Le cabinet d’audit international Deloitte a dévoilé cette semaine son étude sur le marché mondial Aérospatial & Défense.
Alors que certains secteurs de l’industrie peinent à reprendre leur souffle depuis 2008, celui de l’aéronautique se porte plus que bien. Deloitte en témoigne en citant un taux de croissance 2016 de 1,7% pour l’industrie aéronautique mondiale. L’ensemble des indicateurs économiques du secteur sont, eux, dans le vert.
Une croissance globale
Le trafic aérien, l’un des moteurs principaux de l’industrie aéronautique mondiale poursuit en 2016 sa croissance amorcée dans les années 80. 3,5 milliards de passagers ont été transportés cette même année, contre 2 milliards 10 ans plus tôt. Les compagnies à bas-coûts renforcent leur contribution dans ce chiffre avec 28% des passagers transportés dans le monde l’année dernière.
Dans l’ensemble, les transporteurs rentabilisent les coûts car la hausse du trafic est associée à une croissance du revenu par passagers multiplié par 6,2 en l’espace de 35 ans. Les études conduites par Deloitte prévoient 10 milliards de passagers transportés en 2036.
Deuxième élément moteur de l’industrie aéronautique mondiale : les livraisons d’avions. Une augmentation du nombre de voyageurs implique forcément des capacités en hausse et donc l’accroissement des cadences de production. Ainsi, 1360 appareils commerciaux ont été livrés en 2016 et les prévisions parlent de 35 000 avions à livrer d’ici à 2035.
La saturation des aéroports comme problématique majeure
Si le trafic aérien est en permanente croissance, il est évident que les aéroports sont les premiers à en être impactés. Les flux de passagers dans les plateformes du monde entier ne cessant de croître, un nouvel enjeu apparait : comment les absorber ? Concernant l’Europe, construire un nouvel aéroport est devenu presqu’insurmontable et ceux qui existent doivent se heurter aux politiques anti-bruits qui brident leurs possibilités d’extension. A cette problématique s’ajoute celle de la gestion d’un trafic aérien toujours plus dense. Les autorités envisagent déjà un avenir où le contrôle aérien laissera d’avantages de place à l’automatisation des moyens : une aubaine pour les entreprises qui investissent dans la conception d’intelligences artificielles.
Le marché MRO : une affaire en or
Avec environ 28 000 avions de ligne en service dans le monde en 2016, le marché de la maintenance (incluant la réparation et les grandes révisions) connaît une croissance considérable. De très bonnes opportunités vont émerger dans les prochaines années avec le vieillissement des flottes et les livraisons d’avions en hausse. Si les plus grandes entreprises du secteur comme Air France Industrie ou Lufthansa Technik consolident leur position de références, une concurrence étrangère et l’arrivée de nouveaux entrants pourraient modifier la répartition des parts de marchés dans les prochaines années. A défaut de disposer d’industries de production d’avions, certains pays pourraient même se spécialiser dans les services de maintenance.
La France, un champion qui suit la dynamique du marché mondial
En tant que deuxième puissance aérospatiale du monde, la France voit son industrie de l’aéronautique civile augmenter considérablement son chiffre d’affaire depuis 2009. Le secteur Aérospatial & Défense contribue à hauteur de 22 milliards d’euros au commerce extérieur de la France en 2016 tandis que trois entreprises françaises (Airbus, Safran et Thalès) figurent dans le classement 2016 des 20 plus grands acteurs de l’aérospatiale mondiale.
Avec 62 000 recrutements sur les cinq dernières années, le secteur Aérospatiale & Défense confirme son rôle d’industrie moteur pour l’emploi en France. La grande majorité des emplois créés est liée à l’activité sous-traitance et approvisionnement d’Airbus, ce qui explique que 45% des entreprises du secteur en France ont moins de 9 employés.
Avec aussi peu d’effectifs, on peut presque penser que l’activité de ces entreprises est assimilable à une activité artisanale. Cela caractérise notre conception en France de l’industrie aéronautique. Toutefois, la tendance à venir pourrait être dans le regroupement de nombre d’entre elles, afin d’assurer plus de rentabilité.
Loick Laroche-Joubert à Paris pour AeroMorning