Les aéroports européens sont en bonne santé. Ils ont enregistrés un été record, dépassant de 7 % les niveaux d’avant pandémie. Plus globalement, boostés par une clientèle « tourisme », ils ont enregistré une hausse de l’ordre de 5 % en volume de passagers rien que pour le mois d’août.
Le trafic passagers du réseau aéroportuaire européen a bondi de 4,9 %, en comparaison au mois d’août 2024. Ces chiffres très bons confirment encore une fois que la demande estivale, portée par une clientèle de tourisme, porte une grosse partie de l’économie du secteur. Si l’on met ces données en perspective à la moyenne annuelle, que les acteurs évaluent autour de +4,3 %, cela témoigne d’un retour durable et d’une stabilité très appréciée pour le secteur. Les volumes passagers se situent désormais 7 % au-dessus des niveaux d’août 2019. Ce seuil symbolique de 2019 avait été retenu comme un très bon millésime avant que la crise de COVID 19 mette un coup d’arrêt.
Cette croissance du trafic aérien européen trouve une partie de son explication dans une reprise des vols internationaux, que l’on peut évaluer à +5,6 %. De son côté, le trafic aérien domestique fait figure de mauvais élève puisqu’il n’affiche qu’un petit +1,6 % de croissance. Un premier bilan peut donc en être tiré : la tendance en est aujourd’hui aux voyages transfrontaliers, stimulée par une relance importante du tourisme.
Les mouvements d’aéronefs (décollages et atterrissages) ont progressé de +3,3 % sur un an, reflétant un meilleurs remplissage et une meilleure gestion des créneaux aéroportuaires.
Une croissance à deux vitesses
Là aussi, il ne faudrait pas non plus faire d’un seul cas une généralité. Les résultats, globalement très bons, sont très contrastés entre les différents pays européens. Côté statistiques, nous pourrions sur cet aspect diviser l’Europe en deux parties : Europe de l’Est d’un côté et Europe de l’Ouest de l’autre. Les aéroports situés à l’Est de l’Europe sont en tête de peloton avec la croissance la plus soutenue, autour de +8,8 % en moyenne. Dans ce classement, il est impressionnant de noter le développement du trafic à destination de la Moldavie (+46,6%), frontalière de la Roumanie et de l’Ukraine, ainsi que de la Bosnie-Herzégovine avec +20,4 %. On retrouve, toujours à l’Est de l’Europe, la Pologne et ses +15,1 % de croissance ou encore la Slovénie (+11,7 %), la Roumanie (+10,3 %) qui affichent des croissances à deux chiffres, au-delà de la moyenne. Les seules exceptions à la règle de ce découpage sont l’Estonie et la Lettonie qui affichent des croissances négatives respectivement de -4,5 % et -6,7 %.
Côté Europe de l’Ouest, la croissance se poursuit mais plus timidement. Loin d’être mauvaise, elle s’explique en particulier par des raisons structurelles. En effet, ces aéroports jouissent d’une demande particulièrement stable et de capacités aéroportuaires qui ont montré leurs limites en matière d’accueil d’aéronefs et de passagers ces dernières années. Ils se retrouvent ainsi limités par un nombre de créneaux qui ne peut être expansible à l’infini. Parmi les grands marchés européens historiques, l’Allemagne affiche donc raisonnablement +4,2 % de croissance, l’Espagne (+3,8 %), l’Italie (+2,8 %), le Royaume-Uni (+1,7 %). La France, de son côté, affiche seulement +1 % de croissance.
Globalement, les aéroports de l’Ouest du vieux continent restent sous la moyenne.
Les passagers ne boudent pas les hubs
Ils ont souvent été considérés comme mal accueillants par les passagers, par leur taille mais aussi par leur manière façon « usine » de gérer les fluxs de passagers. Et pourtant, ils font figure de passage obligé, à la vue des chiffres de fréquentation. Les hubs, qui voient plus de 40 millions de passagers par an, ont vu leur trafic progresser de +3,5 % par rapport à l’année précédente. Parmi eux, Istanbul Sabiha Gökçen s’impose comme le champion de la croissance (+21,5 %), suivi de près par l’aéroport d’Istanbul (+6,8 %). Faits marquants : Istanbul Airport et Heathrow ont tous les deux franchi la barre historique des 8 millions de passagers sur un seul mois, ce qui est une première dans l’histoire européenne à notre connaissance.
Situés un peu en dessous de leurs grands frères, les « méga-aéroports » (20 à 40 millions de passagers confirment eux aussi leur solidité avec une progression moyenne de +4,2 %. Les meilleures performances reviennent à Milan Malpensa (+10,2 %), Copenhague (+8,6 %) et enfin Athènes (+6,8 %).
Les aéroports régionaux, les moteurs cachés de la croissance
Les aéroports situés sur les segments « Large » (10-25 millions) et « Medium » (1-10 millions) se démarquent dans cette croissance avec des progressions supérieures à la moyenne, respectivement de +6,1 % et +5,8 %. Cette dynamique peut trouver son explication par l’expansion des compagnies low-cost, qui favorisent souvent les aéroports plus petits pour des frais aéroportuaires moindres. Certains aéroports atteignent ainsi des croissances à deux chiffres, notamment Varsovie (+15,6 %), Cracovie (+19,6 %), Chișinău (+46,6 %), Bucarest-Băneasa (+118,6 %) qui figurent au tableau d’honneur.
Cependant, les petits aéroports demeurent les seuls à ne pas avoir encore retrouvé leurs niveaux pré-pandémiques, avec en moyenne une croissance négative de -20,1 %.
Jean-François Bourgain, le 15/10/2025 pour AéroMorning
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