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La géographie militaire

La Chronique Aeromorning de Michel Polacco
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3 août 2022

L’Institut Géographique National dans sa dernière livraison d’IGN Magazine nous rappelle que la géographie est au cœur des opérations militaires. Et précise l’amiral Nicolas Vaujour, au « cœur des décisions ». Comment opérer sans connaître d’une part la topographie, le relief, les fleuves et ruisseaux, les routes et chemins, les obstacles, les bords de mer et les îles ou les écueils. En fait tous les chemins à suivre, que ce soit pour les avions ou les missiles ou drônes, les navires ou les engins terrestres ont besoin de tracer leur navigation, connaitre le meilleur chemin, savoir où passent les voies ferrées, ou débutent ou finissent les tunnels, les ponts et viaducs. Les zones portuaires. C’est valable partout où se mènent les entraînements ou les opérations. 

La géographie change. Chaque jour des obstacles, antennes, pylônes, apparaissent ou sont supprimés, des routes nouvelles sont créées, des voies ferrées supprimées ou ajoutées, des cours d’eau en crue ou à l’étiage, des tours urbaines à la hauteur incroyable sont inaugurés ça où la dans le monde.

Les opérations ne peuvent être menées qu’en prenant en compte tous ces éléments, au travers de leurs coordonnées géographiques, à l’aide de systèmes d’aide à la navigation, au positionnement de type GPS, INS (Inertiel) radar, cartographie classique, Infra Rouge, et balises radioélectriques là où elles existent encore et sont accessibles.

Les géographes, chez nous à l’IGN, utilisent des outils sophistiqués, satellites, avions, ballons, drones, mais aussi des arpenteurs, tout en puisant dans la documentation disponible, cadastres, cartes routières, et en se méfiant des duperies, tromperies et leurres que peuvent utiliser d’éventuels pays pour protéger certains secrets industriels ou militaires.  On se souvient que le centre de lancement spatial soviétique de Baïkonour a toujours été situé par l’URSS à plusieurs centaines de kilomètres de son emplacement réel.* !

La préparation à la conduite des opérations exige de faire appels aux connaissances du GHOM ou SHOM, services géographique, hydrographique, océanographique et météorologique des armées. Ainsi les opérations aéroportées, amphibies, les missions des Sous-marins d’attaque (SNA) ou Stratégiques (SNLE) demandent des analyses permanentes des conditions géographiques et météorologiques des zones concernées. Il s’agit dit l’Amiral, d’une science, ou d’une combinaison de sciences très complexe, qui repose sur des connaissances et des compétences très nombreuses, qui évoluent sans cesse, car tous les systèmes d’armes emploient aujourd’hui de l’information précise de positionnement, tant pour les cibles ou objectifs que pour les trajectoires qui y conduisent.

L’univers de la Big Data et de la 3/4D est donc la base de ces sources d’informations. Grossissant sans cesse. Le monde est numérique. L’intelligence artificielle (IA) entre dans la danse, comme les calculateurs sont de plus en plus performants. Un système d’information GEODE 4D en cours de mise au point sera bientôt au service de nos militaires ou de nos services de renseignement.

L’IGN, partenaire externe aux armées leur est structurellement et politiquement lié. Il ne faut pas négliger la géographie ! Michel Polacco pour AeroMorning.