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Jean qui rit, Jean qui pleure

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chronique aéronautique

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Les transports aériens sont confrontés à des prévisions contradictoires. Fin de cycle haut ou stabilité ?

Il y a de quoi y perdre son latin. D’un côté, nombre d’économistes craignent que la fragilité de l’économie américaine ne suscite un dangereux mouvement de dominos susceptible de contaminer la planète tout entière. De l’autre, les compagnies aériennes, pourtant installées aux premières loges, affirment ne déceler aucune prémisse de turbulences.
Faute de mieux, examinons les statistiques de trafic les plus récentes de l’IATA. Elles couvrent les 11 premiers mois de l’année dernière et sont riches de bonnes surprises. A commencer par le constat d’une progression de la demande de 7,5%, très nettement au-dessus de la moyenne attendue à moyen/long-terme qui reste de l’ordre de 5%. De plus, le coefficient moyen d’occupation des sièges reste supérieur à 75% et il est ainsi meilleur qu’en 2006.
Bien sûr, il s’agit là de chiffres moyens couvrant la quasi-totalité de l’année dernière. Pour tenter de déceler un mouvement de recul, on peut évidemment isoler les données les plus récentes, c’est-à-dire celles relatives à novembre dernier. On découvre alors que la progression de la demande (passagers internationaux uniquement) s’est propulsée au niveau record de 9,3%. On n’avait pas vu cela, même de manière éphémère, depuis 18 mois.
De là à conclure que les signes précurseurs d’une très éventuelle fin de cycle haut ne sont pas au rendez-vous, il n’y a qu’un pas. Mais faut-il le franchir pour autant ? Giovanni Bisignani, directeur général de l’IATA s’y refuse et, pire, il estime nécessaire, textuellement, de tirer la sonnette d’alarme. Quel rabat-joie !
Il se justifie pourtant avec un certain pragmatisme. Les économistes du groupement professionnel, dont les modèles économétriques ont fréquemment donné la preuve de leur bien-fondé, estiment que la croissance du trafic passagers va retomber cette année à 5%. Mais il sera alors dans la norme et on ne comprend pas pourquoi ce constat, encore à confirmer, justifie un ton alarmiste.
On en devine néanmoins la raison en jetant un coup d’oeil du côté du fret. En 2007, il a progressé de 3,9%, contre 4,8% au cours de l’année précédente. Sachant que les flux de marchandises constituent un excellent baromètre économique, il y a là matière à froncer les sourcils. Mais sans plus.
Reste la sempiternelle question du prix du carburant. Proche de la barre fatidique des 100 dollars le baril (un seuil psychologique brièvement atteint au tout début du mois), il pèse très lourd dans les coûts d’exploitation des compagnies. Mais ce n’est pas nouveau, tant s’en faut, et cette tendance devrait être qualifiée d’inéluctable, une fois pour toutes.
On aimerait que les tarifs aériens en reviennent au «tout compris» et ne soient pas agrémentés, si l’on ose dire, d’hypocrites «surcharges carburant». Ce n’est pas le cas dans la mesure où les dirigeants de compagnies, qui ne méritent pourtant pas d’être qualifiés de doux poètes, continuent apparemment de croire que tout cela finira par s’arranger.
Faux ! La planète Terre est irrémédiablement entrée dans l’ère de l’or noir hors de prix et, pire, vit de plus en plus dangereusement, c’est-à-dire trop près du point de rupture entre l’offre et la demande. Et c’est bien là que se trouvent les vraies raisons d’inquiétude.
Le peu d’empressement mis à produire un pétrole synthétique qui permettrait de retrouver peu à peu la stabilité, constitue le plus énorme point d’interrogation de ces dernières décennies. Face à Jean qui rit et Jean qui pleure, il y a aussi Jean qui pense à autre chose. En clair, Jean irresponsable.
Pierre Sparaco – AeroMorning

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