Le retour en force des biturbopropulseurs dans l’aviation régionale est confirmé. Chef de file : ATR.
Le 25 janvier, l’avionneur franco-italien ATR a annoncé la vente de sept ATR 72 à la compagnie brésilienne Transportes Regionais do Interior Paulista. Celle-ci a également pris une option sur cinq exemplaires supplémentaires de ces appareils à 68 places.
Ce contrat, le dernier en date d’une longue série, confirme si besoin est que le biturbopropulseur régional bénéficie d’une seconde jeunesse durable. Elle est liée tout à la fois au prix élevé du pétrole et à une intéressante prise de conscience des clients des compagnies aériennes régionales : ils ont enfin compris qu’un avion peut être ultra moderne, performant, confortable …tout en étant doté d’hélices. La constatation peut paraître tout à fait simpliste mais elle n’en est pas moins basée sur une réalité tangible.
Bombardier et Embraer avaient suscité il y a une dizaine d’années une étonnante «jet mania» avec pour résultat de ringardiser les biturbopropulseurs. Il aura fallu subir de nouvelles crises pétrolières pour revenir à davantage de réalisme : la consommation de carburant d’un ATR 72-500 sur une étape de 400 km est inférieure de 60 % à celle d’un jet. Il n’y a donc pas matière à discussion, de ce point de vue là tout au moins.
Restait à éliminer une sérieuse difficulté avant d’obtenir le retour en grâce d’une formule technique prématurément condamnée, convaincre les voyageurs que l’hélice ne relève absolument pas de vestiges romains.
Les préjugés ayant la vie dure, l’effort d’explication étant un peu faiblard, il a fallu beaucoup patienter avant de rétablir une vision à peu près objective de la situation. Sans doute aurait-on dû emmener les plus incrédules aux portes de l’usine Ratier-Figeac, dans le Lot (oui, c’est le bout du monde !) pour leur montrer la fabrication d’extraordinaires hélices sextupales en matériaux composites qui permettent précisément de tirer le meilleur parti de turbopropulseurs fabriqués par Pratt & Whitney dans la banlieue de Montréal.
Il s’agit bien de technologie de pointe, au même titre que les méthodes sophistiquées qui ont éliminé les vibrations et hissé le confort en cabine au niveau de celui des jets les plus dispendieux. Le tout est de le faire savoir et, en cette matière, il faut bien de reconnaître, les experts n’ont pas été très bons.
Mieux encore, Kingfisher Airlines, régional indien au taux de croissance exponentiel, vient de prendre livraison du premier ATR équipé, comme un «grand», d’un système de divertissement en vol. Plus question, dès cet instant, d’afficher une attitude vaguement condescendante vis-à-vis des avions à hélices !
Le fait est qu’ATR a vendu 63 avions en 2006, dispose d’un confortable carnet de commandes de 124 appareils, détient 60% du marché et recrute du personnel supplémentaire pour accroître sa cadence de production. Quarante-quatre avions seront livrés cette année et une bonne soixantaine en 2008. Airbus France et Alenia Aeronautica se répartissent à égalité la fabrication, avec l’appui d’un certain nombre de sous-traitants, la chaîne d’assemblage finale étant installée à Toulouse.
Conclusion : le tourisme industriel étant très en vogue, le moment est sans doute venu d’organiser des visites de Ratier-Figeac pour parfaire l’image de l’hélice moderne et parfaire le succès retrouvé des biturbopropulseurs. En plus, c’est très beau, le Lot !
Pierre Sparaco-Toulouseweb-aero
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