« Sommes-nous en guerre ? »¹ Les attentats de janvier et de novembre 2015 ont fait entrer dans l’arène nationale le débat sur l’existence d’un état de guerre en France. Que cette question ait été posée par le Premier Ministre français dans un lieu hautement politique, l’Assemblée Nationale, ne relève pas seulement du symbole dans un contexte de cohésion nationale fragilisée. Cela conduit aussi à nous interroger sur le sens donné en 2016 à la guerre déterritorialisée, imprévisible et aux multiples facettes.

L’étude des régions en proie à une violence quotidienne et permanente, parfois bien lointaines, est une manière d’apporter un autre regard sur la relation intime entre la guerre et le politique qui nous préoccupe à nouveau soudainement, et très directement nous, citoyens français, qui avions pris l’habitude de vivre en paix. Plus les situations guerrières durent, plus les relations entre les individus et leurs perceptions des uns vis-à-vis des autres se modifient en profondeur. Les raisons du maintien du vivre-ensemble ou de sa rupture se posent avec plus d’acuité quand certains individus exercent sur d’autres un droit de vie ou de mort. Les transformations sociales et politiques de nombreuses sociétés influencent donc la manière dont l’ensemble des protagonistes font la guerre ou interviennent pour y mettre fin. La complexité des relations entre les intervenants étrangers, les Etats fragiles et les groupes armés non étatiques peut aussi être créatrice de désordre politique.

Il est encore, et toujours, temps pour les citoyens résidant dans des sociétés pacifiées de ne plus être de simples spectateurs et de devenir partie prenante d’une réflexion collective sur la manière dont la violence armée est au cœur des différentes sociétés.

Le Forum Guerre&Politique, qui se tiendra du mercredi 2 au dimanche 5 novembre 2016 à la Gaïté lyrique et à l’auditorium de l’Hôtel de ville à Paris, a pour objectif d’offrir un espace privilégié de discussion entre toutes les personnes qui s’intéressent à la question de la guerre et son impact sur la recomposition des liens dans les sociétés.

1^ Discours de Manuel Valls à l’Assemblée nationale en hommage aux victimes des attentats, 13 janvier 2015.