Comment décarboner au moindre coût ?
L’Union européenne et la France se sont fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, jusqu’à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce contexte, la valeur de l’action pour le climat (VAC), qui fournit une mesure synthétique de l’ambition climatique, constitue une référence essentielle pour maîtriser le coût d’atteinte de ces objectifs. A la suite du rapport de la commission sur la VAC présidée par Alain Quinet, le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan présente une nouvelle note flash qui identifie des actions de décarbonation à réaliser en priorité, en raison de leur rentabilité élevée pour la collectivité.
La valeur de l’action pour le climat, un outil de référence en ligne avec l’objectif de « zéro émission nette » d’ici 2050
Le relèvement de l’objectif de réduction des émissions de la France pour 2030 (de -40 % à – 50 % par rapport à 1990) doit conduire à accélérer les efforts dans tous les secteurs. La valeur de l’action pour le climat, réévaluée en conséquence de 187 à 256 euros par tonne de CO2 en 2025, constitue une référence essentielle pour sélectionner et hiérarchiser les actions de décarbonation. Cette analyse doit s’appuyer sur une évaluation des « coûts d’abattement socio-économiques » des différentes actions, c’est-à-dire de leurs coûts, considérés du point de vue de la collectivité, rapportés aux émissions évitées.
Une commission présidée par Patrick Criqui a estimé ces coûts secteur par secteur. Sous réserve de certaines précautions méthodologiques, il convient de privilégier les actions dont le coût d’abattement est inférieur à la valeur de l’action pour le climat et d’écarter les autres.
Des gisements à bas coûts à mobiliser en priorité
La note identifie plusieurs actions dont les coûts d’abattement sont inférieurs à la valeur de l’action pour le climat. C’est le cas notamment de la rénovation de la majorité des cinq millions de passoires énergétiques, du passage du véhicule thermique au véhicule 100 % électrique ou de l’agroforesterie. Dans l’industrie, il sera pertinent de mobiliser dans un avenir proche la capture et séquestration du carbone, en complément d’autres technologies déjà à maturité ou en cours de développement. La production d’hydrogène par électrolyse pourrait jouer un rôle dans la décarbonation de l’industrie, mais à long terme.
La valeur de l’action pour le climat ne préjuge pas de la bonne combinaison d’instruments de politique publique (tarification du carbone, réglementation, subventions). Cette dernière doit être bien calibrée pour déclencher les actions rentables socio-économiquement, éviter les solutions court-termistes et assurer un accompagnement social indispensable.
« Il n’y a pas de contradiction entre rationalité économique et ambition écologique, la première est au contraire une condition de la seconde, dans un contexte de doutes croissants et de budgets contraints. Ensuite, une perspective de long terme est indispensable pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : le « yo-yo » législatif ou budgétaire est un danger majeur. Enfin, une politique écologique ne se mène pas de manière isolée : pour faire des choix de dispositifs, il faut prendre en compte d’autres contraintes ou bénéfices et y associer dès le départ des mesures de justice et d’acceptabilité sociales », souligne Clément BEAUNE, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan.
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