Les prolongations du Grenelle de l’environnement sont pleines de bonnes intentions. Et de vraies-fausses initiatives.
Toute décision relative à la protection de l’environnement, et notamment la chasse au CO2, est bienvenue et mérite d’être soutenue sans restriction. Une remarque qui s’applique notamment au transport aérien, parti en retard dans ce combat vital de chaque instant.
Le récent Grenelle de l’environnement, porté par l’enthousiasme militant de défenseurs de la planète Terre par toujours compétents, nous a valu quelques décisions à l’emporte pièce (plus d’aéroports nouveaux, etc.) qui ont déjà fait pschitt. Il aurait mieux valu réfléchir avant de parler mais, on ne le sait que trop bien, ce n’est pas vraiment la façon de faire des politiques.
Dans la foulée, le ministère de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durables continue d’occuper le terrain. Cette fois-ci, avec «la première convention engageant l’ensemble des acteurs du secteur aérien français», une initiative tonitruante du ministre de l’Environnement, l’étonnant Jean-Louis Borloo, qui n’a pas hésité à parler d’accord «historique».
La convention, qui détaille des objectifs très ambitieux, des programmes de recherche à poursuivre, une grande volonté d’aboutir, constitue un fort document très sympathique. Il donne l’image d’un travail considérable réalisé en peu de temps, laissant supposer que l’équipe Borloo y a travaillé jour et nuit. Borloo et surtout Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, une politique tout à fait atypique dans la mesure où elle sait de quoi elle parle.
Reste le fait, dérangeant, que cette convention est un leurre. Elle constitue tout simplement la synthèse d’initiatives engagées de longue date au niveau européen –de bonnes initiatives- que la France reprend à son compte comme si elle les avait imaginées. Et en oubliant que nous ne serions pas dupes : Jean-Louis Borloo ignore, semble-t-il, que le transport aérien est résolument international et que les indésirables tonnes de CO2 ne s’arrêtent pas aux frontières comme un vulgaire nuage nucléaire venu de Tchernobyl.
Dès lors, nous aurions apprécié un peu plus de pudeur dans le propos, de manière à reconnaître que, nous autres électeurs, observateurs, experts, ne sommes pas nécessairement ignares. Mieux, que nous poussons l’audace jusqu’à suivre les travaux, par exemple, de la Commission européenne. Dès lors, Jean-Louis Borloo annonce ce qui était déjà engagé, notamment les travaux des groupes ACARE, le programme Clean Sky, le plan technologique SESAR, doux acronymes qui dissimulent des objectifs européens ambitieux dont certains seront peut-être atteints.
Le problème est toujours le même : il est impossible de dire non à un politique qui cherche à bien faire. Même s’il s’agit de faire signer une convention valable pour une durée de 4 ans (tiens, jusqu’en 2012 !) alors que l’unité de compte la plus petite, ici, est la décennie.
Dès lors, cette convention a été signée par le ministre, la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, déjà citée, Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des transports, Jean-Cyril Spinetta (Air France-KLM), Pierre Graff (Aéroports de Paris), Lionel Guérin (Fédération nationale de l’aviation marchande), Charles Edelstenne (GIFAS), Claude Terrazzoni (Union des aéroports français) et Jean-Baptiste Vallé (syndicat des compagnies aériennes autonomes). Impressionnant !
Rendez-vous est pris pour 2012. Heureusement, d’ici là, loin des politiques, le vrai travail va se poursuivre.
Pierre Sparaco – AeroMorning
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