Accompagné de la ministre des Armées et des Anciens combattants, le président de la République a inauguré hier les installations du Commandement de l’espace (CDE) à Toulouse. Il a profité de cette occasion pour présenter la nouvelle stratégie nationale spatiale, à l’heure où les enjeux de défense, de souveraineté et de sécurité liés au domaine spatial sont plus que jamais d’actualité.
« La guerre d’aujourd’hui se joue déjà dans l’espace et la guerre de demain commencera dans l’espace », a déclaré le président de la République à Toulouse, au siège du Commandement de l’espace (CDE). C’est au cœur de la capitale française et européenne des activités spatiales que s’est installé le CDE, dans des installations inaugurées par Emmanuel Macron, en présence de la ministre des Armées et des Anciens combattant, Catherine Vautrin, mercredi 12 novembre. Ces dernières se veulent être un véritable outil de combat dans un contexte marqué par la croissance des menaces dans l’espace et de la contestation des intérêts spatiaux. Les défendre sont au cœur des missions du CDE, dirigé par le général Vincent Chusseau.
Parmi celles-ci : l’accélération de la mise en œuvre de modes d’action à l’encontre des capacités spatiales adverses. « Nous vivons l’espionnage, par exemple par la Russie, de nos satellites par des vaisseaux patrouilleurs, les brouillages massifs des signaux GPS, les attaques cyber contre nos infrastructures spatiales, les essais de missiles antisatellites, le développement d’armes antisatellites (…) et même la menace russe, particulièrement choquante d’armes nucléaires dans l’espace », a détaillé le président de la République. Pour répondre à ces défis, il a annoncé une enveloppe supplémentaire de 4,2 milliards d’euros, qui viennent s’ajouter aux 6 milliards déjà prévus pour le spatial militaire d’ici 2030, dans le cadre de l’actualisation de la loi de programmation militaire. Cette nouvelle stratégie globale (militaire et civile), dont une partie restera classifiée, s’appuie sur cinq piliers : accès autonome à l’espace, industrie, spatial de défense, exploration spatiale et coopérations.
L’augmentation des menaces en orbite
La création du CDE en 2019 avait été décidée suite aux tentatives d’espionnage d’un satellite franco-italien, Athena-Fidus, par un satellite russe. Un épisode décisif dans la consolidation de la défense spatiale française. Cette même année, l’Otan reconnaissait l’espace comme un cinquième milieu d’opération. Depuis, les cinq dernières années ont vu la prolifération des satellites espions et des cybermenaces. Le nombre de satellites actifs en orbite a cru de plus de 440 %, passant de 2 200 satellites actifs à environ 13 000 entre 2019 et 2025, dont près de 60 % appartiennent à la seule société Starlink. Cette augmentation, qui va se poursuivre, induit un risque direct de congestion de l’espace, notamment à cause des débris laissés par les engins. Ces évolutions ont été accompagnées de recompositions géopolitiques, la polarisation des relations internationales et la mise à l’épreuve d’alliances historiques. Le CDE, à vocation interarmées, a pour missions principales d’identifier et de neutraliser les menaces, de suivre les débris en orbite, ainsi que la réalisation d’opérations spatiales militaires. Il concourt directement à la liberté d’accès et d’action depuis et vers l’espace.
L’écosystème spatial français
L’inauguration des installations du CDE constitue un jalon essentiel dans sa montée en puissance opérationnelle, six ans après sa création. Nichées sur la toute nouvelle base aérienne (BA) 101, première base aérienne à vocation spatiale à Toulouse, leur localisation est stratégique. La BA, inaugurée en juillet dernier, incarne la mission stratégique de l’Armée de l’air et de l’espace confiée au CDE : protéger et défendre les intérêts français en orbite. Au sein de cette emprise unique, les objectifs sont de rallier les unités du CDE dans l’écosystème spatial français, de favoriser les synergies avec le Centre national d’études spatiales et le NATO Space COe de l’Alliance dont les installations sont voisines.
Le bâtiment flambant neuf accueillera à terme la majorité du personnel du CDE, soit 500 personnes. Mené sous l’égide du Service d’infrastructure de la Défense, le chantier a débuté en janvier 2024 et s’est achevé sous des délais très brefs 21 mois plus tard.
Source: Ministère des Armées










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