Désinfectisation, la nouvelle norme, avec de nouvelles technologies
Toulouse, le 18 janvier 2021 – Julian EHRHARD, Vice Président Développement et Engineering d’UUDS, société familiale française a répondu aux questions d’AeroMorning cette semaine :
AeroMorning : Comment UUDS a pu réagir à la crise ? Celle-ci a-t-elle déclanché de nouvelles innovations ?
Julian EHRHARD : Depuis toujours notre stratégie a été d’équilibrer nos produits et nos services. Quand la crise est survenue, nous avons joué sur les deux activités pour basculer de l’industrie vers le service pour maintenir notre activité.
Pour ce qui est de nos produits il s’agit d’aménagements cabines, de transport médicalisé en avion ou d’évacuations sanitaires, et concernant nos services, nos activités sont orientées vers la décontamination, la dépollution, la désinfection pour ne citer que ceux là. Avec l’arrivée de la crise du Covid-19, nous avons concentré nos forces de l’industrie vers le service de désinfection et de décontamination, et nous avons opéré un transfert technologique vers le ferroviaire. Ainsi nous avons vu une stabilisation à 100% de notre activité, et avons fait croître nos effectifs avec de nouvelles embauches. En 2020 la répartition de nos salariés est passée de 50 à 70% sur nos services et de 50 à 30% sur nos produits.
Cette répartition a été faite sur 2 axes, le premier étant la diversification et le transfert de technologie de l’aéronautique vers le ferroviaire, (ainsi toutes nos opérations ont pu être transférées vers le ferroviaire au plus haut niveau). L’environnement ferroviaire étant très différent de celui de l’avion, les volumes de contacts étant plus élevés nous avons mis en place des protocoles très poussés de décontamination avec des produits rémanents pour conserver un environnement autodécontaminant .
Nous recevons chaque année un Crédit Impôt Recherche du CIR qui nous a permi en 2020 de concevoir un procédé nouveau et innovant « la désinfection à effet rémanant » Dans le ferroviaire. L’avantage, une désinfection quotidienne peut être remplacée par une désinfection tous les 5 jours, combinée à des traitements Air et Contact, divisant ainsi les coûts par 7 et la mobilisation des appareils.
Ces traitements Air et Contact sont en rupture technologique, avec un traitement par nébulisation de l’air.
Le second axe s’est centré autour du développement de l’activité de Transport Médical et d’évacuation sanitaire. Nous avons équipé un grand nombre d’avions pour des rapatriements sanitaires ou des transferts de patients. Nous avons produit des civières et des systèmes d’oxygène (accidents ou assistance respiratoires dues au Covid.
Nous avons travaillé sur des vols quotidiens depuis mars 2020 en particulier entre la France et les Dom Tom qu’il s’agisse de rapatriements de ressortissants ou de transferts de Mayotte vers la Réunion ou vers la France.
AeroMorning : Avez-vous réalisé de nouveaux investissements ?
Julian EHRHARD : Nous avons investi tout à la fois sur l’engineering et l’investissement matériel pour nos services ou la production de nos équipements. Le transfert de technologie vers le ferroviaire et le développement d’équipements, ainsi que le transport médicalisé ont bénéficié d’un investissement de notre part à hauteur de 800 000 euros, pour le développement de nouveaux produits et équipements de services.
Notre société, dotée d’une technologie franco-française, et qui exporte mondialement, a investi à 100% en France. En 2020, le Président de la société, Gilles Nègre, a décidé d’investir plus d’un million d’euros pour soutenir et participer à la relance de l’emploi en France et en fait un principe éthique.
AeroMorning : Avez-vous d’autres champs d’expansion ?
Julian EHRHARD : En 2021 nous allons vers une extension du périmètre de traitement vers le ferroviaire, et nous avons en vue le développement de produits médicaux. Nous faisons partie des 2 (avec Krys) en Ile de France ayant obtenu le plus haut niveau de subvention, (700 000 euros), pour supporter nos projets de diversification, et sommes référencés comme projet clé face au Covid.
La Pandémie va changer les modes de vie, durablement, le principe de désinfectisation déjà très établi dans l’aérien devient un objectif local, une nouvelle norme, et cela nous l’intégrons dans notre stratégie d’innovation et de croissance.
AeroMorning : En terme de maintenance avez-vous un programme de maintenance prédictive ?
Julian EHRHARD : Tout ce que nous faisons est conçu pour être adaptif aux situations, le protocole défini prends en considération les opérations. Quand on parle de traitement rémanent on va l’adapter en fonction des taux d’utilisation. UUDS a développé ses propres logiciels de maintenance prédictive, pour piloter les opérations, de la mise en place du contrat à la mise en place des fréquences et du suivi. Sur le ferroviaire, il s’agit du software « ECONET », et pour l’aérien d’ « ECOSHINE ».
AeroMorning : Quels sont vos marchés porteurs géographiquement ? Quel changement par rapport à la situation avant le COVID-19 ?
Julian EHRHARD : Depuis 2013, UUDS a investi dans la diversification internationale et développant ses marchés sur l’Asie, l’Amérique Centrale du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Aujourd’hui hormis la France et les Dom Tom on identifie deux zones ayant rééllement repris, les Emirats aux Moyen Orient, et l’Asie ensuite avec La Chine, via China Southern, et l’Inde.
Aujourd’hui le Moyen Orient et la Chine sont les plus dynamiques à l’international.
AeroMorning n’a pu résister à poser une ultime question : Quels pronostics donnez vous pour l’issue d cette crise de Covid-19 sur l’économie ?
Julian EHRHARD : Aujourd’hui quand on voit les mesures prises par l’IATA et les compagnies aériennes, la mise en place d’un passeport vaccin international pourrait débloquer la situation. Au départ on misait sur 2025. Aujourd’hui on pense que ça peut aller bien plus vite, et les états doivent vite s’entendre pour le mettre en place. Dubai par exemple a mis en place un test PCR au départ et à l’arrivée, et on voit aujourd’hui que c’est le seul pays qui a retrouvé son activité.
On espère une rupture au Printemps avec des gens confinés, un vaccin plus répandu et un effet de tassement sur le virus. On imagine une reprise générale cet été pour les flux transnationaux de passagers. L’activité industrielle pourrait, elle, prendre plus de temps, (1 à 2 ans). Propos recueillis par Nadia Didelot pour AeroMorning