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Discours de Frédérique Vidal à l’occasion du Sommet des agences spatiales au CNES

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Monsieur le Président-Directeur Général du CNES, Cher Jean-Yves

Monsieur le Directeur Général de l’ESA, cher Johann-Dietrich Woerner

Mesdames et Messieurs les Présidents et directeurs généraux d’agences spatiales

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse de participer avec vous à ce que l’on peut considérer comme un moment historique. A la veille du « One Planet Summit » organisé à Paris à l’initiative du Président de la République Emmanuel Macron, nous voici tous réunis, au siège du CNES, pour créer un « Observatoire Spatial du Climat ».

C’est une initiative extrêmement structurante, emblématique de la force de la communauté scientifique mondiale quand elle s’unit pour se mettre au service d’un défi majeur qui est posé à l’humanité, celui du changement climatique. Elle réunit, avec une ampleur jamais égalée, les chefs d’agences spatiales du monde entier avec plus de 25 pays représentés, tous unis autour de ce défi commun : mieux comprendre le changement climatique et parvenir à y apporter ensemble des solutions concrètes. Il y a urgence !

Depuis plus d’un siècle l’influence de l’Humanité sur l’environnement est perçue (le géologue italien Stoppani comparait en 1873 à « une nouvelle force tellurique qui par sa puissance et son universalité peut être comparée aux grandes forces de la Terre ») et il est maintenant considéré que le monde est entré dans l’ère de l’ « Anthropocène ». Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, on pourrait, en reprenant les mots  de l’intellectuel français Bruno Latour « déclarer officiellement que la force la plus importante pour donner forme à la Terre [est] celle des humains ». Dans cette optique, il faut donc bien  « situer l’influence des humains à la même échelle que les fleuves, les inondations, l’érosion et la biochimie. »[1]

Ce changement climatique global, dont on sait maintenant qu’il est ainsi essentiellement d’origine anthropique, est une menace pour l’économie, la paix, les conditions de vie d’une part importante de la population mondiale, et à terme pour la planète entière. Il est devenu vital d’agir sur plusieurs fronts en parallèle si on veut parvenir à l’objectif de limiter le réchauffement global à moins de 2 degrés.

Le temps où l’on pouvait considérer notre planète comme une juxtaposition d’écosystèmes cloisonnés est désormais révolu. On sait aujourd’hui qu’atmosphère, hydrosphère, lithosphère et biosphère interagissent sans cesse comme un système unique aux très nombreuses variables interdépendantes. Cette fantastique complexité force l’humilité. Elle ne peut s’aborder qu’en mobilisant les meilleurs chercheurs et doit nous convaincre chaque jour un peu plus de tout l’intérêt d’aborder ce sujet ensemble, en tant qu’ « humanité ». Le défi est colossal, l’enjeu majeur…

Observer, mesurer, modéliser, expérimenter, essayer d’expliquer le passé et contribuer à anticiper l’avenir : cela procède d’enjeux scientifiques, bien sûr, mais également d’enjeux sociétaux et économiques.

La déclaration que vous signez ce soir vise à créer un « Observatoire Spatial du Climat », dont le but sera de mutualiser les données portant sur l’étude du climat obtenues depuis l’espace et de faciliter leur utilisation par l’ensemble de la communauté scientifique mondiale et à la société dans son ensemble.

Je tiens à saluer cet engagement fort de la communauté spatiale mondiale, auquel je souscris pleinement, ainsi que la pertinence de l’approche directement internationale qui est développée. Un accord politique historique a été conclu lors de la conférence de Paris en 2015 dans le cadre de la COP21. Il était désormais de notre responsabilité collective d’en assurer la mise en œuvre, en exploitant pleinement les apports des sciences et des technologies spatiales. La création de cet Observatoire Spatial du Climat va y contribuer directement.

Tout d’abord car il va permettre d’aboutir à une meilleure compréhension scientifique de l’ensemble des phénomènes naturels qui régissent le système terrestre. Grâce aux efforts du GIEC, le groupe inter­gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, nous avons bien progressé, mais je crois qu’il reste encore beaucoup à faire. Or, l’ensemble de la communauté scientifique, qui s’est mobilisée de façon très dynamique, a besoin de données. Et on sait que plus de la moitié des variables climatiques essentielles ne peuvent être valablement mesurées à l’échelle du globe que depuis l’espace. En fait, la vision globale, permanente, immédiate et transfrontière qu’offrent les satellites est un atout formidable de ce point de vue. Les satellites d’observation de la Terre déjà en orbite, complétés par ceux que nous allons lancer dans les années à venir, fourniront des données d’une grande richesse.

Notre défi consiste ensuite à rendre ces données largement accessibles, et interopérables, et à en garantir l’homogénéité sur de longues périodes. Il nous faut favoriser la mise en place d’un système de distribution et d’archivage de ces données à destination des utilisateurs scientifiques et non scientifiques. Par ailleurs, ces données prennent toute leur valeur lorsqu’elles peuvent être croisées entre elles, ainsi, et c’est très important, qu’avec des données locales prises in situ au sol, dans l’océan, ou bien dans les airs à l’aide d’avions ou de ballons. C’est un enjeu scientifique majeur et  cet observatoire spatial du Climat est une avancée très prometteuse en ce sens.

J’en profite pour saluer la présence ici ce soir des lauréats qui ont répondu à l’appel du Président de la République « Make Our Planet Great Again » dès le mois de juin dernier. Il s’agit de personnalités scientifiques d’exception, venants de tous les continents et formées dans les meilleures universités mondiales. Sélectionnés par le CNRS et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), ils rejoindront, dès 2018, les meilleurs laboratoires de recherche français dans leur domaine dont certains sont présents ici ce soir. Je tiens à les féliciter chaleureusement. Ils travaillent sur des thématiques variées relevant bien sûr de la compréhension et de la modélisation du système terre mais plus largement de l’impact du changement climatique et de la transition écologique et énergétique. Vous le savez, c’est précisément parce que plus de la moitié des variables clés de l’évolution du système terre ne sont visibles que du ciel que votre initiative est fondamentale. Ces lauréats présents ce soir seront ainsi parmi les premiers utilisateurs de votre « Observatoire Spatial du Climat ». Je veux ici d’abord à nouveau les féliciter très sincèrement, puis, en leur nom à tous, vous remercier de contribuer à rendre leurs recherches possibles, car il s’agit de l’avenir de notre planète qui est en jeu.

Cet observatoire va également nous permettre – et par nous j’entends les décideurs politiques et acteurs de la société civile – de continuer le travail de conviction auprès de tous les gouvernements et des opinions publiques nationales (dans l’hypothèse où certains ne seraient pas encore convaincus…) de la nécessité de mesures fortes pour maintenir le réchauffement global dans des limites acceptables. Vous avez toutes et tous, femmes et hommes du spatial, un rôle clé à jouer aux côté des experts du GIEC : nous aider dans cette diplomatie du fait scientifique, qui nécessite une alliance forte des politiques, des scientifiques et de la société civile. C’est un point essentiel : le GIEC a heureusement joué son rôle d’alerte, mais pour aller plus loin, il faut travailler la main dans la main pour faire évoluer notre vision du monde et transformer nos modes de vie.

 

Je prendrai deux exemples :

–  le suivi régulier de la montée du niveau des océans, grâce aux satellites altimétriques, devrait suffire à convaincre toute personne sensée que si rien n’est fait, non seulement des îles magnifiques comme les Maldives sont en danger, mais aussi à terme la plupart des grandes villes côtières, comme par exemple New York pour ne citer que celle-ci.

– les violents épisodes cycloniques récents, les incendies régionaux comme celui qui frappe actuellement la Californie, la désertification du Sahel ou les crises de l’eau récentes ou à venir qui sont des manifestations du changement climatique. Et je tiens à souligner ici un rôle indispensable que jouent les satellites dans le soutien à la gestion des catastrophes naturelles, grâce à la Charte internationale espace et catastrophes majeures mise en place en l’an 2000.

L’implication du spatial dans le cheminement vers les objectifs de développement durable de l’ONU, dans l’étude de l’évolution du climat et de la crise de l’eau, dans la gestion des catastrophes, sera abordé à l’occasion de la conférence UNISPACE+50 en juin prochain à Vienne. La France aura l’occasion d’y défendre à nouveau la nécessité d’une approche globale, politique et scientifique, de ces problématiques, et le rôle majeur qu’à y jouer le spatial.

J’en termine par le point peut-être le plus important même si c’est sans doute le plus difficile : je suis intimement persuadée que le sens de l’histoire est d’aller vers la mise en place par chaque Etat de protocoles pour réguler les émissions des principaux gaz à effet de serre. Je n’ignore pas combien ce sera long et difficile d’aboutir à un consensus sur une telle démarche, mais je ne vois pas comment le monde pourra y échapper s’il veut survivre. Or tout protocole a besoin d’instruments de suivi acceptés par tous. Seuls des satellites très performants seront à même de mesurer de manière indépendante les émissions anthropiques de gaz à effet de serre au niveau de chaque grande ville, de chaque groupement industriel. La Commission européenne envisage un tel satellite parmi les futures Sentinelles de Copernicus, et je m’en réjouis. Le projet franco-allemand Merlin de mesure du méthane et le projet franco-britannique MicroCarb de mesure du gaz carbonique, les deux principaux gaz à effet de serre, en seront de très utiles précurseurs.

Pour conclure, vous avez compris que je suis donc extrêmement favorable à cette rencontre que vous organisez ce soir, (cher Jean-Yves Le Gall), et je remercie tous les responsables d’agences spatiales et les responsables politiques ici présents d’avoir accepté le principe de cette rencontre. La Déclaration historique que vous signez ce soir, la proposition dont vous avez discuté de créer un « Observatoire Spatial du Climat » au service de la recherche scientifique, viennent alimenter très utilement, et même renforcer le sommet du climat que le Président de la République va ouvrir demain.

 

Je vous remercie.