Thales propose d’optimiser les trajectoires immédiatement pour des vols plus verts

Interview de Mr Denis Bonnet, Vice-Président Recherche Technologie et Innovation Avionique de Thales
AeroMorning : Comment aujourd’hui l’aviation durable s’intègre-t-elle dans les pratiques opérationnelles avec Thales ?
Thales joue un rôle clé dans la transition vers une aviation plus durable, en combinant technologies embarquées, Intelligence Artificielle (IA) et optimisation des opérations.
Thales est le seul groupe à avoir ces deux activités liées à l’aérien : l’Air Traffic Management (ATM) au sol et le système embarqué Flight Management System (FMS).
Thales utilise des technologies de communications issues de Cobham Aerospace Communications récemment rattachée au Groupe Thales, il est désormais possible de connecter efficacement sol et bord pour apporter des solutions immédiates dans le domaine de l’aviation durable.
AeroMorning : Comment ? Avec quelles technologies ?
La condition pour un impact rapide sur le climat dans l’aérien c’est l’efficacité des trajectoires. On estime qu’il existe environ 10% d’inefficacité que l’on pourrait corriger tout de suite avec les systèmes Thales.
Avec ces 2 systèmes ATM au sol et FMS embarqué connectés, cela permet à Thales d’optimiser plus encore les trajectoires.
Ainsi sur la base d’informations, données météo ou conditions de trafic, transmises depuis le sol, via Datalink ou Satcom cybersécurisé dans une bande de fréquence protégée, le FMS Thales permet de calculer et optimiser la trajectoire de l’avion.
Un parallèle des effets bénéfiques de cette connexion ATC / FMS pourrait être établi avec Waze et les embouteillages voitures : Waze n’empêche pas les bouchons mais trouve la meilleure route pour ne pas se trouver bloqué dans les embouteillages en consommant du carburant inutilement.
Dans le cadre du programme européen SESAR (Single European Sky ATM Research, pour Single European Sky Air Traffic Management Research), Thales fait aussi des recherches « sur la gestion du flux de l’ensemble des avions, par exemple en faisant ralentir certains, pour optimiser le trafic aérien globalement et non uniquement au niveau individuel d’un avion ». Cela réduirait notamment la congestion (les embouteillages) au niveau des aéroports.
Avec l’idée de réduire encore l’impact carbone, Thales déploie beaucoup d’autres actions d’éco-design parmi lesquelles on peut citer :
– utilisation de sources d’énergies alternatives(premier station radar 100% solaire en Chili;
– l’éco-conception des équipements de bord, pour limiter leur masse et leur consommation
A Singapour Changi Airport, avec la création du CAAS-Thales International Avionics Lab, Thales et ses partenaires prévoient de travailler ensemble sur des projets d’innovation pour faciliter le partage de données entre les compagnies aériennes, la gestion du trafic aérien et les aéroports. Par exemple, les données provenant de capteurs dans l’avion, comme les caméras, peuvent fournir des données automatisées en temps réel pour compléter les flux de données actuels, comme le contenu vidéo des infrastructures au sol. L’enrichissement de ces données par des modèles d’IA peut aider les compagnies aériennes, les services de gestion du trafic aérien et les exploitants d’aéroports à améliorer la prise de décision en collaboration.
Le cœur de l’impact de ces travaux de réduction de l’impact carbone est dans l’aviation commerciale, où se trouvent beaucoup de produits Thales.
Aeromorning : le programme FlytOptim, c’est quoi concrètement ? Quels avantages ?
FlytOptim est le nom de la solution d’optimisation de vol Thales qui permet de faire un peu ce que fait Waze mais appliqué à une trajectoire aérienne. Le logiciel FlytOptimi peut être hébergé soit dans les centres de Contrôle des Operations (OCC) des compagnies aériennes soit dans l’avion lui-même.
Au sol en OCC (ou directement dans l’avion), cette solution identifie la meilleure trajectoire verticale qui est envoyée au pilote en tenant compte des vents les plus favorables et du trafic aérien. Si un changement est opportun au cours du vol car les conditions ont changé, il est alors proposé à l’avion/ au pilote via les canaux de communication existants une nouvelle trajectoire dont on s’est assuré auparavant qu’elle est exécutable. Cette solution Thales est disponible et facilement déployable.
L’outil s’intègre sans modification des avions ni des systèmes informatiques, et 80 % des vols de la compagnie Corsair l’utilisent déjà après quelques semaines d’essai. Avec Corsair le déploiement n’a pris qu’un mois et aujourd’hui Corsair le déploie sur plus de 5 000 vols long-courriers annuels et les bénéfices sont importants.

Dans l’outil FlytOptim, Thales a aussi intégré une solution d’évitement des traînées de condensation, en partenariat avec la compagnie Amelia et Breakthrough Energy. Testée sur les vols d’Amelia Paris–Valladolid en Espagne, cela a permis d’optimiser encore plus l’impact climatique, en ajustant l’altitude plutôt que la trajectoire horizontale. On peut agir très vite pour l’environnement, à la différence du SAF (Sustainable Aviation Fuel), de l’hydrogène, des nouveaux modèles d’avions etc….Toutes les compagnies aériennes du monde pourraient engager ce déploiement FlytOptim sans difficulté.
AeroMorning : Quel est l’objectif long terme de Thales ?
A plus long terme, nous imaginons une optimisation au niveau global de tous les avions en vol, avec des centres de contrôles qui discutent ensemble et avec les avions, secondés par l’Intelligence Artificielle pour trouver aisément un schéma optimisé. Le Flight Management System (FMS) de chaque avion serait connecté au sol en permanence pour éviter que les bouchons aériens ne se forment mais aussi pour pouvoir les éviter s’ils venaient à se former suite à un imprévu.
Aeromorning : Pourquoi alors ce déploiement n’est pas aussi rapide qu’on le souhaiterait ?
L’enjeu majeur est de collaborer ensemble en faisant progresser simultanément les capacités ATC des aéroports et les pratiques aériennes.
La solution FlytOptim, concrète et rentable est disponible et déployable maintenant. Thales estime qu’une optimisation des opérations (descente, roulage, météo) selon ce modèle pourrait réduire les émissions de 11 à 14,7 % en fonction du type de vol. Ce qui serait bon pour les économies en carburant et pour la planète.
Source: thales
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