Les supraconducteurs sont des matériaux étonnants : refroidis en-dessous d’une température critique proche du zéro absolu (- 273,15 °C), leur résistance à un courant électrique devient nulle, ce qui permet le transport d’électricité sans perte d’énergie. Et pour certains, dits « à haute température », la température critique est plus proche de – 100 °C. Cependant, depuis sa découverte en 1986, la supraconductivité à haute température est restée une énigme pour les physiciens.
Après 30 ans de recherche, une équipe du laboratoire international associé « Circuits et Matériaux Quantiques »1 menée par des chercheurs du CNRS et de l’Université de Sherbrooke vient de découvrir une loi universelle sur les propriétés électroniques des supraconducteurs à haute température. En soumettant un échantillon à un champ magnétique intense pour affaiblir sa supraconductivité et révéler ses propriétés sous-jacentes, les scientifiques ont pu mesurer les variations de la résistance électrique jusqu’à – 263 °C, et en déduire un modèle prédictif, applicable à de nombreuses familles de supraconducteurs à haute température. Ces résultats, publiés dans Nature Physics le 19 novembre 2018, fournissent un outil précieux pour aider la communauté scientifique à lever le voile entourant encore ces supraconducteurs.
- Impliquant des chercheurs du Laboratoire national des champs magnétiques intenses (CNRS), du Service de physique de l’état condensé (CEA/CNRS), du Laboratoire de physique des solides (CNRS/Université Paris-Sud) et de l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke (Canada).
Référence :
Universal T-linear resistivity and Planckian dissipation in overdoped cuprates. A. Legros, S. Benhabib, W. Tabis, F. Laliberté, M. Dion, M. Lizaire, B. Vignolle, D. Vignolles, H. Raffy, Z. Z. Li, P. Auban-Senzier, N. Doiron-Leyraud, P. Fournier, D. Colson, L. Taillefer et C. Proust. Nature Physics, le 19 novembre 2018.