Au salon du Bourget, le chasseur Su-35 assuré du rôle de vedette.
C’est l’annonce d’un grand retour : les Russes sont très présents au 50ème salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. Après plusieurs années de profil bas imposé par de sévères contraintes budgétaires, et désormais soutenus par une administration Poutine très volontariste, les industriels de l’ex-URSS entendent bien s’arroger des positions importantes sur le marché mondial. Et cela bien que leur crédibilité soit imparfaitement établie et reconnue.
Symbole de ce retour, le puissant biréacteur de combat Sukhoi Su-35, capable d’une manoeuvrabilité exceptionnelle grâce à la poussée vectorielle de ses deux réacteurs. En toute logique, il devrait impressionner les experts et illustrer une ferme intention de s’imposer sur des marchés d’exportation. La production en série est lancée, un premier lot de 48 exemplaires serait en chantier et, selon l’avionneur moscovite, 160 exemplaires pourraient être placés auprès de clients étrangers.
Le Su-35 est très performant. Outre qu’il atteint la vitesse en altitude de Mach 2,25, il est capable d’emporter une panoplie de missiles et bombes de tous types lui permettant de faire au moins aussi bien que des concurrents américains ou européens. Et cela à un prix en toute logique sensiblement moindre. Reste à savoir s’il pourra convaincre des Forces armées a priori plus intéressées par des fournisseurs occidentaux.
Cette évolution dépend évidemment les autorités politiques russes en même temps que du savoir-faire du groupe étatique UAC (United Aircraft Corporation, en traduction littérale) chargé de rationaliser des moyens industriels précédemment disparates. C’est en effet un amalgame d’une vingtaine des sociétés qui peine à trouver leur voie face à des concurrents occidentaux très aguerris. Du coup, l’homme fort d’UAC, Milkhail Pogosyan, se trouve investi d’une très lourde responsabilité. Mais il a déjà largement prouvé qu’il dispose du savoir-faire requis pour moderniser UAC et lui donner un avenir.
Cette remarque s’applique aussi au court/moyen-courrier civil Irkut MS 21, équivalent russe de l’Airbus A320, du Boeing 37 et du Comac C919 chinois. Lequel ne sera pas présenté au Bourget, au mieux, avant 2015, mais sera néanmoins au coeur de nombreux échanges de vues dès cette semaine. Cet avion, en effet, fait figure de test, dans la mesure où il devrait contribuer à briser le duopole Airbus-Boeing. A condition, bien sûr, de se construire une réelle crédibilité.
Le MS 21 est techniquement très «occidentalisé», notamment grâce à sa motorisation américaine confiée à Pratt & Whiney. Le PW1000G illustre les capacités de moteurs très économes en carburant, dits de nouvelle génération, formule également retenue par le C.Series canadien et de Mitsubishi Regional Jet japonais. Ce moteur Pratt constitue par ailleurs l’une des motorisations proposées par Airbus pour équiper l’A320 NEO. De nombreux équipements du MS 21 sont européens, fournis, notamment, par Safran, Thales et Zodiac.
UAC présente également au Bourget l’avion d’entraînement Yak-130 qui, théoriquement, pourrait prétendre à la succession de l’Alphajet franco-allemand. Et le Superjet 100, avion régional qui bénéficie de l’appui d’Alenia Aermacchi mais peine à trouver son marché. Le potentiel est pourtant important : Bombardier, d’une part, Boeing, d’autre part, viennent précisément de publier des estimations à 20 ans qui promettent aux avions de cette catégorie (60 à 90 places) de 2.000 à 2.800 commandes. Cela sans inclure la bonne tenue des biturbopropulseurs, portés par le coût élevé du pétrole. Ainsi, ATR, dont les ventes bénéficient à nouveau d’un rythme soutenu, affiche un grand optimisme et compte lancer tôt ou tard un nouvel appareil à 90 places.
Quoi qu’il en soit, dans l’immédiat, l’essentiel est de constater que les Russes reviennent dans la course.
Pierre Sparaco – AeroMorning
Be the first to comment on "Les Russes reviennent au salon du Bourget"