Pour tous ou à peu près, Bombardier Aéronautique est l’avionneur qui, au siècle dernier, s’appelait Canadair, et basé à Montréal Province du Québec au Canada.
Mais Bombardier aujourd’hui, si on ne considère que la branche aéronautique, c’est beaucoup plus que l’ex. Canadair. Non seulement ce groupe a acquis en 1989 les activités d’une prestigieuse entreprise irlandaise en perte de vitesse, Short Brothers, mais a aussi élargi sa base canadienne en rachetant en 1992 De Havilland en Ontario (une entreprise convoitée en son temps par le Français Aerospatiale partie intégrante aujourd’hui d’Airbus). Entre temps, en 1990, Bombardier avait acquis Learjet à Wichita (Kansas) posant ainsi un pied chez son grand voisin états-unien.
Le Québec et sa langue française a toujours surfé sur son cousinage avec la France pour mettre en valeur l’attractivité de la province où sont installés des noms illustres tels que bien évidemment Bombardier, mais aussi Bell Helicopter Textron, Lockheed Martin, GE Aviation, Pratt & Whitney Canada … qui ont su drainer autour d’eux un nombre incommensurable d’entreprises d’obédience aéronautique dont les constructeurs de systèmes d’atterrissage Héroux-Devtek et Messier-Bugatti-Dowty qui porte dorénavant le nom générique du groupe auquel il appartient, à savoir Safran.
Malgré cette brochette loin d’être exhaustive des entreprises aéronautiques ou spatiales installées au Québec, la Belle Province n’est pas la seule au Canada à revendiquer un passé et une forte activité aéronautique qui s’appuie sur des tissus industriels et universitaires. Selon les responsables du cluster aéronautique ontarien, c’est cette province qui teint le haut du pavé au Canada. Et l’on ressent une réelle volonté de l’Ontario et de sa capitale Toronto de rappeler l’excellence canadienne et ontarienne en particulier sur les activités aéronautiques et spatiales. La province est en effet au cœur de l’excellence canadienne dans l’aérospatial avec environ 30 % des dépenses effectuées au Canada dans la R&D en aérospatial, soit 462 millions de dollars investis en Ontario souligne Pamela Kanter, responsable du bureau du commerce et des investissements de l’Ontario en France.
Déjà en 2015 au salon du Bourget, l’Ontario et sa capitale provinciale avaient fait parler d’elles en affichant une forte présence. En cette fin mars 2016, elles viennent de concrétiser un accord-cadre signé le 8 décembre 2015 avec l’Ile-de-France et Paris. Un accord-cadre entériné par Andrew Petrou, directeur exécutif du consortium aérospatial de Toronto DAIR et directeur des relations extérieures et des initiatives stratégiques (SIER) du Centennial College, ainsi que par Nicolas Aubourg, président du pôle de compétitivité ASTech Paris Région par ailleurs directeur des affaires institutionnelles d’industrialisation pour le groupe Safran.
Tout comme la région Ile-de-France qui revendique un rôle incontournable dans le secteur aéronautique et spatial en France, face à l’omniprésence de Midi-Pyrénées, l’Ontario fait de même vis-à-vis du Québec. Les arguments sont forts des deux côtés revendiquant un taux très élevé de recherches-technologies-développements qui sont menées en Ile-de-France et en Ontario. Et tout comme pour Paris et sa région, Toronto et l’Ontario comptent de très grandes universités, sièges sociaux et bureaux d’études, centres de recherche et de production des plus grands industriels. A ce titre l’Ontario rappelle que la production des Q400 et les CL-415 de Bombardier y sont assemblés et d’autres entreprises emblématiques de l’aérospatiale y sont implantées. Pamela Kanter explique d’ailleurs que « 15 des 25 principaux acteurs de l’aérospatiale ont des activités en Ontario », et pour n’en citer que quelques uns : Airbus Helicopters Canada, Pratt & Whitney Canada, Héroux-Devtek, Safran (MBD) et Safran Electronics, UTAS Landing Systems, Honeywell, CMC Electronics (Esterline), L-3 Communications, Com Dev, MDA …
Autre point commun entre les deux pôles DAIR (Downsview Aerospace Innovation and Research) et ASTech, c’est la similitude qui réside dans la mise en place par chacun d’entre eux d’un hub qui porte aujourd’hui le nom de DAIR pour la partie ontarienne et d’Aigle pour la partie francilienne. Deux complexes similaires puisqu’ils ont chacun vocation à regrouper sur un site unique les compétences d’industriels, d’universitaires et centres de recherche ainsi que des fournisseurs. Pour DAIR, ce projet se situe à Downsview dans la périphérie de Toronto tandis que pour Aigle, il s’agit de l’aménagement de la zone de Dugny en bord de piste de l’aéroport du Bourget.
« DAIR est un organisme relativement nouveau, il veut s’inspirer de l’exemple du projet Aigle (qui accueille progressivement les activités d’Airbus Helicopters en provenance de La Courneuve) mais aussi mettre en valeur une fertilisation croisée à laquelle DAIR pourra apporter son expertise dans des domaines aussi variés que les turbines à gaz, l’aérodynamique, la robotique spatiale et les petits satellites » explique le professeur David Zingg,co-chairman de DAIR, directeur de l’Institute for Aerospace Studies (UTIAS) de l’université de Toronto, et membre du conseil de direction du réseau Green Aviation Research and Development.
Une signature en décembre 2015 avec une première mission en France pour Andrew Petrou et David Zingg qui ont pu sillonner la semaine dernière d’une part le réseau des entreprises franciliennes et d’autre part les universités de la région pour formaliser des contacts. C’était une première mission qui n’en doutons pas ne laissera pas de marbre ni le pôle de compétitivité Aerospace Valley dans le Sud-Ouest, ni Aéro Montréal et la grappe aéronautique québécoise.
Nicole Beauclair pour AeroMorning