55e Salon du Bourget : Sur le pied de Guerre !
Il y a 115 ans, en 1909 se tenait le premier salon de l’aviation, en réalité le « Salon de la Locomotion Aérienne ». Le temps des pionniers. L’année où se tenait à Bétheny (Reims) le premier meeting aérien de l’Histoire. Deux guerres et des décennies plus tard, et la Covid19 en prime, le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace, du Bourget, 55ème édition (car tous les deux ans sauf évènement) se déroule dans un contexte assez inédit : Plusieurs guerres en cours, en Ukraine, à Gaza, à la Frontière entre l’Inde et le Pakistan, sans oublier les bouleversements entraînés par les décisions du président intempestif et inédit des Etats-Unis, la queue de crise industrielle provoquée par la Covid19 qui n’est pas encore finie de surmonter, et, une nouvelle vision tactique, voire stratégique, avec les enseignements du conflit Russo-Ukrainien qui nous abreuve de surprises. Voilà l’ambiance. Et, décision d’Etat, français, pour la seconde fois, la Russie est bannie du Bourget, malgré la puissance de son industrie aérospatiale, sa place majeure dans les activités spatiales, et notamment militaires. Salon de l’exception, où l’environnement reste la toile de fond des activités industrielles et du transport aérien, qui, malgré les crises est en notoire croissance, et provoque une tension durable, (en particulier sur les moteurs, les intérieurs d’avions, les aérostructures), chez les avionneurs toujours incapables de monter suffisamment les cadences et de répondre aux demandes. Les carnets de commandes sont pleins pour plus de 10 ans !
Donc pas de Russes. Nous ne verrons pas leurs derniers modèles d’avions militaires, de moteurs, y compris civils pour combler ceux dont ils sont privés par l’embargo occidental, ni leurs drones, développés en urgence ou achetés en Iran pour répondre aux incroyables et payantes initiatives des Ukrainiens qui ont fait de ces engins, toutes tailles et systèmes confondus, en quelques dizaines de mois, des auxiliaires majeurs de la guerre nouvelle, si ce n’est moderne.
Coté Chinois, revenus plus tardivement de la crise de la Covid19, ils seront plus nombreux à exposer dans ce salon. Mais leur appareil civil catégorie petit Airbus A320 ou Boeing B737, le Comac C919 ne viendra pas. Près de 20 sont livrés à des compagnies en Chine. Mais, Le Bourget est trop loin pour les distraire de leur production, surtout que l’appareil est motorisé par des réacteurs Franco-Américains CFM (Leap 1C) et que l’imprévisible Trump leur a décrété un embargo sur ces moteurs…. Embargo qui pourrait s’avérer tout autant catastrophique, par perte de temps,encore, que bénéfique, s’ils développent par eux-mêmes, et rapidement, le moteur qui leur fait besoin.
Le décor est posé. Voyons ce salon : 150 avions seront présentés entre les 16 et le 22 juin, au sol et en vol selon les modèles. On verra le Rafale de Dassault Aviation, et des armées de l’Air et de l’Espace, bien sûr, mais le F35 américain, encore l’EF2000 Typhoon germano-italo-hispano-britannique, et même le vieux F16 qui se reconvertit en Ukraine où il trouve enfin la guerre qu’il n’a pas encore rencontrée face à l’Est !

Ce 5 juin 2025, Guillaume Faury président du GIFAS (et d’Airbus) Emmanuel Viellard, Commissaire Général du 55° Salon, Guillaume Bourdeloux, directeur du SIAE, la filiale Salons Internationaux de l’Aéronautique et de l’Espace du GIFAS et le Général Frédéric Parisot, Délégué Général du GIFAS ont détaillé ce super salon, qui malgré l’absence Russe, reçoit 48 pays exposants civils et militaires, des visiteurs de 120 pays, occupe 20000 personnes pour son installation, 4000 pour son fonctionnement, et sera gardé par un millier de surveillants et 50 services de l’Etat, dont 500 aviateurs,pour assurer la police du cielet la sécurité des 2400 exposantset des 300.000 visiteurs attendus (selon la météo bien sûr). Tout est vendu. Les places, les chalets, les stands, les organisateurs affichent complet ! Les tenants des 66 points de restauration scrutent le ciel évidemment ! La filière aérospatiale qui emploie en France 220.000 personnes est en effervescence. La moitié des exposants sont français, dont la moitié membres du GIFAS, tous parés pour montrer leurs savoir-faire, leurs réalisations, leurs produits, du plus simple logiciel aux avions civils et militaires les plus sophistiqués, comme le Falcon 6X, l’Airbus A350, et bien sûr les drones… Vedettes malgré eux et par la grâce des Ukrainiens. Plus personne ne peut se priver de proposer des drones, des moyens de lutte anti-drones, des systèmes d’armes ou de renseignement pour les drones, etc. Il en va de même pour l’intelligence artificielle, l’IA, offerte à toutes les sauces, car désormais incontournable pour tout dispositif volant, flottant ou cloué au sol.
Les américains sont en tête des exposants étrangers : 450. Un nombre équivalent aux années passées, malgré les « trumperies » anti européennes, les promesses de taxes qui affolent les marchés et les alliances ou les coopérants. Personne ne sait à quelle sauce il sera mangé, ni qui mangera qui, tant les industries européennes et nord-américaines sont imbriquées. Au moins, nous assure Guillaume Faury, nous pourrons nous parler et envisager des solutions. 120 exposants italiens, 120 venus d’Allemagne et du Royaume-Uni suivent derrière français et américains dans la liste des présences notoires.
Le salon sera celui de l’Espace, malgré les difficultés de l’Europe, avec 200 sociétés spécialisées regroupées dans le Paris Space Hub, dont 50 US. Place également aux Starts Up… avec un hall Start Me Upde 250m2, 130 exposants, et comme depuis longtemps, l’Avion des Métiers, pour encourager vers les filières, 25.000 embauches étant toujours prévues pour cette année 2025 (29.000 en 2024). Et une place pour les femmes. Elles ne sont que 27% dans les filières. Il en manque 23% pour assurer l’égalité… Un devoir … et donc le hall Femmes de l’Aéro. Pilotes, mécaniciennes, ingénieures, techniciennes, managers, la voie leur est ouverte. 200 ambassadrices et 10 marraines animeront ce hall … Vous en découvrirez les noms bientôt.
Le Salon poursuit sa démarche pour participer à la lutte pour l’urgence climatique : l’expo La Mobilité Aérienne Durable, montre les projets, les efforts, les ambitions pour que l’aviation soit verte comme promis en 2050. Même si les projets hydrogène sont bien en retard pour assurer les besoins de l’aviation. Les avions futurs lancés à partir de 2030 combineront les compétences et technologies accessibles à compter de cette date. Faudrait-il que les états s’assurent de disposer des moyens de produire, stocker, transporter, distribuer les quantités nécessaires(et certifier les avions). Donc disposent de l’électricité indispensable pour fournir ce gaz propre…. Dont 98 % de la production actuelle dépend des énergies fossiles, gaz et pétrole.
Voilà, dans un contexte géopolitique presque épouvantable, avec de criantes incertitudes quant à l’attitude du géant américain, un salon plein d’espoirs et d’ambitions. Un salon qui comme toujours se veut un événement grand public qui ambitionne de rendrel’aéronautique et le spatial accessibles à tous grâce à des démonstrations spectaculaires, (20 aéronefs par jour !) des espaces d’exposition àvocation pédagogique, de rencontres et d’animations qui assurent son attractivité. On comptabilisera les « commandes » bien sûr, mais aussi la fréquentation par le public, la satisfaction des 300 délégations étrangères qui seront cocoonées…. Beaucoup de militaires, au vu du contexte… La guerre ne nuit pas aux affaires !
La chronique de Michel Polacco pour AeroMorning
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