Les rares accidents qui se produisent dans le domaine aérien sont souvent liés aux savoirs ou au comportement des opérateurs. Pilote, contrôleur, mécanicien. Les cas les plus graves sont plutôt liés aux pilotes, derniers remparts dans la longue chaine de sécurité, seuls capables de corriger les erreurs ou fautes de leurs prédécesseurs dans la chaîne, voire les leurs, bien sûr, s’ils en ont conscience. Ainsi, la formation qui est un des domaines les plus élaborés depuis des décennies, reste une source majeure de sécurité dans le minuscule univers des catastrophes, ou le faible univers des incidents générateurs de retour d’expérience.
Grace à Hinfact, une nouvelle étape est en cours d’être franchie. Cette jeune entreprise toulousaine exploite des technologies élaborées dans des cénacles comme l’ISAE Sup Aero, et fournit déjà des services à des écoles de formation comme l’ENAC, l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile, ou des compagnies aériennes comme Corsair. Il s’agit lors de la formation, le plus souvent au simulateur, de détecter les faiblesses techniques ou comportementales des pilotes en formation continue, ou des élèves pilotes, pour apporter à l’instructeur, formateur ou examinateur, des informations qui aujourd’hui lui échappent et manquent donc à son analyse, puis à son débriefing en fin de séance. A l’aide de nombreux capteurs et caméras.
Exemple, dans une phase critique, décollage, montée, approche, un système d’Eye Tracking, analyse le regard des opérateurs aux commandes et note que leur attention ne s’est pas portée sur l’assiette de l’avion, ou sa vitesse, pendant un long moment. Cela, placé en arrière, l’instructeur ne peut pas le voir. De même, en computant les données relevées par l’instructeur au cours de la séance, et les data collationnées par le simulateur, le système logiciel Hinfact permet de dégager les anomalies ou écarts sur la trajectoire, la tenue des paramètres, ou la qualité des échanges entre les membres d’équipage ainsi que leur conscience de la situation. Analyse donc technique et facteurs humains, mise en forme pour augmenter la pertinence du formateur et par là, la qualité de la formation délivrée.
Chaque pilote, chaque compagnie peut trouver dans cette suite logicielle un moyen d’accroitre la performance des pilotes, sachant qu’à terme, le service Hinfact sera proposé pour d’autres métiers de l’aérien, puis d’autres métiers touchant au domaine sensible de la sécurité comme le pilotage des centrales nucléaire ou des réacteurs embarqués sur les bâtiments militaires ou le monde médical, en particulier chirurgical.
La méthode est d’autant plus utile et efficace que l’on touche à des métiers ou l’action est critique et le stress intense, au moins dans certaines périodes.
A l’arrivée, meilleure formation, plus courte, moins chère. Une part de l’information restituée au formateur étant mise ne forme de manière explicite grâce à l’usage de briques de ce que l’on appelle aujourd’hui l’IA, l’intelligence artificielle, car tenant compte des mécanismes de fonctionnement du cerveau humain !
La société vient de lever quelques 4 millions d’euros, elle reçoit des demandes d’Asie, du Moyen-Orient et de nombreux pays d’Europe. Hinfact sera bien sûr présente au Salon de l’Aéronautique et de l’Espace 2023, au Bourget du 19 au 26 juin prochain. Michel Polacco pour AeroMorning
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