Croissance prévue de 3,4 % des revenus en 2016 pour le secteur A&D
Étude Deloitte » Les grandes tendances 2016 de l’industrie aéronautique et défense »
Neuilly-sur-Seine, jeudi 16 juin 2016
À la veille du Paris Air Forum, Deloitte publie les résultats de sa deuxième étude sur les tendances de l’industrie aéronautique et défense (A&D). Après une année 2015 en demi-teinte, l’ensemble du secteur A&D devrait enregistrer une croissance du chiffre d’affaires de 3,4 % de ses revenus en 2016. L’étude met en lumière les grands enjeux auxquels l’industrie va devoir faire face : l’innovation, les fusions et acquisitions, la cybersécurité et la gestion des talents.
- Pour optimiser leur supply chain, les 400 premières entreprises industrielles mondiales devraient investir 7 milliards de dollars d’ici à deux ans dans les nouvelles technologies. Les entreprises du secteur A&D ne font pas exception.
- Le secteur a connu une année record en termes de fusions et acquisitions avec des transactions s’élevant globalement à 54,6 milliards de dollars. En France, l’industrie A&D constitue un moteur puissant pour l’emploi ; 11 000 recrutements et 3 000 emplois net ont été créés pour la seule année 2015 et une tendance durable à la création d’emplois est envisagée pour le futur.
- Les enjeux de sécurité et plus particulièrement de cybersécurité connaissent une rapide montée en puissance et impactent désormais l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur.
» L’industrie aéronautique et défense est un secteur plus que jamais stratégique pour la France, qui détient de forts potentiels en innovations de pointe et en créations d’emplois. Nous souhaitons accompagner la mutation de ces métiers qui participera au développement du secteur et contribuera à une croissance durable et rentable « , souligne Pascal Pincemin, Associé responsable aéronautique et défense chez Deloitte.
L’aéronautique commerciale poursuit son envolée
Le secteur aéronautique devrait enregistrer en 2016 une croissance de 3,4 % de ses revenus. Les records de production sont perpétuellement surpassés, notamment grâce à la forte demande d’avions de nouvelle génération, en renouvellement ou en développement de capacité, de la part de nombreuses compagnies. Ceci grâce à une nette hausse du trafic de passagers, Asie-Pacifique et Moyen-Orient en tête.
Le trafic passagers et le fret devraient continuer à croître avec une moyenne annuelle de respectivement 4,6 % et 4,4 % sur les vingt prochaines années, avec un effet positif sur la production d’avions. En effet, d’ici à 2034, les constructeurs devraient livrer plus de 33 900 avions.
La demande en matière de voyage aérien a bondi de 490 % entre 1981 et 2015. Sur la même période, le taux de remplissage a crû de 25,9 % (63,7 % à 80,2 %).
Le secteur de la défense s’oriente vers un retour à la croissance en 2016
Pour le secteur aéronautique lié à la défense, l’année 2016 devrait marquer celle du retour à la croissance. En effet, le budget du plus important client des industries de défense, le Département américain de la Défense, va repartir à la hausse (+ 13 milliards de dollars) après plusieurs années consécutives de baisse. Ce retour à la croissance devrait également concerner la France, qui pourrait enregistrer d’importants contrats. En effet, le contexte géopolitique, la montée des menaces terroristes et cyber entraînent l’augmentation des budgets de défense de certains pays.
Deloitte identifie quatre grands enjeux pour l’industrie aéronautique et défense en France
Innovation : bouleversement du numérique à tous les niveaux de la chaîne de valeur
La France doit rattraper son retard dans la modernisation de l’appareil productif et mettre en place les leviers favorables au développement de l’usine 4.0. Les value webs, réseaux complexes, dynamiques et interconnectés entre supply chains, font de plus en plus leur apparition. Leur valeur ajoutée se crée sur le pilotage proactif de la production et celui de la chaîne de valeur dans tout l’écosystème, grâce aux échanges d’informations entre tous les acteurs de cette chaîne (fournisseurs, industriels, distributeurs et clients).
Par ailleurs, l’impression 3D va certainement jouer un rôle prépondérant, son marché étant évalué à 156,2 M$ en 2014 et 776,8 M$ en 2020. Si ses applications sont sur le plan industriel encore limitées à ce jour, le secteur s’y prépare. Ces innovations technologiques devraient entraîner une création de 15 000 emplois d’ici aux cinq prochaines années.
Les industriels continuent de porter une attention particulière à la réduction des nuisances, environnementales ou sonores. La consommation des moteurs en carburant affiche une diminution constante, de 4,02 litres/passager/100 km en 2007 à 3,5 litres en 2014 ; le niveau de bruit perçu des moteurs a été divisé par quatre depuis les années soixante. Objectif pour 2050 : une nouvelle réduction de 65 % du bruit perçu.
Enfin, la MRO (Maintenance Repair and Operations), maillon névralgique, voit se développer de nouveaux services permettant la collaboration entre acteurs et la maintenance en ligne.
Finance : 2015, une année record pour les fusions et les acquisitions
L’année 2015 a été celle de tous les records pour les montants des fusions et acquisitions avec 54,6 milliards de dollars (vs 9,65 milliards de dollars en 2014), poussés principalement par le recentrage stratégique des grands acteurs sur leur cœur d’activité et leur regroupement sous l’angle de la supply chain. En 2016, les acteurs devraient continuer à rationaliser leur gamme de produit via des restructurations, des cessions, des opérations de cessions/spin off.
Cybersécurité, maillon d’un écosystème
Cybersécurité et chaîne de valeur sont étroitement liées. La première accompagne et sécurise la seconde face aux risques qui pèsent sur le secteur aéronautique et défense. La transformation digitale de la supply chain doit s’accompagner d’un renforcement de la sécurité dans un contexte d’augmentation de la production. Il devient donc urgent de trouver un modèle de gouvernance pour sécuriser cette transformation tout au long de la chaîne de valeur et garantir le financement des investissements nécessaires pour les plus petits acteurs.
En matière de cybersécurité, l’ensemble des contributeurs de la filière devrait pouvoir bénéficier d’une boîte à outils collaborative qui comprendrait un socle commun de compétences, techniques et services auquel viendraient se greffer des outils spécifiques. Cela permettrait aux acteurs concernés de recourir à des outils de base standardisés et homogènes, tout en s’adaptant par ailleurs aux spécificités des différents acteurs, de rang 1, 2 ou 3, civil ou militaire. En somme, il faut construire une nouvelle architecture de la filière aéronautique et défense et des services sur-mesure pour obtenir un écosystème pérenne, efficient et sécurisé.
Gestion des talents : accompagner la profonde mutation des métiers
Autre record pour 2015, la création d’emplois : 11 000 recrutements et 3 000 emplois net créés. Le secteur aéronautique se distingue par sa recherche de spécialistes dans des métiers d’artisanat devenus rares aujourd’hui (chaudronniers par exemple) et par celle des métiers émergents liés aux nouvelles technologies. En effet, l’aéronautique et la défense sont des industries faisant appel à la fois à la grande série et au sur-mesure (certains processus de fabrication devront en effet toujours être gérés par des interventions manuelles).
Des plans de reconversion et de formation d’ouvriers qualifiés doivent être mis en place (par exemple, maintenance au lieu du montage progressivement automatisé) afin que les transitions technologiques ne pénalisent pas l’emploi.
Source: Deloitte