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Boeing : le géant du ciel centenaire

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L’avionneur américain Boeing fête cette année ses 100 ans.

A l’origine une simple entreprise de production d’aéronefs pour l’armée américaine, la compagnie a évolué au fil de projets révolutionnaires jusqu’à devenir aujourd’hui le premier groupe aérospatial au monde.

Retour sur les 100 ans et les faits marquants de ce fabricant de légende.

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Wilhem Böing

« La machine de Maroney n’est pas bien terrible. Je pense que nous pouvons faire mieux » tels furent les propos de Wilhem Böing, lorsqu’il embarqua pour la première fois de sa vie à bord d’un avion, en l’occurrence celui de M. Maroney, un pilote de démonstration dans la région de Seattle. Nous sommes en 1914 et Wilhem est un entrepreneur de 33 ans diplômé de la Sheffield Scientific School. Héritier de la fortune de son père, notre homme se passionne pour les avions suite à ce premier vol. Il décide d’entreprendre dans le secteur et fonde sa compagnie. 100 ans plus tard, son entreprise perdure …

 

Des avions militaires pour commencer

D’abord, le premier avion signé Boeing vole en juin 1916, il s’agit d’un hydravion conventionnel. Quelques mois plus tard, les Etats-Unis entrent en guerre et Wilhem Böing s’engage en tant que réserviste dans l’US Navy, lui permettant de décrocher une première commande de 50 avions d’entrainement pour le compte de l’armée. La clairvoyance de l’entrepreneur ne s’arrête pas là : il fait réaliser en 1919 à l’un de ses avions la première liaison postale internationale, à l’origine de la renommée de Boeing. L’armée ne tarde pas à commander 100 avions militaires supplémentaires dans les mois qui suivent.

En 1927, Wilhem Böing est à la tête d’une entreprise de 500 salariés, qui produit des avions fiables et réputés, dont le Model 40, dédié au transport de courrier. Malgré le succès de son entreprise, notre homme démissionne en 1934, vendant toutes ses actions. Le succès de Boeing ne s’arrête pourtant pas cette année …

 

Des avions qui ont marqué leur époque

Après la démission de Wilhem aux commandes de l’avionneur, plusieurs PDG se sont succédés. Tous ont contribué à l’évolution de l’entreprise à leur façon.

Ambition, clairvoyance et remise en question : ce sont les clés du succès de Boeing ces 100 dernières années. Illustration à travers trois avions qui ont marqué leur époque.

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Boeing 314

Le Boeing 314, la clairvoyance. En 1935, le président Roosevelt crée le Comité International afin d’étudier le développement du transport aérien à l’étranger. Après des échanges avec la Grande-Bretagne, des liaisons transatlantiques entre New-York et Southampton sont autorisées. La compagnie Pan Am et son ambitieux président Juan Trippe envisage en premier de joindre les deux continents par les airs. Un appel d’offre est lancé auprès des plus grands avionneurs américains pour un hydravion pouvant emporter entre 60 et 80 passagers sur 6000 km. Boeing, dont les ingénieurs imaginent sans cesse de nouveaux avions, a déjà dans ses cartons un avant-projet correspondant aux attentes de la Pan Am : le Model 314. Cette anticipation donne l’avantage à l’avionneur de Seattle, qui se voit en 1936 attribuer la victoire face aux autres bureaux d’études, suivi de la commande de douze Model 314. Le 28 juin 1939, la première liaison transatlantique est réalisée à bord d’un avion Boeing. L’avion est révolutionnaire à plus d’un titre : il permet de faire voyager 80 passagers dans un confort similaire à celui de la maison (couchettes, salon …). C’est la clairvoyance et l’anticipation des ingénieurs de l’entreprise qui ont permis de renforcer le prestige de Boeing.

 

Le Boeing 747 : l’ambition.

Dans les années 1960, les projets d’avions supersoniques occupent le devant de la scène médiatique. Le transport « traditionnel » n’en continue pas moins d’évoluer : les avions de ligne plafonnent à 850 km/h mais le haut-subsonique (près de 1000 km/h) leur est inaccessible. Tous les constructeurs et les compagnies aériennes savent alors que l’avenir est dans la course au nombre de passagers transportés : c’est ainsi qu’est né le transport de masse.

Le président de Boeing est alors Bill Allen, avec qui Juan Trippe, le président de la Pan Am, s’entend très bien. Les deux hommes organisent régulièrement des sorties de pêche pour se détendre et discuter affaires. Au cours de l’une d’entre elle, une discussion conduit les deux hommes à s’interroger sur les perspectives de succès que pourrait susciter l’utilisation d’un avion très gros porteur. Quelques heures plus tard, le projet d’un avion double pont pouvant transporter 400 passagers est lancé. Deux ans après, le premier Boeing 747 sort de l’usine de Seattle : c’est le plus grand avion de ligne jamais construit. Ses dimensions et ses formes déconcertent les esprits. L’ambition commune du président de Boeing et de la Pan Am aura un impact considérable sur le marché de l’aéronautique civile, démocratisant le transport de passagers et rétrécissant notre monde.

 

Le Boeing B-47 : la remise en question.

En 1943, l’US Army lance un appel d’offre pour un bombardier moyen capable de voler jusqu’à 885 km/h sur 5600 km. La fin de la guerre approchant, tous les constructeurs américains savent que ce contrat est une aubaine, car beaucoup de commandes s’annuleront une fois l’armistice signée. Cet appel d’offre devient donc la priorité de tous les avionneurs consultés par l’armée. Boeing, qui saisit cette occasion, prend un mauvais départ en livrant les plans de son avion en retard. Qui plus est, son projet ne présente aucune originalité, car il reprend les caractéristiques du B-29 de la seconde guerre mondiale. Pour ne pas se laisser distancer par la concurrence, les ingénieurs de Boeing repartent d’une feuille blanche et forment le Model 432, dont les formes sont assez disgracieuses. Quelques mois plus tard, un ingénieur de Boeing revient d’Allemagne avec les résultats des travaux de chercheurs nazis sur les ailes en flèche : l’innovation est directement utilisée par Boeing, qui repart de nouveau sur une feuille blanche. Un nouvel avion nait alors, le Model 450, qui sera finalement choisi par l’armée américaine en 1946, permettant encore une fois à l’avionneur de Seattle de l’emporter sur ses concurrents et de se projeter d’un coup dans l’ère moderne. Boeing est, une fois de plus, en avant-garde sur le marché mondial de l’aéronautique. Elle doit cela à sa capacité à s’être remis en question et à avoir su repartir à chaque fois d’une feuille blanche pour dépasser ses adversaires.

Le premier groupe aérospatial du monde

Enfin, que ce soit en tant que principal sous-traitant de la NASA pour la Station Spatiale Internationale ou en tant que concepteur d’hélicoptère et d’avions de chasse, le géant de l’aviation basé à Seattle est présent dans presque toutes les branches de l’aérospatiale. Plus de 13 000 avions de ligne de cette grande famille ont été livrés par les équipes Boeing entre 1958 et aujourd’hui. Et l’histoire n’est pas prête de s’arrêter là : même si la concurrence difficile d’Airbus tend à lui prendre des parts de marché, le groupe Boeing peut compter sur des projets novateurs et des avions qui, à coup sûr, continueront à marquer leur temps, comme le Dreamliner 787, premier avion de ligne au monde fait à 50% de matériaux composites.

L’avenir de Boeing s’annonce prometteur : les experts estiment qu’il faudra livrer près de 40 000 avions de ligne d’ici 2035. A voir si d’ici là de nouveaux avionneurs auront atteint le marché dont Boeing et Airbus détiennent aujourd’hui le monopole …

Taïwan, Loïck Laroche-Joubert pour AeroMorning