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Vincent Robert (IPSA promo 2006), enseignant-chercheur et chasseur d’astéroïdes

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Enseignant-chercheur à l’IPSA, Vincent Robert (IPSA promo 2006) fait également partie d’un groupe de travail utilisant le satellite Gaia pour la détection d’objets inconnus dans l’espace. Alors que son équipe a pu découvrir un nouvel astéroïde en octobre dernier, le premier depuis le lancement du satellite en 2013 (lire la publication consacrée à cette découverte sur le site Internet de l’Agence Spatiale Européenne), Vincent Robert détaille les coulisses de cette activité collaborative passionnante.

Qu’est-ce que Gaia ?

Vincent Robert : Gaia est une mission européenne associée à un satellite envoyé pour cartographier l’ensemble des étoiles de notre galaxie, avec aussi plusieurs activités liées aux satellites naturels des planètes. Dans le cadre de cette mission, il y a un groupe de travail, Gaia FUN SSO, dans lequel je suis impliqué depuis six mois et dont les travaux portent sur l’applicatif direct des données en temps en réel fournies par le satellite. Pour faire simple, quand Gaia « scanne » et observe – y compris en ce moment même – des portions de la voie lactée, il peut émettre des alertes. En fait, pendant qu’il cartographie, il sait globalement déjà ce qu’il est en train de regarder et l’approfondit. Et si jamais il détecte un objet inconnu dans son champ de vision, il envoie automatiquement une alerte au sol qui nous est relayée. Une fois alertés, notre but est de confirmer le plus rapidement possible ce signalement.

Comment, à partir de cette alerte, pouvez-vous désigner l’objet comme un astéroïde ?

Déjà, il y a un prétraitement opéré par le pipeline Gaia : quand un nouvel objet potentiel est détecté dans son champ de vision, un court suivi permet de calculer une première orbite. Ainsi, quand nous recevons l’alerte au sol, nous avons à disposition une « zone probable » – soit une extrapolation de l’orbite – dans laquelle nous devrions pouvoir trouver l’objet dans les prochains jours. Du coup, si nous sommes à proximité d’un télescope, nous pointons ce dernier dans ce champ-là et faisons des « pauses » successives sur le ciel. Pourquoi ces pauses ? Parce que ces objets sont généralement très faibles. Cela nous oblige donc à pratiquer ces pauses d’une durée générale de trois minutes. Il y a une probabilité moyenne de retrouver l’objet, mais si nous avons visé dans la bonne zone, nous verrons un objet bouger au fil des pauses, ou plutôt un petit point lumineux se déplacer alors que les autres points autour – les étoiles – restent immobiles. A ce moment-là, on sait que l’on a affaire à un astéroïde. Reste alors à savoir s’il s’agit d’un astéroïde déjà connu ou non. Pour cela, on utilise les catalogues d’astéroïdes déjà existants afin de faire tous les calculs et vérifications nécessaires. Si c’est bien un objet inconnu, on garde nos pauses successives, on affine l’orbite et on reconfirme le tout la nuit suivante.

C’est comme cela que vous avez pu en découvrir un en octobre dernier. D’ailleurs, lui avez-vous donné un nom ?

Pour l’instant, son nom est un nom générique, décidé par le pipeline Gaia, soit Gaia-606, mais nous sommes justement en discussion avec les instances européennes pour savoir si les observateurs auront la possibilité de nommer eux-mêmes ces nouveaux objets.


En tant qu’enseignant-chercheur, qu’est-ce que vous apporte votre participation à ces missions ?

À la base, l’observation est partie intégrante de mon métier. J’en fais déjà beaucoup, avec une spécialisation sur les satellites naturels des planètes. Du coup, à titre personnel, cette mission est intéressante car elle me permet d’élargir mon champ d’activité à d’autres objets spatiaux. Après, cela permet aussi à mes étudiants de voir que la recherche peut aussi aboutir sur du concret. On entend souvent que les chercheurs ne sont payés qu’à chercher… et bien, parfois, on trouve ! D’ailleurs, au mois de janvier, avec ma doctorante Éléonore Saquet (IPSA promo 2014), nous avons même trouvé un nouvel astéroïde non répertorié jusqu’alors ! Cette fois-ci, il se nomme g0T0015. Et nous espérons encore en trouver d’autres par la suite.