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Le Gifas veut booster l’emploi

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Ce n’est pas une nouveauté que de dire que les industries aéronautiques et spatiales souffrent d’un manque de main d’œuvre. Une main d’œuvre qui devrait être valorisée car être un « manœuvre » a trop souvent été vu –ou considéré- comme un métier dégradant. Non. Il faut s’élever en faut contre cette idée reçue du début du 20ème  siècle, voire d’Emile Zola au 19ème siècle.

Le Gifas l’a bien compris, et Marwan Lahoud son actuel président a annoncé mardi dernier lors de sa conférence annuelle que pour préparer l’avenir et améliorer l’attractivité notamment envers les « Bac Pro », le Gifas a décidé de promouvoir la création d’un diplôme de technicien en chaudronnerie aéronautique dans plusieurs régions en collaboration avec les collectivités locales. « Ces actions visent tout particulièrement les PME » a affirmé Marwan Lahoud, qui, plus que les grands groupes ont du mal à recruter. Mais la généralité, est que dans le cadre d’une augmentation des cadences de production qui existe bel et bien dans l’aviation commerciale (avec la montée en cadence des programmes A320, A330, A350) et celle des avions militaires avec les futures ventes de Rafale à l’exportation, c’est toute la chaîne des fournisseurs qui est concernée : motoristes, aérostructuriers, équipementiers, composantiers, etc.

Déjà au terme de l’année 2015, la profession aéronautique et spatiale comptabilisait 185 000 emplois pour les entreprises adhérentes au Gifas. Un niveau d’emploi qui s’est accru puisqu’il y a eu 11 000 recrutements en 2015 pour assurer le renouvellement de personnel (départs à la retraite, départs pour d’autres horizons, etc.), et qui s’est soldé sur la création de 3 000 emplois nets pour les industriels du Gifas et plus de 5 000 pour l’ensemble du secteur.

Ce n’est pas fini, puisque les industriels du Gifas ont prévu de recruter environ 10 000 personnes en 2016. Des postes qui sont à pourvoir pour des fonctions de production car 30 % d’entre eux seront tournés vers des postes de compagnons et d’opérateurs qualifiés. Se référant à une étude du spécialiste du recrutement Randstad, Marwan Lahoud explique que le secteur emploie 42 % d’ingénieurs et cadres, 32 % de compagnons et d’opérateurs qualifiés (proportion qui atteint les 50 % dans les PME) et 26 % de techniciens supérieurs. Si l’industrie est bien pourvue en ingénieurs, il est frappant de constater l’urgence du besoin en main d’œuvre. Mais si le Gifas fait office d’intermédiaire œuvrant à la mise en relation des entreprises et des demandeurs d’emplois, force est de constater qu’il ne s’agit pas uniquement de chiffres mais qu’il est aussi question d’excellence : « Nous avons besoin d’ingénieurs et de techniciens qualifiés pour répondre à notre besoin de montée en cadence. » Dans ce contexte, le Gifas renouvelle en 2016 son soutien à la formation. Un soutien à destination de la formation de techniciens et d’opérateurs pour le financement de projets portant sur les métiers en tension de 500 000 euros tandis que le Gifas renouvelle son soutien à la filière des ingénieurs qui se décompose à 1 M€ pour développer des formations d’ingénierie aéronautique et à 500 k€ pour le financement de bourses d’études pour les étudiants des écoles du groupe ISAE.

La problématique de l’emploi est certes le maillon faible de la montée en cadence. Ce n’est cependant pas le seul à l’issue d’une année de records avec un chiffre d’affaires qui a augmenté de 8,5 % à périmètre constant pour s’établir à 58,3 milliards d’euros, un CA boosté par le chiffre d’affaires à l’exportation qui a progressé de 14 % à 39,4 Md€ tandis que les prises de commandes se sont élevées à 78,3 Md€ (+ 2,3 % par rapport à 2014) signant là un nouveau record.

L’embauche n’est pas le seul critère du succès de la montée en cadence, il faut aussi investir, s’organiser et évoluer insiste Marwan Lahoud. C’est la préparation de l’avenir qui passe par « l’adaptation des processus et de nos modes d’organisation vers la production en privilégiant le travail collaboratif entre les acteurs de la filière, c’est la fameuse entreprise étendue qui aujourd’hui, grâce aux moyens numériques, est à portée de main » poursuit-il. Le second volet de cette préparation de l’avenir est l’innovation car non seulement il faut poursuivre les progrès environnementaux dont on trouve l’essence au sein du Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (Corac) qui permet d’ailleurs de faire coopérer tous les acteurs de la filière. Mais c’est aussi le fait de pouvoir maintenir, voire accroître, l’avance technologique vis-à-vis de la concurrence émergente en pilotant au mieux le partage du savoir-faire en offrant non seulement un service de proximité au niveau national qu’en apportant, à tous niveau de la filière (ce qui nécessite un renforcement stratégique des PME) le soutien nécessaire à l’exportation et aux implantations stratégiques à l’international.

 

Nicole Beauclair pour AeroMorning