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Le « Fait Aérien négligé » : Analyse temporelle de la guerre en Ukraine après 9 mois d’affrontements.

La Chronique Aeromorning de Michel Polacco
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Le 24 novembre marquera le début du 10ème mois de guerre en Ukraine. Une guerre à laquelle la majeure partie d’entre nous ne s’attendait pas. Une guerre déjà longue et qui le sera sans doute plus encore. Une guerre d’un genre et d’un style qui interrogent les spécialistes des « opérations militaires », car elle voit s’affronter deux nations entre lesquelles le rapport de force est extrêmement disproportionné. Rien que pour l’aviation, on estime le rapport à 1/9 en faveur de la Russie avec au global 1600 avions contre 170 en face au début du conflit. Et au sol, une armée Russe donnée pour 1.000.000 d’homme, contre 10 fois mois en face. Même si, la Russie n’a mis en action que 150.000 hommes au départ, et si aujourd’hui le chiffre demeure loin de la masse que constitue l’armée Russe.

On pourrait croire, à regarder les opérations et à entendre les commentaires, que la Guerre Aérienne a été perdue par les Russes car ils ont effectivement perdu une centaine d’aéronefs, tandis que les Ukrainiens en ont perdu environ 80. Mais dans un cas, c’est moins de 10% et l’autre c’est plus de 50%. En fait la bataille aérienne n’a pas eu lieu. Peu de combats aériens. Essentiellement des appareils abattus par des armes sol/air. Les deux pays sont truffés de batteries Sol/Air. (Du coup la France s’aperçoit qu’elle en manque !)

La guerre dans ce contexte où le ciel est « libre » se déroule donc au sol. Et personne ne sait expliquer pourquoi la Russie a choisi une telle méthode pour son « opération spéciale », c’est-à-dire sa guerre. Pour bien répondre à ces questions, il faut non seulement connaitre les avis des experts de l’Ouest, mais il faudrait aussi entendre les chefs Russes. Ce qui n’est pas possible. On ne peut donc pas à ce jour parler du « retour d’expérience » de cette guerre en cours, mais d’une analyse temporelle à un point donné. Aujourd’hui.

Je ne reviens pas sur les causes du conflit. Qui fait toujours débat. Je reste sur l’analyse de ce qui est observé depuis 9 mois.

Les Russe pensaient-ils en février que leur menace, avec 150.000 hommes à l’appui, conduirait l’Ukraine à mettre bas les armes ? Comme l’écrivait Clausewitz, « la guerre est un affrontement de volontés ». L’Ukraine n’aurait pas eu selon cette analyse la volonté de gagner ou de se battre contre les Russes ? Pensaient-ils être accueillis en libérateurs ? En cette hypothèse, donc, point besoin d’un gigantesque arsenal. Et nécessité d’éviter la destruction des sites sensibles, essentiels, stratégiques : les voies ferrées, l’alimentation en électricité, les moyens de liaison (téléphone mobiles, réseaux sociaux) et voies de communication, les dépôts de carburant, les pipe line, les grands bâtiments publics et les importants sites industriels ? En cette hypothèse obligation de limiter les bombardements massifs et coûteux en vies humaines puisque la paix devait revenir en peu de temps ? C’est une hypothèse. Et s’est avéré une grave erreur. La dissuasion conventionnelle n’a pas marché ! L’autre hypothèse c’est une vision « soviétique » de la guerre, par les Russes, n’ayant pas pris en compte les expériences modernes des guerres « éclair » dominées dès le départ par « le fait aérien ». La guerre des Six Jours ou la Guerre du Kippour pour Israël, la Guerre du Golfe de 1991. L’amoindrissement de la Serbie, en ex Yougoslavie. Guerres qui ont commencé par la maitrise du ciel, puis se sont achevées par une succession brève d’opérations terrestres pour occuper les points sensibles si nécessaire. En 1991, 28 jours de campagne aérienne ont permis de disposer de renseignement essentiels, d’origine humaine, électromagnétique, satellitaire, et d’anéantir toutes les défenses sol/air irakiennes, toutes l’aviation adverse non évacuée en Iran, et plus qu’amoindri les divisions d’infanterie et d’artillerie et leurs armements, (on parle de 100.000 morts !) détruit les sites de tir de missiles balistiques Scud (qui ont eu un rôle terrifiant majeur pendant un temps). Quand les opérations terrestres ont démarré, moins de 8 jours ont été ensuite nécessaires pour mettre fin aux hostilités. Sans résistance. Le pays était dévasté. Mais la guerre gagnée au moindre prix en vies humaines coté alliés contre l’Irak et en 40 jours.

Donc, c’est un fait, la Russie n’a jamais été maitre du ciel d’Ukraine. Elle n’a pas tenté de s’en emparer. Ni de détruire les défenses sol/air nombreuses. Ce qui lui a couté cher en aéronefs et en objectifs détruits pas des batteries de missiles sol/sol ou roquettes ukrainiens. Elle a mis en dangers ses forces terrestres qui n’ont pas eu d’effet dissuasif et ont perdu une quantité non négligeable de blindés. Images honteuses. De plus les communications restant en service, malgré les attaques et cyber attaques de la Russie par satellite, les téléphones portables des soldats russes étaient sans cesse localisés, donc les soldats, et leurs unités. Et cela particulièrement grâce au réseau multi satellites Starlink de Elon Musk mis à disposition. Ainsi l’information tactique est sans cesse remontée vers les dirigeants ukrainiens. Ukrainiens qui ont en plus bénéficié sans cesse d’informations stratégiques et de ciblage de la part de tous les moyens de renseignement américains, (et également français seconds fournisseurs, mais à plus petite échelle). Ainsi les Ukrainiens connaissaient les positions des meilleurs cibles russes, généralement peu mobiles, type URSS, alors que les moyens Ukrainiens étaient plus difficiles à détruire car usant d’une doctrine occidentale de grande mobilité (comme le font les canons Caesar !), et cela par des forces russes disposant de peu de renseignements.

Ainsi l’on a appris que les Russe jugent l’aviation et les moyens aériens comme un outil de soutien à l’Armée de Terre, tout comme nos généraux des débuts de la Guerre de 1914, et du reste le chef d’état major de l’Armée de l’Air Russe (« la VKS ») n’est pas un aviateur au déclenchement des opérations en février !

Voici pour les premiers mois de cette guerre, avant que la stratégie change en octobre avec des tirs mieux ciblés sur des sites plus sensibles en Ukraine, coupant les lignes électriques et faisant des dégâts plus pénalisants. L’aide occidentale c’est vrai est d’un effet majeur sur les opérations menées par les forces ukrainiennes. On pourrait dire que les chefs de guerre sont aux USA, ou au sein de l’OTAN, et que les dirigeants ukrainiens gèrent une stratégie de communication médiatique très efficace, tout en bénéficiant des meilleures informations militaires que possède l’occident. Mais ce n’est pas l’Ouest qui fournit les soldats (en tout cas peu ou pas selon les dirigeants politiques, car ce serait s’impliquer dangereusement).

Parlons des drones et des missiles, des drones suicide, des drones rôdeurs, et des armes hypersoniques. Les drones suicide n’existent pas. Ce sont des drones, donc capables de revenir à leur base, contrairement aux missiles qui disparaissent obligatoirement avec leur charge. Mais certains drones sont programmés pour conduire leur charge jusqu’à l’objectif et donc à se détruire. Ils peuvent roder en attendent que le « pilote » ait une cible à proposer. Décision alors inscrite dans leur programme, et non assimilable à une « intelligence » qui préconiserait le suicide. Les missiles russes sont relativement peu efficaces du fait du manque d’informations et de la mobilité des cibles adverses. Ce qui n’est pas le cas des missiles tirés par les ukrainiens. Quand aux missiles hypersoniques, jusqu’ici peu nombreux, sans doute par manque de stock et aussi de cibles dignes d’un tel coût, ils pourraient jouer un rôle de « game changer », (changer l’échelle du conflit). Mais ce n’est pas ce qui apparait à ce jour.

Ainsi, dans ce combat entre David et Goliath, il ne faut pas négliger la force de Goliath. Elle existe. Elle n’est pas bien utilisée. Pour des raisons encore peu explicables. David montre une combattivité et une capacité à bien employer le soutien occidental, toutes matières confondues, qui est impressionnante. L’hiver arrive. Le Russe Goliath peut encore changer de stratégie. Que fait-il à Kherson ? Et avec le Dniepr, troisième plus grand fleuve d’Europe ? En tout cas, la Russie de Vladimir Poutine a des moyens en réserve qu’il ne faut pas négliger. Et encore la possibilité de changer de stratégie.

Mais, et c’est la « conclusion » de cette histoire, il ne faut pas remettre en cause la « puissance aérienne ». Ce qui trouble les stratèges les plus fragiles. Ce n’est pas parce que les Russes n’ont pas fait « donner » l’aviation et l’aérien qu’elle n’est pas, de nos jours, la première puissance dont il faut disposer et en cas de besoin faire usage, dès le départ, pour remporter un conflit. De quoi donner un contenu (en France aussi) lors de la discussion des budgets et de la prochaine loi de programmation militaire prévue pour 2024-2030.

Michel Polacco pour AeroMorning.com