le satellite Sentinel-1A lancé avec succès de Kourou doit permettre aux Européens de mieux comprendre les changements climatiques.
C’était dans la nuit de jeudi à vendredi dernier à 23h02 heure de Paris une fusée Soyouz a décollé du port spatial de l’Europe à Kourou en Guyane française. C’était d’ailleurs la 7è fois qu’une fusée russe partait du sol français. 118 secondes plus tard les ingénieurs au sol enregistraient la séparation du 1er étage du lanceur. L’éjection de la coiffe intervenait à plus 209 secondes, celle du 2è étage à plus 287 secondes. Après avoir fonctionné 617 secondes l’étage supérieur Frégate a placé le satellite Sentinel 1A sur une orbite héliosynchrone à 693 km d’altitude, exactement comme prévu.
Sentinel 1A est un petit satellite de 2 150kg mais cela ne l’empêche pas d’être super performant. D’ici 3 mois environ ( il faut le temps de recetter la machine comme disent nos amis ingénieurs), le satellite pourra envoyer des informations concernant le climat de la terre et des mers. Des stations sol réparties dans le monde entier les recevront. Le secret de Sentinel 1A est son puissant radar à synthèse d’ouverture. Ce satellite est capable d’envoyer de jour comme de nuit des images de la surface de notre planète et cela quelles que soient les conditions météorologiques. Le radar C-Sar pour Circular synthetic aperture radar, construit par radar Airbus defence and space, a en effet la faculté de voir à travers les nuages, ce que ne faisait pas la génération précédente.
Ainsi l’Europe va accéder aux informations précises et immédiates dans le domaine du climat, de l’environnement et de la sécurité. Pourquoi la sécurité ? Parce que en cas de tsunami ou de tremblement de terre les images de Sentinel 1A seront disponibles en moins d’une heure, des images qui proviendront du continent européen mais aussi des mers qui l’entourent de même que du Canada et des régions polaires. Sentinel 1A est le premier élément d’une constellation de satellites d’observation de la Terre. Il sera bientôt suivi par son frère jumeau Sentinel 1B.
La quantité des données sera ainsi multipliée par 2, ce qui réjouit Folker Liebig, le directeur des programmes d’observation de la Terre de l’ESA. « Nous aurons désormais, dit-il, une source d’informations extrêmement précise pour effectuer des prévisions météorologiques qui concernent des millions d’Européens et nous saurons ainsi mieux gérer les catastrophes climatiques. » Une subtilité encore pour Sentinel 1A, il est capable par un système laser d’envoyer ses informations à d’autres satellites géostationnaires européens dans le cas où aucune station au sol ne serait capable de les transmettre. Ainsi notre satellite invente l’information continue en matière de météo.
L’agence spatiale européenne compte vendre ses informations à des services privés. On sait que la météo est particulièrement importante dans les domaines des travaux publics ou de l’agriculture. C’est un véritable service à la carte qui pourra être proposé très rapidement. En 2030, l’ESA prévoit un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros et 50 000 nouveaux emplois dans ce secteur. Nous verrons bien, mais ces chiffres interpellent néanmoins.
Revenons d’un mot à Kourou où Jean-Yves Le Gall le président du CNES a souligné que le port spatial de l’Europe avait réussi 2 lancements en moins de 12 jours. Il y a eu d’abord une Ariane 5 puis la 7è fusée Soyouz totalement différente dans sa conception, Jean-Yves Le Gall en a profité pour donner un coup de chapeau à l’industrie russe et notamment à Roscosmos. A Kourou apparemment, l’Ukraine n’était pas d’actualité.
Un mot encore d’Arianespace qui revendique, à l’occasion de ces derniers lancements, le 50è lancement d’un satellite d’observation de la Terre au sens large et 9 autres missions à venir qui sont déjà dans les carnets de commandes. Après Ariane 5 et Soyouz c’est la petite fusée italienne Vega, qui fait partie du portefeuille des lanceurs d’Arianespace, qui va mettre en orbite un des satellites Sentinel. Il faudra aussi lancer quelques-uns des 14 satellites de la galaxie Galiléo. Un programme européen ambitieux destiné à contrer le système de GPS américain. Programme qui a pris énormément de retard mais qui finira bien par se faire. La règle maintes fois répétée de l’Europe n’est-elle pas d’avoir en permanence un accès indépendant à l’espace ?
Côté couverture médiatique, j’ai eu la divine surprise d’entendre dès le vendredi matin sur France Inter dans la tranche d’Eric Delvaux et de sa camarade belge, un peu insolente, Charline, le reportage sur le lancement de Sentinel 1A. Nos deux compères présentent chaque matin à 5h40 le journal de l’Outre-Mer. L’information était parfaitement rapportée avec même le son du décollage de Soyouz et les paroles du directeur des opérations qui nous annonçait : « Décollage, tous les paramètres sont normaux… » ce qui suffirait à montrer qu’il est primordial pour un journaliste féru d’espace de se réveiller tôt !
Gérard Jouany – AeroMorning
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