C’était il y a 40 ans, un 21 janvier, que deux exemplaires de l’avion supersonique franco-britannique Concorde quittaient Londres pour rejoindre Bahreïn, tandis que le second s’envolait de Paris pour Rio de Janeiro. C’était l’aboutissement d’un programme qui a fait rêver plus d’une génération d’ingénieurs, de pilotes et bien évidemment le grand public qui espérait un jour pouvoir emprunter les lignes sur lesquelles ils étaient en service.
Malheureusement, nous n’allons pas ici refaire l’histoire, le Concorde, prémice d’une Europe aéronautique, qui avait à l’origine du programme reçu jusqu’à 74 commandes fermes et optionnelles de la part de seize compagnies aériennes, dont huit nord-américaines. A la vitesse supersonique un tel appareil consommait beaucoup ce qui fut rédhibitoire face à la première crise du pétrole. De plus l’appareil faisait de l’ombre aux avionneurs américains notamment Boeing. Au fur et à mesure de l’avancement du programme, les annulations sont venues ternir ce programme d’avion supersonique qui restera néanmoins dans les annales comme un succès complet. Un seul appareil était venu le concurrencer : le Tupolev Tu-144 soviétique qui a été abandonné après que son exemplaire de démonstration se soit écrasé en flammes au salon du Bourget de 1973. C’était sa seconde démonstration en vol… et la dernière.
A la lueur de tous ces événement, Concorde constitue donc un succès technologique même après le tragique accident qu’il a connu en juillet 2000 enlevant la vie à 113 personnes. Car c’est le seul accident fatal que l’appareil a connu en 27 ans de service commercial.
Seuls 20 appareils ont au final été construits dont 6 ont servi pour le développement et 14 pour les vols commerciaux. Leur vitesse de croisière s’établissait alors à 2,02.
En est-ce donc fini de l’avion supersonique commercial ? Que nenni. De nombreux projets ont été lancés durant la vie de Concorde et depuis sa mise à la retraite. Car on ne peut empêcher les ingénieurs passionnés, les industriels cherchant à élargir leurs parts de marché, les voyageurs pressés de vouloir emprunter des moyens de transport de plus en plus rapides.
Nous en avons fait état il y a quelques mois, Airbus Group n’est pas le dernier à réfléchir au futur. Et dans le domaine du supersonique il s’est même allié à l’Américain Aerion dans son projet d’avion supersonique. Mais cette fois il s’agit non pas d’un appareil à vocation commerciale mais d’un avion privé capable de transporter une douzaine de passagers à une vitesse un tout petit peu inférieure à celle qui prévalait pour Concorde.
De son côté l’Onera, qui pourtant passe par une période financièrement très difficile, s’intéresse aussi aux avions futurs et a dévoilé ces derniers mois de très beaux projets futuristes dont le concept Nova présenté au salon du Bourget. Mais cet avion à fuselage ovoïde n’est pas supersonique. Nul doute cependant qu’en interne le sujet n’est pas absent.
Chez Dassault qui avait annoncé s’intéresser au sujet d’un avion d’affaires supersonique, il semble que rien ne bouge même si une veille technologique est toujours a minima active afin de ne pas se laisser distancer.
L’avenir de l’avion supersonique semble pourtant se porter vers les avions d’affaires.
Dans ce domaine, on retrouve une entreprise américaine Spike Aerospace qui dit développer un avion supersonique, le S-512. Lequel a d’ailleurs engagé un partenariat avec l’Espagnol Aeronnova pour ses compétences dans le domaine de l’analyse structurale.
Et, au-delà des études qui sont conduites par la Darpa américaine, on retrouve des initiatives telles que celle lancée par HyperMach avec son projet SonicStar.
De l’avis des experts aéronautiques, il faudra encore du temps avant qu’un réel successeur du Concorde arrive sur le marché avec une offre commerciale digne de ce nom. A savoir un avion capable de transporter plus de 100 passagers à plus de Mach 2.
Pour autant devrons attendre à nouveau 40 ans pour connaître ce nouveau défis aéronautique ? Coût du baril de pétrole, considération écologique avec le « bang » qui perturbe notre ouïe, pollution … autant de sujets qui sont sur la planche de bien des programmes aéronautiques communautaires actuels tels que Clean Sky ou encore Sesar. L’avenir seul nous le dira.
Nicole Beauclair pour AeroMorning
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