Après avoir battu leur record du nombre d’avions livrés en 2017, les deux géants de l’aviation commerciale connaissent un début d’année 2018 variable. Tandis que Boeing confirme une meilleure performance de date à date sur le premier trimestre, Airbus est en léger retrait sur l’exercice concernant les livraisons d’avions commerciaux.
Livraisons : Boeing garde une légère avance
Lors de l’annonce des chiffres du premier trimestre 2018, l’avionneur de Seattle a déclaré avoir livré 184 avions de lignes à ses clients. Ces chiffres illustrent les efforts mis en place pour accélérer les cadences de production et traduisent une hausse d’activité de 8,8% par rapport à la même période en 2017. De son côté, Airbus a présenté des résultats un peu plus timides, marqués par une baisse du nombre de livraisons d’avions commerciaux de 11%. Celles-ci sont passées de 136 unités pour le premier trimestre 2017 à 121 unités pour la même période de cette année.
Malgré des résultats un peu en baisse, Airbus conserve une avance considérable sur son adversaire quant au carnet de commande global. L’avionneur européen doit en effet encore honorer un total de 7 179 commandes, quand Boeing ne compte pas plus de 5 838 appareils sur son carnet de commandes. Une situation confortable pour Airbus qui s’est toutefois un peu dégradée en ce début d’année 2018 : le nombre de commandes que l’entreprise a enregistrées sur les quatre premiers mois s’élève à 86 unités alors que Boeing a pour sa part réussi à engranger 268 commandes nettes sur la même durée.
Des chiffres qui confirment des positions de force
Lorsque l’on prête attention aux détails des avions livrés par les deux avionneurs, il est aisé de se rendre compte des positions de force occupées par ces derniers. En élargissant l’étude aux tendances des années précédentes, on s’aperçoit qu’Airbus privilégie la production de ses monocouloirs. Sur les livraisons du premier trimestre 2018, les avions de la famille A320 (A319, A320 et A321) représentent ainsi 78% des avions produits. Cette constatation est sans surprise, dans la mesure ou Airbus dispose du plus gros carnet de commandes d’avions monocouloirs, avec un total de 6 126 A320 à livrer, contre seulement 4 622 B737 pour Boeing. Il est donc essentiel pour le géant européen de faire monter en puissance ses cadences de livraisons d’A320. Sa direction annonçait en février dernier vouloir livrer jusqu’à 75 A320 par mois, contre 50 aujourd’hui.
Même si Boeing dispose d’un carnet de commandes en monocouloirs moins fourni avec son 737, il est évident que l’avionneur privilégie ses programmes gros porteurs et entend conserver l’avance sur Airbus dans ce domaine. Au cours des quatre premiers mois de 2018, près de 30% des avions livrés par Boeing étaient des long-courriers – contre 22% de long-courriers pour Airbus –. Parmi ceux-ci, le 787 apparaît clairement comme fer de lance et distance son grand frère le 777, dont la production diminue graduellement en préparation de l’arrivée du 777X nouvelle génération (voir chronique du 10 janvier 2018). Airbus conserve une activité de production de gros porteurs encore faible et n’a livré que 17 A350 depuis le début d’année.
Avec un carnet de commande global qui lui est largement favorable, Airbus doit encore prouver que ses unités de production pourront atteindre les niveaux de cadence annoncées. Boeing bénéficie de coûts de production plus avantageux et parvient à produire aujourd’hui plus d’appareils. Concernant l’avenir, il est certain qu’Airbus conservera son avance sur le marché des monocouloirs. L’arrivée prochaine de l’A330NEO et la montée en cadence des livraisons d’A350-1000 pourraient contribuer à fragiliser la position de leader de Boeing sur le segment des long-courriers.
Loïck Laroche-Joubert pour AeroMorning