Il ne fait aucun doute qu’André Turcat, pilote d’essai du supersonique Concorde a franchi le 4 janvier 2016 au soir le mur du son pour aller retrouver quelque part dans l’espace un univers éternel qu’il vénérait comme fervent catholique et il avait d’ailleurs passé avec succès une licence en Théologie catholique.
Issu d’une famille marseillaise constructeur d’automobiles, et alors même qu’il avait après sa sortie de Polytechnique en 1940 ambitionné d’entrer aux Ponts et Chaussées, André Turcat n’en n’embrasse pas moins une carrière militaire d’officier de l’armée de l’air (1942-1953) période durant laquelle il fut nommé au Centre d’essais en vol en 1950 puis directeur de l’école du personnel navigant d’essais.
En effet, tout polytechnicien qu’il était, ses notes étaient plutôt médiocres, réduisant d’autant les choix de carrière à sa portée, et ne lui permettaient pas de prétendre à un grand corps de l’Etat. C’est toutefois durant cette période troublée de guerre qu’il fit ses premières armes de pilote et que depuis lors le pilotage ne le quitta plus jamais, mais ce n’est qu’au sortir de la « guerre de 40 » qu’il a rejoint une école de pilotage et à marche forcenée pour combler le retard dû à la guerre, a suivi une formation de pilote qui l’a conduit à réaliser que son avenir était dans le transport aérien et non comme chasseur.
Il entre alors comme chef pilote d’essais dans l’entreprise SFECMAS qui, au fil des restructurations industrielles deviendra entre autres Sud Aviation, SNIAS, Aerospatiale et dorénavant Airbus.
Il restera aux yeux des passionnés autant que des professionnels le premier pilote européen à franchir le mur du son en vol horizontal sur le Gerfaut 1 (1954), et le vol à Mach 2 sur le Griffon. Ces records sont nombreux à l’international. Mais bien évidemment c’est sa carrière de pilote d’essais du mythique supersonique Concorde qui lui vaudra sa plus belle renommée, c’est aussi l’appareil qui a concrétisé sa fin de carrière de pilote avant d’entamer une nouvelle vie tout autant active qui l’a vu adjoint au maire de Toulouse, député au Parlement européen, mainteneur de l’académie des Jeux floraux, fondateur de l’Académie de l’Air et de l’Espace.
Il a été le sujet de nombreux ouvrages et lui-même avait pris la plume pour narrer son expérience et dévoiler certaines de ses passions. Comme l’écrit un de ses pairs, Germain Chambost ancien pilote de chasse devenu journaliste puis écrivain aéronautique, à 94 ans, « André Turcat s’en est allé sans avoir eu la joie de voir son ultime manuscrit ‘La soif d’apprendre‘ dans les rayonnages des libraires ».
(1) Extrait de André Turcat Biographie par Pierre Sparaco aux Editions Privat
Nicole Beauclair pour AeroMorning
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