Bouquins de Noël
De saines lectures, mais sans grandes prétentions.
Or, es nouveautés se suivent et ne se ressemblent pas. En voici quelques-unes qui méritent de retenir l’attention, sans volonté d’exhaustivité.
** «Une Epopée française» – les créateurs de l’aviation nouvelle 1950-1960», par André Turcat, Pascal Galodé Editeurs. Le célèbre pilote d’essais craignait, à juste titre, que des pans entiers de mémoire collective ne s’effacent, plus d’un demi-siècle après les grandes heures de renouveau de l’aéronautique française. D’où son idée de rencontrer de grands témoins, pilotes et ingénieurs navigants d’essais, notamment, pour leur demander leurs témoignages avant qu’il ne soit irrémédiablement trop tard. C’est ce qui s’appelle faire oeuvre utile (1).
** «Une Vie de dessin et d’aviation», par Francis Bergèse, Editions Idées + Passion BD. Voici une autobiographie aussi sympathique que son auteur. Une vie à mi-chemin entre le souffle des hélices, les crayons et l’encre de Chine. L’ami Bergèse a fréquenté les Piper de l’ALAT et le bimensuel Aviation Magazine, puis Le Fana de l’Aviation (de bons débuts), avant de voler de ses propres ailes. Grâce à lui, Buck Danny a connu une seconde vie, aidée par un talent tenant de l’hyperréalisme. Une belle carrière, qui a rebondi d’un terrain à l’autre, pleine de Jodel, d’élégants planeurs, de maquettes Heller, de chouettes copains. Une vie rêvée, en quelque sorte, souriante dans sa simplicité. Le moins jeunes croiseront dans ce bouquin des amis envolés, de grands moments de complicité et une impression de nostalgie. Mais une nostalgie heureuse.
** «La Grande histoire de l’aviation» de Robert Galan, publiée par Privat, rappelle l’ABC d’Air du même auteur. A savoir des textes courts, 501 exactement, sorte de bloc-notes anecdotique en même temps que didactique. Au fil des pages, on croise des hommes et des femmes qui ont marqué leur temps, des avions de toutes les époques et des commentaires très personnels, illustrés par des dessins au trait assuré. Un petit livre, de 340 pages, dont la lecture constitue une vraie détente.
** «Falcon 7X» de Vadim Feldzer et Frédéric Béniada, Editions EPA. C’est, en termes d’édition, ce qu’il est convenu d’appeler un beau livre : innombrables photographies de grande qualité, qualité d’impression irréprochable. Les crédits photographiques permettent de repérer les importantes contributions d’Etienne de Malglaive et celles, moins nombreuses, de François Robineau, Alain Ernoult, Paul Bowen, Alex Paringaux et beaucoup d’autres. D’où un résultat de grande qualité, avec compositions originales et effets de téléobjectifs garantis. Le texte est (évidemment) correct, l’une des deux auteurs appartenant à la maison Dassault. D’où un texte lisse, récit d’un développement qui aurait été, lit-on, un long fleuve tranquille. Peu importe cette vision idéalisée du 7X : c’est un sacrément beau livre.
** «Des Hommes et l’avion», par Gérard Desbois, Bleu Ciel Editions. L’auteur, mécanicien d’essais chez Airbus, est proprement inclassable. Sa plume, empreinte d’une très grande compétence, verse volontiers dans l’irrévérence. Ici, il n’est pas question de décrire un monde idéal mais l’envers du décor, les coulisses de l’exploit, la vraie vie, celle des essais en vol. Et notamment celui de l’A380. C’est sérieux, très sérieux, mais toujours avec une touche de bonne humeur. Il y a aussi des pots de départs en retraite, la preuve d’un solide esprit d’équipe et, surtout, le témoignage d’une folle passion, que l’on croyait engloutie dans la quête du retour sur investissement de directeurs financiers sans foi ni loi. Or, visiblement, il n’en est rien, tout au moins dans le monde de Gérard Desbois. Une facette rassurante d’Airbus qui mériterait d’être valorisée.
** «F-16», par Frédéric Lert», tome 1, Histoire et Collection. Les monographies d’avions se suivent, se ressemblent et, pourtant, restent utiles, intéressantes et pleines d’enseignements. La remarque vaut en tout cas pour ce «F-16» très dense, impeccable, qui porte sur les deux premières versions du Fighting Falcon. C’est-à-dire les débuts de cette formidable saga militaro-industrielle entamée en 1973 (le programme Lightweight Fighter du Pentagone), opération de simple démonstration technologique en un premier temps, habilement menée par General Dynamics et Pratt & Whitney, poursuivie plus tard par Lockheed Martin. Une machine à gagner, à conquérir les marchés d’exportation, à s’attaquer très violemment à la concurrence (et en particulier à Dassault). Ce petit bouquin en dit le maximum en un minimum de pages, il est richement illustré, agrémenté de profils très précis dessinés par Nicolas Gohin. De la belle ouvrage.
Pierre Sparaco – AeroMorning
(1) André Turcat a été secondé par Germain Chambost …et l’auteur de ces lignes. D’où l’impossibilité d’en dire davantage sans risquer l’absence d’objectivité et une perte de crédibilité.
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