d’être assurés que l’effet militaire et politique recherché serait obtenu. En somme, garantir à l’adversaire qu’il ne pourrait en aucune manière se protéger à 100%. Donc, crédibiliser la menace. Le dissuader.

Jusqu’ici, ces principes de masse, de masse critique, de capacité de saturation étaient coûteux : beaucoup de chars, d’avions, de missiles et de lance-missiles, de bateaux porteurs de ces armes, de sous-marins, de satellites, beaucoup d’équipes et de matériels pour assurer l’efficacité et la crédibilité de ces armements classiques comme nucléaires et de leur mise en œuvre.

Avec l’arrivée des drones modernes, endurants, peu coûteux pour la plupart d’entre eux, on a défini la notion d’essaim. Comme pour les abeilles. Pourquoi mettre en vol des dizaines d’avions de combat, au prix très élevé, capables de missions sophistiquées, avec des équipages chers à former et dont la valeur humaine est largement doublée par la valeur politico-médiatique en cas de capture ? Quelques avions avec des dizaines de drones les accompagnant, trompant les radars, nécessitant de nombreux armements de défense pour les détruire, créant des tâches radars / capteurs multiples dont l’analyse est très difficile, peuvent multiplier la puissance d’une armada aérienne, voire navale ou terrestre, pour un coût réduit. Avec des risques réduits, et de fortes chances de succès pour les missions multipliées.

C’est en gros le principe du SCAF* : Système de Combat Aérien Futur. Pas qu’aérien, d’ailleurs, car il est conçu pour fonctionner en synergie avec des forces terrestres et navales, et en larges coordination avec les moyens satellitaires. Le SCAF comprend le NGF, (Next Generation Fighter) avion de combat futur donné pour être le successeur du Rafale, au moins pour les français, car les allemands et les espagnols, nos partenaires, font déjà leur marché aux USA avec le F35 !

Pour accompagner ce NGF en mission, sont prévus des essaims de petits drones destinés à saturer les défenses adverses et éventuellement à assurer des missions de renseignement voire d’attaque. Prévu également de plus gros drones, comme par exemple le nEUROn développé sous la houlette de Dassault Aviation par plusieurs pays européens, pour de lourdes missions de combat et de bombardement, sans pilote à bord, ainsi que les dispositifs de positionnement, de renseignement, l’usage de satellites dans toutes leurs fonctions évoluées, etc. Mais l’une des nouveautés attendues, et qui n’existe nulle part actuellement, c’est le combat dit « collaboratif » ***avec les drones, et les forces au sol et en mer, jusqu’ici balbutiant.

L’Ukraine est un triste mais magnifique terrain d’expérimentation. Dans leur situation inconfortable face au géant Russe, les ukrainiens ont fait preuve de beaucoup d’imagination et d’ingéniosité. En particulier avec l’usage des médias sociaux, des moyens satellitaires de transmission pour l’observation et la communication de champ de bataille, et … les drones, utilisés sous toutes leurs formes et versions. Des plus petits aux moyens-gros, importés ou fabriqués sur place. Utilisés en drone ou en missile (drone suicide), voire en drone « rodeur » aux aguets de cibles opportunes. Concept jusqu’ici jamais mis en œuvre, surtout à cette échelle. Et la technique de saturation fait clairement partie des méthodes utilisées par les ukrainiens pour combattre les forces russes. Avec parfois des résultats spectaculaires.

Saturation en Ukraine, mais aussi début octobre en Palestine et en Israël. Pour la saturation des capacités d’écoute et de défense israéliennes, le Hamas a tiré en quelques heures plusieurs milliers de rockets et de missiles, ou d’obus divers, qui ont littéralement aveuglé le « Dôme de Fer »** israélien. Ainsi les terroristes ont pu pénétrer sur le territoire d’Israël et se livrer à des actes de guerre, à des massacres, à des enlèvements d’otages nombreux, civils et militaires, femmes et enfants. Cela presque impunément. Méthode copiée, bien sûr, sur les quelques théories en vigueur, mais surtout sur l’exemple de la pratique ukrainienne. Pour l’heure les israéliens ne s’en sont pas remis, et le sort de deux cents otages est tragiquement incertain.

Derrière le Hamas se trouve un état : l’Iran. L’Iran producteur d’armements plus ou moins évolués, classiques, dont il est exportateur (notamment vers la Russie et certains pays arabes). Je suis convaincu que si, comme cela semble avéré l’Iran a aidé et soutenu le Hamas, il ne peut l’avoir fait sans l’aval de la seule grande puissance avec laquelle il est allié : la Russie. Je ne dirai pas que l’opération a été commandée de Moscou. Mais cette opération ne pouvait avoir lieu sans que Moscou « ne s’y oppose pas » donc veuille en tirer profit. Dispersion d’attention pour l’ennemi américain. On regarde moins l’Ukraine. Le monde entier regarde le Proche Orient ! Les USA sont plus que préoccupés par la terrible crise en cours près de Gaza, aux conséquences régionales ou plus possiblement considérables. Pour les USA, qui pilotent l’OTAN en Europe face à la Russie, par Ukraine interposée, ce qui est déjà une grosse affaire, cela constitue un deuxième front à gérer. Politiquement et militairement. Avec d’importantes forces mobilisées en méditerranée et dans le Golfe. Dispersion de forces.

Mais élargissons ce principe : la dispersion, accompagnée de la saturation des moyens, c’est un affaiblissement ! Les USA ont ravivé le conflit politique avec la Chine au sujet de Taiwan. Était-ce bien nécessaire, il y a quelques mois. Du coup, Washington concentre des forces en mer de Chine et alentours. Quelque fois que les chinois finissent par décider une opération sur l’enclave qu’ils convoitent depuis la dernière guerre ! Pour les politiques américains cela fait un troisième front. Donc beaucoup de théâtres à surveiller, beaucoup de forces à immobiliser aux trois « coins » de la planète. A coup sûr cette vaste implication américaine ne dessert pas Moscou. Comme le décrivent les stratèges : saturation. Dispersion. Nous verrons dans les mois à venir les effets de cette situation pour le géant américain. Michel Polacco pour AeroMorning

*SCAF : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_combat_a%C3%A9rien_du_futur

** Dôme de Fer : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%B4me_de_fer

*** Combat collaboratif : https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/ministere-armees/esprit-defense-numero-5-automne-2022-dossier-combat-collaboratif-combat-du-futur.pdf