Les Assises du Newspace, au cœur du débat spatial français
Mettre le Newspace au cœur du débat spatial français tel est l’objectif de Pierre-José Billotte, pour qui la mise en place d’une organisation est nécessaire. Et ce sera « Les Assises du Newspace » qui se tiendront les 7 et 8 juillet prochain à Station F, le centre d’innovation parisien.
Pierre-José Billotte, pionnier du cloud computing depuis 20ans, fondateur de la Cloud Week Paris, est un homme profondément fédérateur, dont le maître mot est qu’on est fort que si on est ensembles.
Le déclic
Pierre-José Billotte part aux USA en 2013 pour son roman lié à l’histoire spatiale américaine « le destin extraordinaire de François-Victor Arcadius » . Il se rend à un congrès sur le développement du spatial sur Mars et va au Nouveau Mexique, à la découverte de « Spaceport ». Impressionné par l’architecture mise en place là par Virgin Galactic, il prend conscience de l’émergence d’un nouveau spatial.
En effet, le Spaceport ne se trouve plus sur les chemins balisés du schéma traditionnel étatique américain mais sur un chemin alternatif, avec un acteur privé, Virgin Galactic.
En 2020, l’arrimage de Crew Dragon de Space X à l’ISS. A cette époque aucun média français ne parlait de Newspace et c’est là que Pierre-José Billotte se dit qu’il y a quelque chose à faire en France, et c’est à partir de là que germe l’idée des Assises du Newspace.
La Mise en oeuvre
Il commence par utiliser les médias sociaux et constitue un groupe pour faire de la pédagogie, sans création de structure juridique. Il crée sur LinkedIn le groupe « New Space Club » et en postant des analyses, des commentaires, des micro analyses, des actualités, il mobilise des centaines de personnes dans le monde dont plus de 300 en France.
Suite à cela, ses actions sont repérées par le fondateur de 3I3S, une association à but non lucratif, qui lui propose d’utiliser l’association pour développer ses idées et en devenir le Président Europe. Il accepte, avec une vision, créer les Assises du Newspace en priorité. Le 1er juin 2021, il fait passer une tribune dans le journal « La Tribune », qui est ni plus ni moins qu’un appel à l’organisation du Newspace français à une quinzaine d’organisations identifiées. La plupart répondent positivement.
Le démarrage des Assises
En septembre 2021, il quitte ses fonctions de Président chez 3I3S, et c’est le collectif qu’il a créé qui reprend le projet, avec en tête de file le CNES, sponsor majeur, sous la houlette du New Space Club, maître d’ouvrage délégué du collectif.
En Octobre 2021, une stratégie des Assises est définie et un collectif est mis en marche. Ce sera la force des Assises. Ce ne sera pas une simple conférence, mais d’abord une consultation publique pendant 60 jours par le biais d’une plate-forme participative, de webinaires et de réseaux sociaux, à laquelle succèdera une grande conférence nationale sur 2 jours, ouverte à tous les acteurs clés, du monde professionnel et étudiant, alliant des industries, des startups, des institutions du secteur public, des pôles de compétitivité tels les clusters Aquitaine et Région Auvergne, et des écoles et universités avec l’Université de Toulouse et l’ISAE SUPAERO. Il n’y aura pas d’entre-soi, ni de chapelles. Une réunion de famille du spatial autour du newspace français, un collectif ouvert et transparent, qui supervise, coordonne et anime les débats.
Un rapport de conférence et des préconisations et propositions seront émis en septembre. Et Pierre-José Billotte déclare: « On veut être inclusif dans notre notion de Newspace mais on ne veut pas faire de l’eau tiède et des propositions équilibrées ».
L’articulation des Assises
Ces Assises du newspace qui ont vocation à se répéter chaque année, ont 6 thématiques structurantes qui sont toutes des défis et des mesures destinées à booster le Newspace français et balayent l’entièreté du spectre avec le financement, qui, si on ne sait pas l’amplifier, selon Pierre-José Billotte, empêchera le Newspace de se développer et jouer dans la cour mondiale, la thématique des clients publics/privés qui doivent s’approprier le Newspace, le sujet de la mondialisation et comment elle permet au Newspace de se développer, la thématique, le sujet de l’opinion publique auprès de laquelle des propositions sont débattues, la défense nationale et l’enjeu d’implication du ministère des armées, l’indépendance stratégique, la formation, comment produire plus d’étudiants dans le spatial, enjeu très fort, la recherche et l’innovation d’où partiront les compétences du Newspace.
Cette démarche est une philosophie : on attend pas tout du secteur public, c’est aux acteurs de terrain de se prendre en charge pour construire des doléances aux pouvoirs publics. Cette prise de responsablité des acteur de terrain a vocation à sauver le newspace français et lui donner un rang mondial.
Un impératif: les chiffres!
Selon Pierre-José Billotte, si on ne regarde pas la réalité mondiale en face on ne créera pas les conditions de la nécessité du newspace français à 5 ou 10 ans.
« Entre 15 et 20 Milliards de dollars de levées de fonds par entreprises ont eu lieu dans le Newspace en 2021. En France les levées de fonds dans le Newspace se chiffrent au mieux en centaine de millions d’Euros. » Et personne n’a mis le sujet sur la table !
Il n’existe à ce jour en France qu’un seul fond, gestionnaire privé, « cosmi capital » mais ses fonds ne dépassent pas quelques dizaines de millions d’euros.
« Si on ne sait pas regarder les chiffres on y arrivera pas », martèle Pierre-José Billotte. Nadia Didelot pour AeroMorning le 6 juillet 2022