La dernière édition du Business Café Prévifrance, le 27 novembre à Toulouse, a été l’occasion de mettre un coup de projecteur sur Hinfact, une start-up aux solutions très attendues par le secteur aéronautique. Cette jeune société a mis au point, en concertation avec les professionnels du secteur, un outil d’aide à la formation des pilotes basé sur la technologie eye tracking. Une innovation logicielle au service des pilotes, des formateurs et de la sécurité, qui entre en phase de commercialisation.
C:\Users\amasson\Downloads\Capture d???écran 2019-07-26 à 17.04.15.pngA l’ISAE-SUPAERO, étudiants et chercheurs explorent les mille et une facettes d’un monde aéronautique en constante évolution. Parmi elles, la prévention des accidents, qui passe encore et toujours par une optimisation de la formation, initiale et récurrente, des pilotes. La start-up Hinfact est l’émanation directe d’une volonté de croiser sciences, innovation et sens pratique pour proposer une solution concrète à cette problématique.
En coopération étroite avec des instructeurs, l’équipe fondatrice, composée de deux jeunes diplômés et de trois chercheurs du laboratoire de facteurs humains et de neuro-ergonomie, a développé un outil de soutien à la formation des pilotes. Elle propose aujourd’hui une solution logicielle baptisée Gazecraft qui s’appuie sur un système embarqué de « eye tracking ». Des caméras infra-rouge, discrètement réparties dans le simulateur de vol, filment le regard du pilote en formation, tandis que des algorithmes détectent et traitent les mouvements des pupilles. Ces données, couplées à celles du simulateur, offrent en temps réel une analyse très fine des comportements et des actions lors des différentes phases de vol. Des informations précieuses qui, déclinées en deux outils, serviront tant au formateur présent lors de l’exercice qu’à l’orientation des programmes de formation.
« Nous sommes partis d’une technologie simple et éprouvée, les caméras infra-rouge, pour bâtir un système d’analyse intégré très poussé qui apporte un véritable plus dans la formation des pilotes, explique Thomas Bessière, co-fondateur et CEO de Hinfact. Cela permet aux formateurs, au-delà de l’évaluation directe des compétences-socles, d’étudier une multitude de paramètres, comme la communication, dont l’amélioration a un impact immédiat sur la réduction des erreurs de pilotage. »
UNE COMMERCIALISATION ATTENDUE
La jeune start-up compte aujourd’hui 11 salariés et entame sa deuxième année d’existence en franchissant le seuil symbolique de la commercialisation, programmée début 2020. Premiers clients visés : les quelque 300 compagnies aériennes majeures et les grands centres de formation indépendants, qui surveillent de près l’arrivée de ce nouvel outil.
« Gazecraft présente un intérêt supplémentaire pour ces entités, souligne Thibault Vandebrouck, CTO de Hinfact, celui de faciliter l’implémentation prochaine des nouveaux standards dans les programmes de formation, grâce à des outils digitaux très agiles. Remontées de données, adaptation des programmes et définition des objectifs, tout est intégré et facile d’utilisation. » Une solution aujourd’hui tellement aboutie qu’elle peut aisément être déployée sur différents postes de pilotage. « Tout opérateur de système critique est susceptible d’être concerné, confirme Thomas Bessière, car Gazecraft s’adapte aux hélicoptères comme aux sous-marins ! ».
UNE COLLABORATION AVEC LE GÉANT SMART EYE
Autre nouveauté pour l’entreprise, le début d’une collaboration avec le leader mondial de la technologie eye tracking, le suédois Smart Eye. Une opportunité pour l’un d’accéder à des innovations directement complémentaires de son activité et pour l’autre de bénéficier de l’expérience et du vaste réseau international de distribution d’une entreprise présente sur de multiples marchés. Les deux entreprises participeront ensemble au salon ITSEC d’Orlando, en Floride.
Si l’aventure de Hinfact n’en est qu’à ses débuts, ses dirigeants ont donc de belles perspectives devant eux. Un développement qui s’accompagnera d’un déménagement vers l’Innov’Space voisin, des embauches supplémentaires après trois récentes conversions de stages en CDI et une levée de fonds, « quand nous nous sentirons prêts », conclut Thomas Bessière.